Déclenchée à coups de tweets et de déclarations martiales, la guerre commerciale de Trump promettait de redonner sa grandeur aux USA. Mais le conflit s’est vite transformé en farce bureaucratique.
Quelle guerre glorieuse, éclatante, étourdissante ! Tant qu’elle a duré…
La « grande guerre commerciale » a été déclenchée par Donald J. Trump, à grands coups de klaxons et de drapeaux agités. Nous avons connu le frisson d’une bataille, mais sans cadavres. L’excitation d’une cause nationale digne de ce nom, le bien contre le mal… la vérité contre le mensonge… et tout ce que nous avions à perdre, c’était de l’argent.
La guerre commerciale était annoncée comme celle qui mettrait fin à toutes les guerres commerciales… avec un Jour de Libération qui devait marquer le début d’une nouvelle ère d’or pour les Etats-Unis. Désormais, les règles du jeu seraient les mêmes pour tous… et les Américains seraient à nouveau les grands gagnants.
Nous avons imaginé l’ultime victoire – sur la Chine, l’Europe, le Viêt Nam, qui avaient « arnaqué » les Etats-Unis pendant des décennies.
Et puis un grand défilé de la victoire, peut-être sur Broadway à Gary, dans l’Indiana…
Trump aurait très bien pu proclamer un « mission accomplie » sur le pont d’un cargo, filmé au ralenti au large de Long Beach, avant de remettre des médailles de la guerre commerciale à Pete Navarro et Scott Bessent.
Comme toutes les grandes guerres promises, celle-ci devait être brève, limpide et triomphale. « Les guerres commerciales sont faciles à gagner », avait assuré le président américain. Il n’aurait fallu que quelques semaines, pas plus, pour que l’adversaire plie, que le Fentanyl, les immigrés clandestins et les produits bon marché (et déloyaux !) cessent de franchir la frontière… et que les usines renaissent partout à travers le pays.
Mais la guerre commerciale a mal tourné, presque dès le premier jour. Les objectifs de la guerre n’ont jamais été clairs. S’agissait-il de stopper la drogue ? L’immigration ? De relancer l’industrie manufacturière ? D’augmenter les recettes fiscales ? Voulaient-ils réparer une injustice… ou simplement en tirer profit ?
Qu’ont-ils essayé de faire exactement ?
Au départ, les droits de douane semblaient être un objectif en soi. Ils devaient être « réciproques » et effacer de nombreuses années de commerce injuste et déséquilibré.
Mais à peine les navires apparus à l’horizon, les débarquements du « Jour de la Libération » ont été annulés. Une pause a été décrétée, laissant à l’ennemi une chance de « négocier ». Peut-être achèterait-il plus de chars et d’avions aux industries américaines ? Et, qui sait, peut-être que cela suffirait à mettre fin à la guerre ? On nous a même assuré qu’ils faisaient la queue pour embrasser l’arrière-train de Donald Trump… Etait-ce ça, le véritable objectif ?
Ils devaient, selon le président, signer un accord pour pouvoir accéder au marché américain. Mais ils y avaient déjà accès… et des accords existaient déjà, avec chacun d’eux. Etait-il question de faire passer la moyenne des droits de douane pondérés par les échanges de 2,2 % à 2,1 % ? « Non », a répondu Pete Navarro, le conseiller commercial. Même à zéro, cela ne mettrait pas fin à la guerre.
A bien y regarder, le véritable but semblait être de politiser entièrement le commerce… avec des « accords » placés sous le contrôle direct de Donald Trump.
Apple, Nvidia et d’autres ont vite compris le message. Et ils se sont alignés.
Désormais, ce sont les Américains qui lèchent les bottes du président.
CNN rapporte :
« Tout a commencé avec les iPhone, dont le prix devait plus que doubler à cause des droits de douane de 145 % imposés par Trump sur les importations chinoises. Mais Tim Cook, le P-DG d’Apple, a décroché son téléphone, appelé la Maison-Blanche… et obtenu un sursis, selon le New York Times.
D’autres entreprises ont vite compris la leçon. Les P-DG et les lobbyistes se sont empressés de venir plaider leur cause : leur maison aussi était en feu, et elle méritait qu’on y jette un peu d’eau.
Lundi, les patrons de Walmart, Target, Lowe’s et Home Depot se sont rendus à la Maison-Blanche pour parler des droits de douane… espérant capter l’attention du président.
‘Il n’y a qu’une seule personne qui peut vraiment accorder une exemption, et c’est le président’, a confié à Politico un représentant d’entreprise bien introduit auprès de l’administration Trump. ‘Si vous n’avez pas accès à l’oreille du président, ou si vous ne pouvez pas vous rendre à Mar-a-Lago et le convaincre en personne, vous êtes pour l’instant hors du jeu.' »
Le mardi suivant, lors d’une conférence de presse, Trump a assuré qu’il ne comptait pas se montrer dur avec les Chinois. Il allait être… « gentil ».
Pourquoi ?
Parce que, pendant que se déroulaient toutes ces tergiversations, une information inquiétante est parvenue à la Maison-Blanche. Les guerres commerciales entraînent une chute des cours des actions. Et les cours ne remontent que lorsque les investisseurs pensent que la guerre commerciale est finie.
Trump a insisté sur le fait qu’il « amenait la Chine et d’autres pays à la table des négociations ». Mais c’est maintenant Trump lui-même qui a besoin d’un accord.
Le négociateur s’est mis dans une position de perdant. Le seul moyen pour lui d’éviter l’effondrement du marché boursier est d’abandonner sa propre guerre commerciale.
Le Wall Street Journal explique :
« Une autre dure réalité, c’est que la Chine a vu clair dans le jeu de M. Trump… et semble avoir remporté cette manche. »
En résumé, la guerre est terminée. L’équipe Trump passe maintenant aux accords. Comme celui négocié avec le Canada et le Mexique lors du premier mandat : les échanges continueront… plus ou moins comme avant.
Et malgré ses rodomontades, c’est bien Trump qui devra, une fois encore, se plier en quatre.
1 commentaire
Trump Protectionniste était un infâme provocateur.
Trump Libre-échangiste couché, est totalement nul.
Alors quoi ? Trump n’est jamais bon? Comment a-t-il réussi à s’enrichir personnellement ?
Comment a-t-il réussi à parvenir au pouvoir aux USA ? Deux fois.
La première fois c’était pour rire. Sauf qu’il a retardé une guerre stupide contre la Russie.
Manifestement la seconde fois « Certains » ne rient plus.
Les peuples, Incertains, qui sont totalement nuls, vont attendre pour voir.
4 mois ce n’est pas 4 ans.