▪ Bonne nouvelle. On est tous sauvés ! Le ratio dette publique-PIB de la Grèce sera abaissé à 124% d’ici 2020, selon les termes d’un nouvel accord signé entre la Grèce, ses créanciers et le Fonds monétaire international. La première étape de cet accord sera de réduire le ratio à 175% d’ici 2016. Si ces objectifs sont atteints, la Grèce verra sa dette allégée de 40 milliards d’euros.
Qui négocie au nom de la Grèce ? Ulysse ? Aussi rusé soit-il, il n’aurait pas pu faire mieux pour aider la Grèce à échapper à une série de catastrophes. Ainsi donc le « défaut-hellénique-qui-n’est-pas-un-défaut » bénéficie d’une rallonge de temps. A bien y réfléchir, peut-être que Schéhérazade fait aussi partie de l’équipe des négociateurs grecs.
Que peuvent faire les investisseurs de cela ? Pas grand-chose, du moins en termes de réduction réelle de la dette, nécessaire avant de pouvoir retrouver une réelle croissance en Europe, aux Etats-Unis et au Japon. Il faut liquider les mauvais investissements du boom du crédit — qu’ils soient dans l’immobilier, la dette publique ou toute autre bulle. Ce n’est qu’alors qu’on aura une réelle raison de se réjouir.
Toutefois, il est une leçon que nous aurions tous dû tirer : il n’y a pas de limite théorique à l’absurdité des efforts des banques centrales pour empêcher la déflation de la dette sur les marchés financiers. Elles refinanceront. Elles rééchelonneront. Elles restructureront. Et lorsque rien de tout cela n’aura fonctionné et qu’un défaut semblera inévitable, elles changeront de langage et l’appelleront d’une autre manière.
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Faillite de la Grèce, possibilités d’éclatement de la Zone euro, reprise de la récession…
… NOTRE SPECIALISTE AVAIT VU VENIR TOUT CELA
Aujourd’hui rien n’est réglé, et la France a — encore — été dégradée : que va-t-il se passer ensuite — et surtout comment vous y préparer ?
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Nous vivons dans un monde étrange, où de mauvaises pratiques financières n’entraînent absolument aucune conséquence.
Toutefois, tout le monde ne reste pas les bras ballants. Selon le gestionnaire de fonds Jeremy Grantham, le monde occidental riche, développé, endetté et inconscient se dirige vers une « croissance nulle ». Pour lui, la réponse des gouvernements au problème de la dette est un facteur contribuant de manière pérenne… à pas grand-chose. Dans sa lettre du troisième trimestre, il écrit :
« Le taux de croissance du PIB américain auquel nous sommes habitués depuis plus d’un siècle — à plus de 3% par an — n’est pas mis en attente du fait de simples contretemps. On ne le reverra plus jamais. Pourtant, la plupart des acteurs financiers (y compris la Fed) tablent sur un retour de la croissance économique à ses anciens taux ».
« En fait, la croissance du PIB des Etats-Unis (mesurée de façon conventionnelle) ne sera vraisemblablement que de 1,4% par an, et la croissance corrigée de l’inflation d’environ 0,9%.
La croissance démographique qui a connu un pic aux Etats-Unis à plus de 1,5% par an dans les années 1970 s’élèvera à moins de 0,5%. C’est un changement plutôt important dans la démographie. Après avoir ajusté à la baisse le taux d’heures travaillées, la charge annuelle totale de travail ne va sans doute atteindre que 0,2% par an ».
▪ Le marché obligataire est-il si attirant qu’il y paraît ?
Grantham a également « abandonné » le marché obligataire, selon le Financial Times. Cela inclut ses holdings regroupant des fonds sur des obligations d’Etat australiennes et néo-zélandaises à haut rendement. « Nous avons quasiment totalement abandonné le marché de la dette traditionnel », déclare Ben Inker, qui dirige la stratégie d’allocation d’actifs pour les 104 milliards de dollars de GMO dans des fonds sous gestion.
Le marché obligataire est devenu très prisé du fait de sa liquidité. Une pompe à rendements. Mais il y a de la place pour tous ceux qui veulent placer leur argent tout en essayant de deviner ce qu’il faut faire. Bien sûr, le problème est qu’un revenu fixe perd régulièrement de la valeur dans un environnement inflationniste. Si les quelque 15 000 milliards de dollars affichés dans le bilan des banques centrales arrivent un jour dans l’économie réelle, les obligations seraient un piège mortel.
Inker aime bien le Japon parce que c’est bon marché. Mais le grand problème est de savoir d’où viendront les bénéfices dans le futur. « Dans certaines régions, les actions semblent ostensiblement bon marché, par exemple en Europe, au Japon, dans les marchés émergents », observe-t-il. « Mais tout cela est basé sur le fait que les marges bénéficiaires actuelles dureront ; or, nous ne pensons pas qu’elles dureront, où que ce soit ».