Les signes de ralentissement économique se multiplient et la récession pourrait rapidement arriver. Le sommet des marchés semble bel et bien derrière nous.
D’abord, un rapport de CNBC :
« L’emploi américain a augmenté de 177 000 en juin, selon un rapport, alors que les économistes interrogés par Thomson Reuters s’attendaient à un chiffre de 190 000. Juin a également marqué le quatrième mois consécutif où la croissance de l’emploi a été inférieure à 200 000. Cependant, l’emploi sur le mois précédent a été révisé à la hausse de 11 000, à 189 000. »
Parallèlement, les ventes au détail de février suggèrent la même chose : la baisse d’impôts a mené à une brève – et inopportune – fièvre dépensière. Elle est bel et bien terminée.
Les ventes au détail ont entamé un déclin sévère en décembre 2018 ; à présent, ajustées à l’inflation, elles sont de retour à leur niveau de décembre 2017 – avant que la réduction fiscale ait été appliquée.
Sortie de notre drapeau d’alerte au krach
Les ventes au détail sont un bon indicateur de la quantité d’argent que les consommateurs ont à dépenser. Qui plus est, les chiffres sont bruts – c’est-à-dire sans « ajustement » saisonnier ou autre.
Cependant, les données quotidiennes, même associées à nos intuitions, ne sont pas fiables.
De temps à autre, ces cinq dernières années, nous étions convaincu qu’un krach était imminent. Nous hissions alors notre drapeau d’Alerte au Krach noir et bleu au-dessus de nos bureaux de Baltimore.
Mais lorsque, finalement, le krach n’avait pas lieu, nous devions – un peu embarrassé – baisser pavillon. Le drapeau était si usé, à force, que nous avons décidé de tenter une approche différente, plus scientifique. Nous nous sommes donc tourné vers notre service de recherches, mené par Joe Withrow.
« Faites des calculs », avons-nous demandé. « Des calculs, encore des calculs, toujours des calculs. Allez-y jusqu’au bout. Elaborez un Indice de la Catastrophe, en suivant une méthode ordonnée et méthodique. »
Quelques heures plus tard, Joe avait les choses bien en main.
Voici ce qu’il a à nous dire en ce moment :
Bill – juste pour information… L’Indice de la Catastrophe se rapproche rapidement du « 8 » – notre niveau d’alerte au krach.
Nous avons atteint le « 7 » assez rapidement lors de nos dernières mesures, au fil de l’arrivée des diverses données. Je ne crois pas que nous en ayons parlé aux lecteurs, mais en coulisses nous étions sur les nerfs en attendant la publication des chiffres mensuels sur les permis de construire. Ce rapport faisait la différence entre le statut « extrême prudence » et le fait de hisser le pavillon d’Alerte au Krach.
Lorsqu’ils sont enfin arrivés, les chiffres des permis de construire montraient une activité étonnamment solide. Le drapeau a pu rester au placard un trimestre de plus. Mais il est peut-être temps de l’épousseter…
Nous n’aurons pas les derniers chiffres nécessaires avant quelques semaines, mais nous voyons des tendances troublantes.
Si l’on regarde l’économie « réelle », l’indice manufacturier ISM s’est effondré de 18% sur les 14 derniers mois… dont une chute de 4% depuis le début 2019. Cela nous dit que l’activité manufacturière ralentit notablement aux Etats-Unis. L’utilisation des wagons ferroviaires a chuté de 12% depuis le T3 2018, confirmant le ralentissement.
Qui plus est, le total des emplois non-agricoles a plus chuté ce trimestre qu’aucun autre jamais enregistré depuis 1998… date où nous avons commencé nos tests rétroactifs pour l’Indice de la Catastrophe.
En d’autres termes, l’activité économique réelle patine.
Déferlante de dette de 1 000 Mds$
Joe continue :
Passons aux marchés du crédit : nous avons enregistré le plus haut ratio de rétrogradation des obligations d’entreprises (par rapport aux améliorations) ce trimestre que durant tout autre depuis le T2 2009 – lorsque la poussière a commencé à retomber sur la crise financière.
