La Fed a agi pour assouplir sa politique monétaire – donnant ainsi un coup de pouce aux consommateurs américains, soutien de la croissance mondiale. Est-ce que ce sera suffisant ?
La baisse de 0,3% des ventes au détail US dont nous parlions vendredi pourrait être une aberration. La Fed a abaissé les taux à deux reprises cette année, et un autre abaissement au moins est prévu en fin d’année. Au mois de décembre 2018, les ventes au détail ont chuté de 1,2% après une baisse sur trois mois du marché actions et la crainte que la Fed s’acharne à ne pas abaisser les taux.
Nous savons désormais que cela n’a pas été le cas.
La Fed a fait marche arrière, et elle est passée du resserrement à l’assouplissement. Les banques centrales, partout dans le monde, lui ont emboîté le pas, espérant stimuler leurs économies avec un nouveau déluge d’argent pas cher.
La probabilité qu’un nouvel abaissement des taux intervienne, dans la foulée de la réunion du FOMC [NDLR : comité de politique monétaire de la Fed] du 30 octobre, était de 67% avant la publication du chiffre des ventes au détail de septembre. Cette probabilité a grimpé à 89% depuis.
Toutefois, nous sommes confrontés à des vents contraires différents en ce moment. Les données allant dans le sens d’un ralentissement économique s’accumulent dans le monde entier. Le dernier rapport semestriel du Fonds monétaire international (FMI) mentionne qu’une grande partie de ce ralentissement peut être attribuée aux guerres commerciales. Par conséquent, il révise les perspectives économiques à la baisse.
Pourtant, le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine n’est pas près d’être résolu une bonne fois pour toutes. Cette situation, qui s’accompagne d’une incertitude et de gros titres anxiogènes, pourrait inciter les consommateurs à resserrer les cordons de leur bourse.
Les consommateurs peuvent-ils maintenir ce rythme ?
Au mois de septembre, l’indice de confiance des consommateurs a chuté, lorsqu’il est apparu que les tarifs douaniers pourraient augmenter le coût de différents produits. La confiance a été plus faible qu’au cours des neuf mois précédents, et bien plus que prévu.
La composante « attentes » de l’indice de confiance indique que, par rapport au mois antérieur, les perspectives à court terme des consommateurs ont chuté de plus de 10% concernant les revenus des entreprises et la situation de l’emploi. Ce chiffre global de la confiance des consommateurs a grimpé une fois que les tensions de la guerre commerciale ont diminué quelque peu, mais cet effet de yo-yo demeure très réel et présent.
Un autre problème a été révélé dans l’enquête de la Fed concernant les entreprises (le « Beige Book ») publiée début novembre. Dans tout le pays, les entreprises s’inquiètent de l’impact de la guerre commerciale sur les ventes et les prix. La Fed remarque que dans les principales régions de la côte est des Etats-Unis, notamment Boston et New York, on constate des signes de ralentissement ou d’anémie de la croissance.
De plus, les spécialistes de la vente au détail ont publié des chiffres de vente variant d’une baisse de 6% à une hausse de 2%, par rapport à l’an dernier, et qui s’accompagnent de perspectives moins optimistes. Selon l’enquête de la Fed :
« L’un des détaillants remarque que même si la saison de Noël qui approche peut fournir une impulsion, il prévoit que la progression des ventes sera relativement faible en 2019 et au début de 2020 ».
Ces facteurs pèsent inévitablement sur la psychologie du consommateur américain, si ce n’est sur son porte-monnaie. Mais il suffit de peu de choses pour que le porte-monnaie suive l’angoisse des consommateurs, si elle s’installe. En outre, il est un peu injuste de supposer que les consommateurs américains puissent éternellement soutenir le monde entier.
Franchement, dans un contexte où l’incertitude s’accroît au sein de l’économie et des marchés, il est peut-être plus sage que les consommateurs réduisent leur endettement au lieu de dépenser plus que ne le permet leur budget.