▪ Voyons ce que nous disent les indices aujourd’hui. Les exportations chinoises ont augmenté de 17,8% au cours des douze derniers mois. Mais les importations de la Chine ont augmenté plus encore, de 56%. Les métaux de base, les métaux précieux et quasiment l’ensemble des matières premières ont grimpé grâce à cette hausse de la demande chinoise. Les nouveaux ETF pour le platine et le palladium ont nourri la demande d’investissement sur le thème des matières premières.
Mais voilà. Nous nous demandons si l’augmentation des prix (et des actions) des matières premières est liée à la précipitation dont font preuve les investisseurs chinois pour emprunter avant que leurs taux n’augmentent, afin d’engouffrer ensuite tout cet argent dans une catégorie d’actifs à rendement plus élevé. La Banque populaire de Chine a augmenté le rendement des Bons à trois mois pour la première fois depuis le mois d’août. Cela pourrait être le signal d’une politique monétaire plus serrée (anti-inflationniste) en Chine.
Pendant ce temps, pourtant, il semble que les Chinois achètent tout sauf du papier. Une telle stratégie fait penser à la fin de quelque chose, et non au début d’un nouveau rebond. Cela ne signifie peut-être pas que la bulle chinoise de l’immobilier et des actions explose en ce moment. Mais si la Banque centrale chinoise augmente ses taux, quelles en seront les conséquences involontaires ?
Eh bien… nous dirions que cela accélèrerait la sortie des capitaux chinois hors de l’immobilier et des actions chinoises — et leur entrée, du moins dans plusieurs exemples, dans les valeurs du secteur des matières premières en Australie.
Je vous l’accorde, l’arrivée au compte-gouttes d’argent chinois dans les actions et l’immobilier australien est très faible comparée à la croissance des prêts bancaires. Au cours de la première semaine du mois de janvier, les banques chinoises ont prêté pas moins de 88 milliards de dollars US. Mais sur la totalité de l’année dernière, le chiffre était encore plus important.
Les prêts des banques chinoises ont augmenté de plus de 1 350 milliards de dollars en 2009, selon Shaun Rein, de Forbes. La majeure partie de cet argent est allée aux actions. Et beaucoup a été alloué à l’immobilier à Shanghai et Pékin. La Chine s’est-elle "acheté" une bulle ? C’est une bonne question. Il y a un point important : les prêts sont basés sur de l’épargne, en Chine… l’argent n’est pas emprunté (méthode américaine).
▪ Etant donné les volumes de prêt, même une légère inquiétude concernant un resserrement de la politique monétaire ou un renouveau de l’inflation expliquerait un mouvement vers les matières premières et les actions des matières premières. Prenez par exemple le projet Tampakan sur le cuivre et l’or, dans les Philippines. Il contiendrait 2,4 milliards de tonnes (estimation), et pourrait produire près de 13,5 millions de tonnes de cuivre et 15,8 millions d’onces d’or, selon des études préalables de faisabilité.
Ce serait une jolie petite ressource sur laquelle mettre la main. Le projet est détenu conjointement, du moins jusqu’à cette semaine, par l’Australien Indophil Resources, et le géant mondial de l’extraction minière Xstrate, par le biais d’une détention majoritaire à travers une autre entreprise. Mais cette année, le Bureau australien de surveillance des investissements étrangers a approuvé l’acquisition d’Indophil par le Chinois Zijin Mining Group.
Zijin n’est pas un débutant. C’est le plus gros producteur d’or de Chine et le troisième plus gros producteur de cuivre. Son offre met la valeur d’Indophil (y compris sa part dans le projet) à 545 millions de dollars. La capitalisation boursière d’Indophil était avant-hier de 491,4 millions de dollars, selon Google Finance.
Pour être franc, nous ne savons pas du tout combien de temps le programme de rachat d’actifs de la Chine va durer, et s’il constitue simplement le dérivatif d’une mauvaise politique du crédit par la Banque populaire de Chine. Mais c’est certainement une meilleure politique que celle qui consiste à avoir une Banque centrale soutenant le marché des prêts hypothécaires via un assouplissement quantitatif. Dans un cas, on prend de l’argent réel pour acheter des actifs réels. Dans l’autre, on imprime de nouveaux billets sortis de nulle part pour acheter des actifs qui de toute façon, perdent de la valeur.
C’est pour ça que si vous comptez investir sur les marchés boursiers aux valorisations actuelles, au vu de la quantité de questions sur ce que 2010 nous réserve, il vaut mieux vous ranger du côté des matières premières, disposer des bonnes informations… et prendre quelques paris. Le seul avertissement que nous vous donnerons, c’est celui d’essayer d’anticiper ce que va faire la Chine. Si vous vous contentez de les suivre, même de très près, il est déjà trop tard.