Augmenter les barrières douanières renchérit les importations ce qui ranime l’inflation et provoquerait une hausse des taux. Ce dont Trump ne veut surtout pas.
Nous avons commencé à vous en parler hier : comme nous l’avions prédit, le Donald a reculé.
M. Trump s’était rendu à Buenos Aires pour décider du sort du monde — c’est du moins ainsi qu’était présenté le face-à-face avec le président chinois, Xi Jinping.
Le président T. a fait d’un meilleur accord avec les Chinois une base de son gouvernement. Selon lui, les Chinois « arnaquent » les Etats-Unis… ils ont « injustes »… ils « profitent » des Américains.
Il pense que les Etats-Unis perdent des emplois et de la richesse au profit de la Chine parce que ses prédécesseurs ont fait de mauvaises affaires. En tant que champion de « l’art du deal », il est convaincu du pouvoir faire mieux.
2+2 = 5
Nous n’avons jamais compris cette stratégie — sinon en tant que divertissement. Mais comme le décrivait George Orwell dans un avenir dystopique : « si le dirigeant dit qu’un événement ne s’est jamais produit, eh bien, il ne s’est jamais produit. S’il dit que 2+2 = 5, eh bien… deux plus deux font cinq ».
Les taxes douanières baissent depuis au moins un demi-siècle et ne sont désormais plus qu’à 2% environ dans le monde. Ce n’est pas suffisant pour se mettre dans tous ses états… et a un effet d’approximativement zéro sur les emplois américains.
Quant aux barrières non-tarifaires (BNT), tous les pays en ont. Aux Etats-Unis, par exemple, le Pentagone n’achète pas forcément les meilleurs camions et les meilleures armes. De par la loi, il est obligé d' »acheter américain »… ce qui exclut de fait les produits étrangers.
Mais ces barrières — brevets, licences, restrictions à l’achat — nuisent autant aux pays qui les appliquent qu’à leurs concurrents.
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Votre correspondant a quelques connaissances personnelles en la matière.
En Argentine, on l’a empêché d’acheter du terrain… parce qu’il est étranger. Et dans plusieurs pays, il a dû intégrer des intervenants locaux afin de contourner les interdictions de propriété étrangère concernant la presse.
Votre correspondant s’en est-il allé gémir auprès de son représentant au Congrès, demandant aux autorités de « faire quelque chose » contre le pays en question ? Bien sûr que non.
Nous avons relevé nos défis étrangers au fur et à mesure que nous les rencontrions…
Certains bien, d’autres moins… certains profitables et d’autres, bien plus nombreux, infructueux…
La plupart du temps, lorsque les BNT étrangères se sont mis en travers de notre chemin, nous avons trouvé des moyens de les contourner… ou nous avons simplement tourné les talons. Nous n’en avons pas fait une affaire fédérale.
Fierté chinoise
Mais le président américain est d’avis qu’il faut en faire une affaire d’Etat… et qu’en tant que chef de l’Etat en question, il a le droit de dicter aux étrangers leur manière de conduire leurs activités.
Il a en outre menacé la Chine d’une guerre commerciale si elle ne se pliait pas à ses demandes.
Tel était le décor planté pour le duel « historique » de samedi. Il y avait trois issues possibles :
Les Chinois cèderaient-ils ? C’était peu probable. Ils ont leur propre Deep State à satisfaire… leur propre programme… et leur propre fierté.
Plus important, ils ont une pile de dette de 40 000 Mds$. Et ils ne peuvent rembourser cette dette qu’en vendant des produits aux Américains (et à d’autres).
Supprimez l’excédent commercial de 396 Mds$ de la Chine envers les Etats-Unis et l’économie chinoise s’effondrerait.
De toute façon, les problèmes de l’Amérique profonde — les salaire stagnent depuis 40 ans — pourraient-ils être résolus en effaçant le déficit ? Non. Absolument pas. Cela n’aiderait pas les personnes en question… au contraire, cela leur nuirait.
Le déficit provient du fait que la Chine fabrique des choses mieux et moins cher que les Etats-Unis (sinon les Américains ne les achèteraient pas et il n’y aurait pas de déséquilibre commercial).
Etouffer le commerce chinois signifierait une hausse des prix pour les consommateurs américains, et un approvisionnement qui passerait par le Vietnam, le Mexique et d’autres producteurs à bas prix plutôt qu’aux Etats-Unis.
M. Trump appuierait-il sur l’accélérateur, rejouant la guerre commerciale désastreuse des années 1930 ?
C’était improbable, là encore.
Comme nous l’avons signalé, M. Trump a plus à perdre que quiconque. Une guerre commerciale ferait grimper les prix à la consommation US… et, indirectement, les taux d’intérêts américains.
La réputation de M. Trump, son économie et sa propre fortune dépendent de taux bas.
On proclame la victoire
C’est pour cela qu’il essaie déjà de forcer le président de la Fed, Jerome Powell, à ralentir son programme de resserrement. La semaine dernière, par exemple, il est monté d’un cran dans ses attaques contre la Fed :
« Ils font une erreur parce que j’ai des tripes, et mes tripes m’en disent plus parfois que le cerveau de n’importe qui…
… Pour l’instant, je ne suis même pas un tout petit peu content d’avoir choisi Jay. Même pas un tout petit peu. Je n’accuse personne mais je vous dis juste que je pense que la Fed est complètement à côté de la plaque dans ce qu’elle fait. Je ne suis pas d’accord avec la Fed. J’ai été transparent sur la question. Je pense que la Fed est un bien plus gros problème que la Chine. »
Si augmenter les taux était un tel problème, nous supposions que le président ne voudrait pas d’une véritable guerre commerciale.
Une augmentation des prix à l’importation signifierait rapidement une hausse des taux d’intérêt.
Nous avons donc prédit que le président T. proclamerait la victoire même sans concessions substantielles de la part des Chinois.
Et que s’est-il passé ?
Donald Trump et Xi Jinping se sont mis d’accord pour stopper l’imposition de nouvelles taxes douanières pendant 90 jours, le temps que les deux plus grandes économies de la planète négocient un accord plus durable.
Une guerre commerciale factice, en d’autres termes…