Les autorités bluffent depuis des années – et pour l’instant, tout le monde y croit (ou fait semblant). Mais c’est en train de changer…
Je pressens, parce que je m’y attends depuis longtemps – depuis mars 2009 exactement –, qu’un jour prochain, une nouvelle phase de la crise va débuter.
Pourquoi mars 2009 ? Parce que c’est à ce moment-là que j’ai acquis la conviction que l’on ne traiterait pas la crise mais que l’on mentirait, que l’on s’enfoncerait dans le mensonge et dans le bluff.
Ce qui a été confirmé par un acteur de premier plan, un acteur central : Timothy Geithner, président de la Réserve fédérale de New York de 2003 à 2009… puis secrétaire au Trésor US sous Barack Obama, de 2009 à 2013.
Le livre de Geithner, Stress Test, explique bien qu’il s‘agissait d’un bluff, un bluff qui a pris… et que l’on n’a pas remis en cause, pas écorné, par la suite, trop heureux du miracle. On n’a pas sanctionné les banquiers défaillants et criminels pour ne pas ruiner le bluff.
Le grand mythe, l’invariant qui soutient tout le système, c’est celui de la toute-puissance et de l’omniscience des banquiers centraux.
Ils ne savent pas ce qu’ils font
J’annonce que ce grand mythe va sombrer. Ils ne savent pas ce qu’ils font. Ceci est vrai mais pas très important ; ce qui est important, c’est que cela va finir par se savoir !
Ils s’empêtrent dans les mystères qu’ils prétendent gérer et cela, jour après jour, fissure le socle de leur crédibilité. Les fissures sont multiples mais elles ne sont pas encore perçues par le grand nombre.
C’est la magie, le miracle de ce que l’on désigne sous le nom de confiance. La confiance, c’est un concept central en matière politique, sociale, économique, monétaire et financière, mais un concept que personne n’étudie. C’est une boîte noire. Opaque, qui n’est réductible à rien donc pas compréhensible.
Je conseille de lire le petit ouvrage d’Alain Peyrefitte, Le Mythe de Pénélope. C’est la meilleure réflexion que j’ai trouvée sur ce sujet.
La théorie de la communication ne peut rentrer dans le proprement humain. Elle glisse sans prise sur l’humain, elle passe à côté de la confiance, de la conviction, de la certitude, etc.
Ce bluff, je prétends qu’il ne peut fonctionner qu’une seule fois.
L’effet d’apprentissage existe. Les systèmes sont gouvernés par leur inconscient – c’est-à-dire par le non-su… or peu à peu, le savoir émerge.
La compréhension progresse
Ainsi on comprend maintenant le grand mystère des assouplissements quantitatifs. On sait ce que nous disons depuis 2010 : ce n’est pas de l’impression monétaire mais un simple échange, un swap. On sait que cela ne produit pas d’inflation, simplement un appétit pour le jeu qui ne concerne que les actifs financiers, la loterie et ainsi de suite.
On sait déjà beaucoup de choses… et on comprend maintenant pourquoi tout cela n’a jamais produit ni inflation ni hyperinflation, contrairement à ce que les génies de la monnaie orthodoxe, les Allemands, croyaient.
Encore un effort et les zozos vont découvrir que « l’économie », cela n’existe pas ; ce qui existe, c’est l’Homme. Ils vont aussi découvrir que l’apprentissage fait partie des facteurs à étudier, ainsi que la mémoire, comme l’avait compris il y a longtemps Maurice Allais.
En clair, cela marche tant que cela n’est ni su ni compris. On est agi par l’inconscient, mais une fois porté au grand jour, ce qui nous agit disparaît en tant que force; il passe à l’état conscient et le conscient, on peut agir dessus, le maîtriser.
La prochaine phase…
La prochaine phase ne sera pas une phase technique ; ce sera plutôt une phase que je qualifierais de cognitive.
Peu à peu la vague de scepticisme à l’égard de la politique des banques centrales va enfler. Elle va toucher de nouvelles couches de personnes, elle va gagner les médias, les gourous, elle va devenir à la mode… et peu à peu elle va devenir ce qu’on appelle en anglais « common knowledge » – c’est-à-dire une connaissance que non seulement tout le monde partage mais dont tout le monde sait que les autres la partagent.
On ne peut plus faire semblant de ne pas savoir !
Une connaissance qui est sue comme partagée – un peu comme les grands secrets de notre époque, « révélés » alors qu’ils étaient connus depuis longtemps : les mensonges d’Etat, les harcèlements type Weinstein, les pédophilies type Epstein, les corruptions politiques, etc.
Tout cela se sait, se savait, mais n’était ou n’est pas encore connaissance sue comme partagée par tout le monde.
La common knowledge n’est pas un savoir : c’est un statut supérieur du savoir qui fait que l’on ne peut plus y échapper. C’est donc un super-savoir qui produit enfin ses effets alors qu’avant il n’en produisait pas.
Cela change tout dans la situation actuelle, comme nous le verrons dès demain.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]