En route vers l’inflation, la faillite et l’humiliation militaire…
Les Argentins se sont rendus aux urnes dimanche. L’enjeu était historique : un gouvernement démocratique peut-il réduire volontairement et pacifiquement l’ampleur de son propre pouvoir ? La « caste politique » peut-elle être mise au pas ?
Les lois et les réglementations sont généralement de plus en plus nombreuses, c’est rare qu’on les supprime. Reagan se disait « contre le Grand Gouvernement ». Trump a annoncé vouloir « assécher le marécage ». Ni l’un ni l’autre n’ont donné suite. Et pour autant que nous le sachions, la liberté individuelle n’a jamais pris le pas dans une démocratie.
C’est pourtant ce que Javier Milei, candidat à la présidentielle, promet aux Argentins. Et ses partisans pensent qu’il est assez fou pour le faire.
Mais, dimanche, Milei a subi un revers. Le LA Times rapporte :
« Le ministre de l’économie Sergio Massa est arrivé en tête de l’élection présidentielle argentine dimanche, face au populiste de droite Javier Milei, qui s’est engagé à réformer radicalement l’Etat. Ils disputeront le second tour le mois prochain. »
Sur plus de 97% bulletins dépouillés, Massa est arrivé en tête avec 36,6% des voix, et Milei 30%.
Le mur de la dette
Pendant ce temps, les hommes riches au nord de Richmond s’enrichissent chaque jour, deviennent de plus en plus puissants… et s’endettent davantage. Distraits par deux situations alarmantes – l’une en Ukraine, l’autre en Israël –, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il leur reste beaucoup de temps pour réfléchir à leurs propres problèmes.
La dette s’accumule à un rythme effréné. Il y a quelques semaines à peine, la dette fédérale américaine a franchi la barre des 33 000 milliards de dollars. Aujourd’hui, elle a dépassé les 33 500 milliards de dollars. Les 40 000 milliards de dollars ne sont plus très loin.
Markets Insider rapporte :
« La dette américaine augmente tellement vite que le gouvernement pourrait bientôt dépenser plus en paiements d’intérêts que pour la défense.
Les paiements d’intérêts pourraient bientôt dépasser les dépenses de défense, ce qui pourrait être une source d’inquiétude pour les décideurs politiques, le président Joe Biden s’étant engagé lundi à demander au Congrès un financement de plus de 100 milliards de dollars pour soutenir Israël et l’Ukraine.
La dette est au centre des préoccupations de Wall Street cette année, les législateurs étant parvenus à un accord de dernière minute pour relever le plafond de la dette de l’Etat en mai, et les obligations du Trésor subissant actuellement une déroute parmi les pires de l’histoire du marché. »
Des paiements d’intérêts qui dépassent les dépenses de la « défense » ?
S’adapter ou mourir
Nous aimerions présenter une idée. Les guerres se gagnent grâce à la puissance de feu, et non pas avec des slogans ou de la propagande. Mais la technologie évolue rapidement. Le développement de l’IA et des drones, par exemple, nécessitent la mise en place de nouvelles tactiques et de nouveaux équipements militaires. Une armée plus petite et moins expérimentée peut s’adapter plus rapidement.
Mais même en cas de recours à la brutalité, dépenser trop d’argent pour la puissance de feu peut être une erreur. La puissance de feu coûte de l’argent, et les dettes s’accumulent. Plus vous dépensez, moins il vous reste d’argent pour l’innovation et la croissance. Finalement, vous payez tellement d’argent pour la puissance de feu du passé (service de la dette, généraux à la retraite, prestations pour les anciens combattants, maintenance du matériel…) que vous disposez de moins de puissance de feu pour les conflits du présent.
Mais il n’est plus temps de s’en préoccuper ! Nous disposons d’une énorme industrie, qui vend de la puissance de feu, non seulement aux Etats-Unis, mais aussi aux gouvernements étrangers. Les fournisseurs d’armes ont tellement de membres du Congrès dans leurs poches qu’ils ont à peine la place d’y mettre leurs clés de voiture.
Comment peut-on « resserrer » le budget familial lorsque la maison est remplie de squatteurs ? Et malgré tous les discours sur le « resserrement » de la Fed, il convient de noter que la politique monétaire n’a jamais été très restrictive. Le taux d’intérêt sur les obligations américaines à 10 ans, après inflation, n’est que de 1% – la différence entre le rendement à 10 ans et l’IPC. Il s’agit d’une politique souple, et non pas restrictive. Traditionnellement, un emprunteur pouvait espérer un rendement réel de 2 à 4%.
Les républiques bananières
Pendant ce temps, la Fed est censée réduire la masse monétaire, en laissant expirer les obligations qu’elle détient. Le bilan de la Fed est passé de 8 900 milliards de dollars à 7 900 milliards de dollars. Ce n’est pas très impressionnant, surtout si l’on considère qu’il était inférieur à 1 000 milliards de dollars il y a tout juste 15 ans.
Il convient également de noter que les autorités fédérales ont fait passer le moteur de l’inflation de la politique monétaire à la politique budgétaire. Les taux d’intérêt ont augmenté… mais les déficits aussi. Depuis 2020, ils se sont creusés comme des feuilles de bananier.
Cette année, par exemple, l’économie est florissante – Janet Yellen et Joe Biden l’affirment tous deux. Pourtant, l’équipe Biden demande 100 milliards de dollars supplémentaires pour soutenir Israël et l’Ukraine. Le gouvernement fédéral est à la tête d’un déficit qui atteindra les 2 000 milliards de dollars cette année. Cela représente 4% du PIB – sur une année de plein emploi et de croissance positive du PIB. C’est médiocre et certainement pas digne d’une nation responsable, intelligente et honnête. L’Union européenne, par exemple, interdit expressément les déficits supérieurs à 3% du PIB.
Les déficits doivent être financés. Actuellement, les investisseurs sont prêts à fournir de l’argent. Ils ne sont pas habitués à obtenir 5% – garantis – sur leur épargne. Nous aussi, nous profitons de ces taux d’intérêt à court terme, en attendant l’inévitable catastrophe. Les taux d’inflation remonteront alors… et les investisseurs s’attendront à bénéficier d’un taux d’intérêt encore plus élevé, ce qui obligera les autorités fédérales à « imprimer » davantage d’argent.
Et ainsi, nous nous dirigeons vers le dénouement classique d’un grand empire – l’inflation, la faillite et l’humiliation militaire.