Une politique monétaire souple fait grimper les marchés et les gains, c’est bien connu. Malheureusement, c’est aussi une idée parfaitement fausse.
La Réserve fédérale et la BCE abandonnent le resserrement (ou la normalisation) de leurs politiques monétaires. Elles commencent une nouvelle série de réductions de taux.
Pourquoi ? Parce qu’elles ont échoué pendant 10 ans à essayer de remettre les économies sur les bons rails de la croissance saine, équilibrée, auto-entretenue.
Cela indique clairement que quelque chose dans l’économie a mal tourné. Les autorités ont peur.
La Réserve fédérale américaine a envoyé des signaux clairs : elle va bientôt assouplir sa politique monétaire. La BCE également ; les autres grandes banques centrales ont suivi.
Les marchés, véritables chiens de Pavlov, ont commencé à saliver, voire à baver : ils sont certains que « cela va monter » !
Ne perdez jamais de vue ceci qui est l’évidence mais qui est escamoté : s’il faut baisser les taux, c’est que cela va mal et que l’on craint que cela aille encore plus mal.
La baisse des taux, c’est le panonceau « attention danger » !
Il semble inconcevable aux investisseurs qu’un assouplissement de la part de la Réserve fédérale puisse être tout sauf positif pour les marchés financiers.
Une idée à corriger
Pourtant c’est faux. Rappelons que la Réserve fédérale américaine a commencé à réduire les taux d’intérêt au tout début de l’effondrement des marchés, entre 2000-2002 et en 2007-2009.
Cependant, l’assouplissement monétaire au cours de ces épisodes n’a pas permis de soutenir les actions. Les marchés se sont effondrés malgré les baisses de taux draconiennes. La Fed a assoupli de manière persistante et agressive tout au long de la baisse, en vain.
Faites donc très attention à ne pas présumer que « l’argent facile » signifie automatiquement « un marché en hausse ». Au lieu de cela, il faut savoir que la politique monétaire doit toujours être placée dans le contexte de la psychologie des investisseurs au moment où elle intervient.
Vous voyez, l’assouplissement de la Fed consiste à remplacer les obligations du Trésor, porteuses d’intérêts et détenues par les investisseurs, par des liquidités à taux zéro, qu’il faut détenir à tout moment.
Si les investisseurs sont enclins à la spéculation, disposer de liquidités à taux zéro les rend complètement fous. Elles leur brûlent les doigts.
Ces liquidités qui ne rapportent rien deviennent ainsi des patates chaudes, des mistigris : chaque détenteur tente de les échanger contre des titres plus risqués et plus spéculatifs qui offrent une apparence de rendement.
L’humeur des marchés peut tout changer
En bref, l’argent facile amplifie la spéculation… à la condition que les investisseurs soient déjà enclins à la spéculation. Si au contraire les investisseurs sont enclins à l’aversion pour le risque, des liquidités sûres et à faible taux d’intérêt sont bienvenues ; on les garde, on les stocke car on est frileux.
En conséquence, comme nous l’avons vu en 2000-2002 et 2007-2009, créer davantage de liquidités pour inciter au jeu, cela ne marche pas : les gens ont trop peur et, contrairement aux attentes, la politique monétaire assouplie n’encourage tout simplement pas la spéculation.
Retenez l’essentiel : la politique monétaire souple n’a qu’un objectif, c’est de vous faire prendre des risques. Cela simplement parce qu’il faut que le manège tourne, et on le fait tourner avec votre argent.
Et quand je dis votre argent, il s’agit du vôtre directement mais aussi, le plus souvent, indirectement, par vos caisses et organismes collectifs.
Le but de ces politiques monétaires était et est encore de vous faire prendre des risques pour que vous essayiez d’obtenir une rentabilité plus élevée pour votre épargne ou votre capital.
La politique monétaire d’assouplissement quantitatif et de taux zéro de la Réserve fédérale a neutralisé les limites historiques de la spéculation au cours des dernières années.
Prendre des risques, cela veut dire jouer. La baisse des taux sans risque, les taux négatifs, la planche à billets augmentant la masse d’argent à la recherche de rentabilité : tout cela, ce sont des incitations au jeu.
Incitations au jeu : entrez-vous cela dans la tête. Personne ne veut votre bien, on veut que vous sacrifiez.
1 commentaire
Tout est noir,l’épée de damocles au dessus de nos têtes….,quel bonheur que de vous lire,un régal,une bouffée d’optimisme,quand redeviendrez vous un peu sérieux,ça en devient lénifiant….