En fait, 233 obligations d’entreprises ont été rétrogradées pour l’instant cette année, dont 135 en junk bonds. Il n’y a eu que 106 notes augmentées, par comparaison – le signe que le marché obligataire est en train de craquer.
C’est particulièrement important en ce moment, parce qu’un tsunami à 1 000 Mds$ de dollars se prépare sur les junk bonds…
1 000 Mds$ de junk bonds vont arriver à échéance sur les cinq prochaines années – des sommes dues par des entreprises déjà fragiles. Le ratio de rétrogradation obligataire nous dit que ces entreprises sont en train de devenir plus fragiles encore.
Jamais elles ne parviendront à rembourser entièrement cette masse de 1 000 Mds$ – ce qui signifie qu’elles devront verrouiller des termes de refinancement favorables… ou bien mettre la clé sous la porte. Une telle vague de faillites enverrait une onde de choc dans le système financier, engendrant une contraction majeure du crédit… ce qui mènerait à la prochaine récession.
C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles la Fed a fait volte-face sur les taux d’intérêt. Plus les taux grimpent, plus cette vague de faillites devient probable. Comme nous l’avons suggéré à de nombreuses reprises, la prochaine manœuvre de la Fed a plus de chances d’être une baisse qu’une hausse des taux.
Mais il est trop tard…
En commettant l’Erreur n°2 – augmenter les taux rapidement après les avoir maintenus à un niveau anormalement bas – la Fed a causé l’aplatissement de la courbe des rendements des bons du Trésor US.
Le spread (écart) entre les taux d’intérêts à long terme et les taux d’intérêts à court terme s’est radicalement réduit… et c’est le signe de problèmes à venir.
La courbe des rendements est désormais à 13 points de base d’une inversion – lorsque les taux courts dépassent les taux longs. Historiquement, quand cela se produit, une récession suit.
A présent, si l’on regarde deux courbes de rendements moins suivies – celles du 5-ans/3-ans et celles du 5-ans/2-ans – on constate qu’elles se sont déjà inversées. C’est de mauvais augure…
Et cela fait des ravages dans le secteur financier. Les valeurs bancaires sont en chute libre. Le Dow Jones US Banks Index a perdu 9% il y a deux semaines.
Il n’y a pas de raison unique à cette évolution, mais la courbe des rendements est un facteur majeur. Pour simplifier grossièrement les choses : les banques empruntent de l’argent à taux court… le prêtent à taux long… et empochent la différence.
S’il n’y a pas de différence à empocher, les prêts s’assécheront.
Cela aussi contribuera à déclencher la prochaine récession.
La prochaine récession arrive vite
Il semble donc que la prochaine récession sera vite sur nous. Si je me base sur les premières données en ma possession, il semble que l’Indice de la Catastrophe atteindra le « 8 » dès ce trimestre.
Cela ne signifie pas forcément qu’un krach boursier soit imminent. Lors de nos tests rétroactifs, l’Indice de la Catastrophe a sonné l’Alerte au Krach plusieurs trimestres trop tôt en 2007.
Il se pourrait cependant que ce marché haussier ait connu son sommet en septembre dernier, et que l’Indice de la Catastrophe avertisse d’un plus grand krach à venir.
C’est ce qu’il s’est produit pour nos tests rétroactifs aux alentours du krach des dot.com. Les actions étaient proches de leur sommet en août 2000, et elles avaient déjà perdu 6% lorsque l’Indice de la Catastrophe a touché le « 8 » au troisième trimestre. Mais suite à cela, le S&P 500 a perdu 45% de plus – ruinant de nombreux investisseurs au passage.
Par conséquent, il pourrait être utile de prévenir nos lecteurs à l’avance, avant la prochaine mesure officielle de l’Indice de la Catastrophe dans quelques semaines… Le drapeau d’Alerte au Krach, tout déchiré, sera hissé à nouveau.
Voilà, cher lecteur : selon Joe, il est temps de s’inquiéter.
1 commentaire
Un back test ne remontant que jusqu’à 1998 (sur cette période il n’y a eu que deux récessions aux USA) n’a aucune valeur scientifique