** Toutes les bulles finissent par des krachs… et par des arrestations spectaculaires.
* Deux gestionnaires de hedge fund ont été arrêtés la semaine dernière. Apparemment, les deux employés de Bear Stearns auraient trompé des clients.
* Arrêtez ! Nous allons finir par nous rompre les côtes, à force de rire…
* Tromper des clients ? Mais qu’est-ce qu’un hedge fund — sinon un moyen pour l’industrie financière de prendre l’argent d’investisseurs qui ne savent pas calculer. Inutile de tromper qui que ce soit — en fait, rien que le nom des fonds hurle littéralement : "DITES ADIEU A VOTRE ARGENT, SINON TOUT DE SUITE, ALORS PLUS TARD".
* Imaginez par exemple que vous ayez investi de l’argent dans le fonds qui affirme vous offrir "un effet de levier surmultiplié" grâce à "des stratégies de crédit structuré". A présent, imaginez que vous lisez dans les journaux que les prix des maisons baissent… et que les prêts subprime rendent l’âme. Vous ne pouvez pas en déduire que deux et deux font quatre ? Elémentaire, non ? Et pourtant, c’est bien là le problème : les gens qui investissent dans des fonds de couverture ne savent pas calculer. Les gestionnaires n’ont pas eu à les tromper. Il leur a suffi de se taire… ce qu’ils ont fait.
* Mais c’est ainsi que les bulles se terminent… dans les pertes… dans la colère… et en prison. Les perdants pensent toujours qu’il faut accuser quelqu’un d’autre. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, ils trouvent un PDG, un spéculateur ou un gestionnaire de fonds à faire grimper sur l’échafaud.
** Gardons cela en mémoire, et continuons notre passage en revue des marchés.
* Regardez ça : "l’inflation est désormais l’ennemi numéro un, pour la Fed", déclare le Wall Street Journal. Ce genre de mode de pensée a fait grimper l’or la semaine dernière. L’once est repassée au-dessus des 900 $. L’une des grandes huiles de Schroder Investment Management a déclaré qu’il pensait que l’or pourrait passer les 5 000 $ avant que cette épidémie d’inflation ne se termine. Certains le voient même à 8 500 $.
* 5 000 $, 8 500 $ ? Qui sait. Mais les pauvres scribouillards du Wall Street Journal sont à côté de la plaque. Aucune banque centrale ne maintient ses taux 2,2% sous le niveau d’inflation des prix à la consommation si elle lutte vraiment contre l’inflation. L’ennemi Numero Uno ? Que s’imaginent-ils ? Tous les canons de la Fed sont tournés contre la déflation, non l’inflation. Bien sûr, on parle de virage à 180 degrés… de changer de côté dans la bataille entre l’inflation et la déflation. Mais pour l’instant, ce ne sont que des mots.
* Les mots ne valent pas grand’chose. L’action, par contre, coûte cher. Et l’action que la Fed doit mettre en place — augmenter les taux — sera potentiellement si coûteuse pour l’économie américaine boiteuse que Bernanke & co. ont peur de se lancer. Ils espèrent que l’inflation disparaîtra pour qu’ils puissent continuer à lutter contre le ralentissement sans avoir à se soucier de protéger leur flanc. Selon toute probabilité, ils feront un geste pour augmenter les taux — d’un quart de point, peut-être. Ensuite, quand la foule commencera à réclamer sa tête, Ben Bernanke les baissera une nouvelle fois.
* Henry Paulson n’arrête pas de bavasser sur le dollar fort. La semaine dernière, il a fait une recommandation contradictoire : les Chinois devraient laisser grimper leur devise (et chuter le dollar).
* Le problème, pour les Chinois, c’est qu’ils ont trop de dollars, fournis par la Fed, tandis que les Américains n’en ont pas assez. Aux Etats-Unis, le ménage moyen a tout juste assez de dollars pour remplir son réservoir à essence et payer ses factures. L’Empire du Milieu, lui, est inondé de billets verts.
* Si vous ne faites pas attention, vous allez vous noyer, a déclaré Paulson — ou à peu près. L’économie chinoise continue de grimper et grimper. Mais ces dollars supplémentaires font augmenter les salaires et les prix en plus de l’économie. Et là, ô mystère, le prix des exportations chinoises grimpe aussi. Tout à coup, les prix grimpent partout dans le monde.
* Voilà pourquoi le Wall Street Journal pense que c’est aussi le principal problème de la Fed. Bien entendu, c’est un problème. Mais avec l’IPC officiellement à 4,2%, ce n’est plus l’ennemi numéro un. C’est peut-être l’Ennemi Numéro Deux. Plus probablement, elle restera là pendant encore quelque temps. Les Etats-Unis n’ont pas encore enregistré une grande chute de l’immobilier commercial… ou des dépenses de consommation. C’est probablement encore à venir… et cela donnera à la Fed une raison de continuer à mitrailler contre le ralentissement déflationniste. Les prix à la consommation continueront eux aussi à grimper. En fin de compte, ils atteindront de tels sommets que l’inflation deviendra vraiment l’Ennemi Numéro Un.
* A ce moment-là, le prix de l’or pourrait être 500 $ plus haut.