▪ Même s’il n’a pas tout à fait utilisé ces termes, le Chinois Wen Jiabao a dit aux Américains d’aller se faire voir. Lors d’une conférence de deux heures pendant laquelle il s’est inquiété de la suppression trop hâtive des plans de relance — qui risquerait d’engendrer un deuxième plongeon dans la crise mondiale — Wen s’est également défendu contre les accusations de manipulation de la devise chinoise. Défiant le consensus mondial, Wen a déclaré : "je ne crois pas que le yuan soit sous-évalué. Nous nous opposons aux pays qui se montrent du doigt les uns les autres et vont jusqu’à forcer un pays à faire monter sa devise".
Dans un monde où le taux de change est flottant, personne ne peut forcer une devise à augmenter. Si les gens ne veulent pas la détenir pour son rendement ou ses politiques monétaires et budgétaires solides, il est difficile de "forcer" une devise à grimper. Cependant, on peut dévaluer sa devise par la force en la vendant et en achetant d’autres devises. C’est exactement ce que la Chine fait depuis des années.
Pour être honnête, la manipulation monétaire de la Chine est une forme de relance économique. En liant sa devise au dollar US, la Chine s’engage dans une sorte de dévaluation perpétuelle. Elle préserve la compétitivité des prix des exportateurs chinois. Et plus important encore pour l’économie chinoise : quand le moteur de l’exportation ronfle, il maintient le taux d’emploi élevé, et assure ainsi le premier facteur de stabilité politique.
▪ Mais il ne fait aucun doute que la politique de la Chine coûte des emplois au monde occidental. Ceci dit, les Etats-Unis sont également de grands manipulateurs de devises. La Banque centrale établit les prix des devises et, de temps en temps, réfléchit à une manière d’empêcher le prix de l’or d’augmenter et d’exposer sa fraude fiduciaire.
Et les Etats-Unis sont le seul pays au monde à jouir du luxe de pouvoir rembourser ses dettes dans une devise que lui seul peut imprimer. C’est un privilège sans pareil dans l’économie mondiale. Les Etats-Unis jouissent de ce privilège depuis 1971 grâce à leur domination militaire et économique et, à un degré moindre, parce que le reste du monde avait besoin d’échanger avec une devise stable et que le dollar US, répondait (presque) à ces exigences.
Mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Et c’est la raison pour laquelle tout se délite. Les recettes fiscales américaines couvrent actuellement les frais de remboursement de la dette en cours. Mais si les rendements des bons à 10 ans basés sur le marché remontent au niveau atteint à la fin des années 1970, les frais de remboursement de la dette absorberaient près de la totalité des recettes fiscales actuelles.
Après ça, soyons réalistes, un gouvernement ne peut plus faire grand-chose. Imprimer de l’argent — et ainsi dévaluer radicalement sa devise — est la seule façon de s’en sortir (si vous n’adoptez pas les mêmes mesures d’austérité que la Grèce au niveau des dépenses — des mesures que personne en Amérique, au niveau gouvernemental, n’est prêt à adopter).
Evidemment, pendant ce temps, le désendettement des secteurs privés et des foyers (voyez la dette totale des marchés du crédit en 2009) nourrit la demande actuelle en dollars. Ça et la faiblesse du dollar. Tandis que ces tendances peuvent osciller un peu — ne soyez pas surpris de voir le rebond de l’euro à court terme sur le dollar — il est important de voir les mouvements des devises pour ce qu’ils sont. Et que sont-ils ?
Des chimères. Le super cycle de la devise papier prend fin. Les devises évoluent les unes en fonction des autres. Mais nous pensons que par rapport à l’or et aux choses concrètes, elles perdront toutes de la valeur. Le dollar est en mauvaise posture. Mais moins que l’euro en ce moment. Quant à la vodka et à l’or, ils sont en meilleure posture que le dollar.