** Les grosses huiles du FMI ont appelé au secours cette semaine, en demandant plus d’intervention dans les marchés du crédit. Pourquoi ? Se pourrait-il que les généreux prêts que la Fed a accordés aux banques d’affaires n’aient pas amélioré la qualité des centaines de milliards de mauvaises dettes toujours visibles sur les bilans des banques d’affaires et des banques ?
– "Je pense vraiment que la nécessité d’une intervention publique est de plus en plus évidente", a dit Dominique Strauss-Kahn, directeur du FMI. Il a également dit qu’une "troisième ligne de défense" serait nécessaire pour renforcer la politique monétaire et fiscale. Les deux autres lignes ne tiennent pas.
– L’inflation les maltraite sur les marchés de l’alimentation et de l’énergie, tandis que la déflation continue ses attaques incessantes.
– Il est clair que les institutions d’après-guerre créées pour faciliter l’expansion des marchés mondiaux (le FMI, la Banque Mondiale, l’étalon-dollar) subissent une pression énorme (cela semble normal quand on sait que le principal outil de l’expansion mondiale n’est autre que le crédit… et que nous avons maintenant un marché baissier du crédit). Ce qui en revanche est moins évident, c’est ce qui va remplacer ces institutions de l’expansion — s’il est seulement possible de les remplacer.
– C’est une pensée effrayante mais parfaitement raisonnable. Pensez à l’économie mondiale comme à un système de systèmes. L’alimentation, le crédit, les transports, l’information… tous ces systèmes sont connectés entre eux et dépendants les uns des autres. L’énergie permet de les connecter.
– Avec l’augmentation du prix de l’énergie, les connexions subissent trop de pression et s’effilochent. Un monde dont l’énergie est plus chère est un monde moins connecté. Quand vous cessez de fournir de l’énergie bon marché à une économie, sa croissance globale ralentit, et la véritable croissance se fait plus isolée et plus sélective.
** Tout ce que vous utilisez (ou mangez) dans le monde demande de l’énergie. Quand les matières premières commencent à refléter l’augmentation du coût de l’énergie, leur prix augmente forcément. Le seul moyen d’y mettre un frein et d’équilibrer les coûts, c’est le marché, et le marché demande encore plus d’énergie. Il ne me semble pas impossible de voir les cours de l’énergie augmenter jusqu’à cinq fois le niveau actuel, voire plus. Et dans un délai de seulement cinq à dix ans.
– Serait-ce une bonne nouvelle pour quelqu’un ? En tous cas, certainement pas pour les consommateurs. Les producteurs de pétrole ? Voici un scoop : les grandes entreprises de pétrole avides et cotées en bourse ne contrôlent pas la majorité des réserves mondiales de pétrole (il est donc difficile pour les investisseurs en bourse de tirer des bénéfices de l’augmentation du prix sous-jacent). Les entreprises de pétrole nationales du Mexique, du Venezuela, de Russie et du Moyen-Orient possèdent les réserves mondiales de pétrole. Et vous ne pouvez pas acheter d’actions Vladimir Poutine Inc.
– C’est la raison pour laquelle nous pensons que le marché des alternatives au gaz et au pétrole est potentiellement lucratif. Vous pouvez réduire votre consommation d’énergie. Vous pouvez améliorer l’efficacité des appareils utilisant de l’énergie. Mais dans l’absolu, le monde va devoir diversifier ses sources d’énergie, ou se préparer à des temps difficiles.
– Et les temps difficiles sont peut-être proches, même s’il se produit une explosion de l’innovation dans le secteur de l’énergie. Durant deux cent ans, le prix des denrées alimentaires et de l’énergie a peu à peu baissé. C’est une tendance de long terme plutôt forte. Mais le vingtième siècle a commencé avec près d’un milliard et demi de personnes sur terre. Il s’est terminé avec six milliards. Depuis seulement 1961, la population a doublé.
– D’énormes augmentations de la productivité agricole (la Révolution Verte) et la relative stabilité d’une monnaie standard basée sur le dollar, plus un approvisionnement régulier d’énergie bon marché, ont rendu cette expansion mondiale possible. Aujourd’hui, l’argent et l’énergie deviennent tous les deux de plus en plus chers. Les ondes de choc qui résultent de cette augmentation se propagent rapidement. Et l’agriculture est l’un des premiers secteurs à être frappés.
– "Le Fonds international des Nations-Unies pour l’agriculture prédit que les émeutes causées par la nourriture vont se banaliser sur la scène mondiale pendant au moins un an. La Banque Mondiale annonce que 33 pays font actuellement face à des troubles liés à l’augmentation des prix des denrées alimentaires et de l’énergie", rapportait le Christian Science Monitor cette semaine. "Le gouvernement égyptien a annoncé que la police avait arrêté plus de 500 personnes à travers le pays suite à une grève nationale pour protester contre l’augmentation du prix de la nourriture", rapporte Bloomberg.
– Quelqu’un avait-il prévu que le monde ne cesserait de croître ? Ce manque de préparation s’exprime-t-il aujourd’hui à travers une augmentation des prix de l’énergie et des denrées alimentaires ? Ça m’en a bien l’air. Maintenant, on se demande ce qui va se passer ensuite…