▪ L’avalanche de commentaires reçus suite à notre Chronique sur les salaires nous a ravi. Les réponses ont été vives… et distrayantes. Nous avons ri. Nous avons pleuré.
De nombreux lecteurs sont d’avis que nous avons accordé trop d’argent aux prêtres et pas assez aux prostituées. Nous sommes prêt à faire des compromis sur la question.
Quoi qu’il en soit, nous n’avons eu aucune plainte de la part de prostituées. De la part de docteurs, en revanche… Beaucoup nous ont écrit pour nous expliquer combien ils travaillent dur et à quel point ils seraient scandalisés s’ils gagnaient moins que les infirmières. Ils n’ont peut-être pas remarqué que nous écrivions au second degré. Mais quel plaisir, décider des salaires des autres !
"C’est l’article le plus idiot de toute l’Histoire des articles" |
Nous avons même reçu un courrier d’un ex-habitant de la Yougoslavie communiste qui avait participé à un comité chargé de fixer les salaires des diverses catégories d’emploi. Il en a été si dégoûté qu’il a émigré aux Etats-Unis.
Enfin, un lecteur a probablement parlé au nom de milliers d’autres en disant :
"C’est l’article le plus idiot de toute l’Histoire des articles".
Nous sommes trop modeste pour le croire. Mais si c’est vrai, c’est un succès ! Après tout, même Larry Summers et Paul Krugman écrivent des articles. Et des docteurs aussi ! Il est difficile de croire que nous puissions faire mieux qu’eux tous.
Mais assez sur ce sujet. Nous devons passer à d’autres choses…
… Des choses comme l’effondrement de toute l’économie mondiale !
▪ Tout part à vau-l’eau
Oui, ça semble être en chemin. Notre ami Hense Ellis résume :
"Une nouvelle récession mondiale a commencé. L’effondrement des prix des matières premières et le ralentissement des économies émergentes mèneront inévitablement à une chute sévère de l’investissement mondial et une nouvelle hausse du chômage. De plus, la récente liquidation boursière aggrave les choses en créant un effet richesse négatif qui provoquera l’effondrement de la consommation".
Un ami, l’économiste Richard Duncan, ajoute des détails :
"L’économie chinoise ralentit rapidement.
L’économie indienne est plus fragile qu’on le croit généralement.
Le plongeon des prix des matières premières fait beaucoup de dégâts.
La chute rapide des devises de marchés émergents est déstabilisante.
Le ralentissement du commerce mondial porte un coup aux profits des entreprises.
L’excès de capacité industrielle empire.
La qualité du crédit se détériore rapidement.
La disponibilité du crédit a commencé à s’assécher et va devenir bien plus serrée."
Duncan a également une théorie sur la raison de toutes ces choses — un manque d’"excès de liquidités". Cet excès de liquidité se manifeste généralement, plus familièrement, comme de la "dette". C’est le crédit injecté dans le système et qui n’est pas absorbé par l’économie "normale". C’est du moins une manière simple de décrire le phénomène.
Vendredi, nous avons montré de quelle manière cette liquidité est apparue dans le marché de la finance immobilière. A mesure que l’argent devenait plus facile à obtenir — grâce aux taux bas et à la titrisation galopante de la dette hypothécaire — les gens ont acheté plus de maisons à des prix de plus en plus élevés. Cela a fait grimper les prix des nantissements — les maisons –, ce qui a permis aux gens d’emprunter plus encore, et au secteur de construire plus et de vendre plus à des acheteurs plus marginaux (subprime). La dette et les valeurs ont fait la course à la hausse jusqu’à ce que les deux s’écroulent, en 2007-2008. Les prix des maisons ont chuté — et la dette immobilière avec. Aujourd’hui, en grande partie grâce à la bulle de la Fed, les niveaux de propriété immobilière sont de retour là où ils étaient il y a près d’un demi-siècle.
La dette étudiante, la dette automobile, la dette d’entreprise — toutes sont en route vers les problèmes |
Nous voyons à présent le même phénomène se produire dans d’autres secteurs. La dette étudiante, la dette automobile, la dette d’entreprise — toutes sont en route vers les problèmes.
▪ La dette cale… le crédit aussi
Par ailleurs, les pompes à crédit ne fonctionnent plus aussi bien que par le passé. La croissance des 20 ou 30 dernières années provenait largement — peut-être entièrement — de l’expansion du crédit. Les banques prêtaient. Les consommateurs, les entreprises et les gouvernements empruntaient. Bon nombre des commandes partaient vers les marchés en voie de développement, où les coûts étaient plus bas. Ces économies et leurs banques centrales se retrouvaient avec beaucoup de cash étranger, qui était réinvesti dans des actifs US.
Une quantité croissante de l’emprunt aux Etats-Unis a fini dans les réserves de changes étrangères (généralement en dollar) entre les mains des banques centrales étrangères. Que pouvaient-elles faire avec ? Acheter plus de dette gouvernementale américaine. Faire baisser les coûts d’emprunt US. Et rendre possible une nouvelle augmentation de la dette !
On pouvait donc suivre toute la fièvre de croissance simplement en observant les réserves de change étrangères. A mesure qu’elles grimpaient, de plus en plus de gens empruntaient et de plus en plus d’argent était disponible pour l’investissement.
Mais hélas… trois fois hélas… pour l’instant, ces réserves semblent avoir touché un sommet. Dolan :
"Les réserves de change des marchés émergents ont diminué de 500 milliards de dollars environ entre mi-2014 et la fin du premier trimestre 2015, selon les données du FMI, et c’est probablement loin d’être terminé.
Deutsche Bank estimait mardi que le sommet de près de deux décennies d’accumulation de réserves avait désormais été atteint, et que les banques centrales vont, d’ici la fin de l’année prochaine, se débarrasser de jusqu’à 1 500 milliards de dollars pour compenser les fuites de capitaux".
Bien entendu, comme nous l’avons dit hier, nous ne savons rien. Même sur ce point, nous avons des doutes. Mais il semble que la fin de ce cycle soit visible.
Soyez prudent.