La crise du coronavirus aggrave des tensions déjà vives – qui jouent sur un système prisonnier de ses propres contradictions.
Comme prévu, Shanghai a perdu 8% environ lors de la réouverture de ses marchés. Inutile d’épiloguer sur cette baisse, elle est normale – tout comme l’est l’intervention autoritaire, par la suite, du gouvernement chinois : il est là pour cela.
La Chine est un système où tout est faux. Toutes les valeurs sont fausses, depuis les salaires jusqu’au prix des logements en passant par les taux et la monnaie. La Chine s’enfonce dans un maillage de valeurs fausses comme le fit l’URSS en son temps – et c’est intenable sur la durée.
Le système chinois est condamné, car il est pris dans une formidable contradiction.
D’un côté, pour croître et ne pas tomber en faillite, il doit récupérer des devises et s’ouvrir sur l’extérieur, c’est son oxygène.
De l’autre côté, en s’ouvrant sur l’extérieur, il s’expose à la normalisation, à l’égalisation des valeurs domestiques et internationales sur tous les points.
Le choc sera terrible.
En route pour la dictature
La fermeture est interdite car elle asphyxie… mais l’ouverture fissure les valeurs intérieures, fragilise le pouvoir et les institutions. L’ouverture et la libéralisation étaient déjà finies depuis le dernier Congrès, mais ici, il va falloir régresser.
La ligne va être celle du raidissement autoritaire, des contrôles, voire de la répression. Le tout aussi bien en intérieur qu’en extérieur.
Le système est condamné. Question de temps maintenant. En attendant, Xi va s’enfoncer dans la dictature.
Ce qui est en jeu et en première priorité, donc, c’est : la légitimité de Xi et du Parti. Tout le reste n’est que billevesées occidentales.
L’alerte est chaude, et Xi a choisi le système du bouc émissaire.
Il rejette toute responsabilité et l’impute aux autorités locales ; pour en administrer la preuve les sanctions pleuvent.
C’est de la faute des autres… et en particulier des étrangers
Xi commence aussi depuis hier à désigner le comportement des Etats-Unis et des Occidentaux qui, au lieu d’aider son pays, le mettent en quarantaine, aggravant ainsi les difficultés économiques et mettant en danger la stabilité financière, selon lui.
Il va falloir arroser de crédit, ré-augmenter le levier, refaire un tour de fragilisation du crédit – bref, il va falloir rechuter et bétonner.
Attendez-vous à du tangage sur le change…
Les gouvernements étrangers, quant à eux, vont prendre des mesures de soutien et certainement surréagir. Tout cela va plaire aux marchés dans un premier temps, puis s’avérer nocif dans un second… mais nous n’en sommes pas encore là.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]