Par Simone Wapler (*)
3 arguments pour une hausse de l’or
Nous pensons que la tendance haussière est loin d’être brisée pour trois raisons principales. Mais avant de les détailler, il faut admettre un postulat : le désordre monétaire mondial est tel que l’or va se remonétiser et apparaîtra comme le seul étalon de mesure fiable de la dérive des monnaies fiduciaires. Jusqu’à ce que tout rentre dans l’ordre.
– Aucune des raisons qui ont propulsé l’or jusqu’à 1 000 $ n’a disparu
L’argument peut-être le plus évident pour une poursuite de la hausse est que les raisons qui, en moins de quatre ans, ont poussé l’or de 400 $ à 930 $ l’once subsistent. Le réveil de l’or a commencé aux Etats-Unis.
Les Américains se méfient de leur propre monnaie. Les attentats de septembre 2001, qui s’ajoutaient au krach de la bulle des nouvelles technologies, ont montré la vulnérabilité de leur propre économie, donc du dollar. La baisse des taux de la banque centrale pour relancer la machine a accru cette méfiance. La hausse des taux, après le gonflement de la bulle immobilière, a conduit au désastre actuel. De 2001 à ce jour, les Américains n’ont pas cessé d’accumuler de l’or à titre de couverture contre leur propre monnaie. Ils ont moins confiance dans leur propre monnaie fiduciaire que les étrangers. Le SPDR Gold Shares ETF (l’émetteur de certificats dont nous avons parlé plus haut) détient autant d’or que la Banque suisse.
– La crise financière, loin d’être résorbée, va s’aggraver
Où en sommes-nous aujourd’hui après une série de faillites et de nationalisations — Bear Stearns, Lehman Brothers, Fannie Mae, Freddie Mac, AIG, General Motors, etc. ? Les dettes se sont déplacées, mais ne sont pas purgées. Aux Etats-Unis, l’Etat fédéral a endossé une partie des dettes des ménages, renfloué banques et compagnies d’assurance, aggravé son déficit en instaurant des plans de relance.
En Europe, les gouvernements ont aussi alourdi leurs déficits, jetant aux orties les critères de Maastricht. Les taux directeurs sont nuls, l’argent ne coûte pas cher. Mais les banques ne prêtent pas, faute d’emprunteurs solvables. La dernière expérience a été tentée : l’impression directe de papier-monnaie par les banques centrales, mesures non conventionnelles en jargon technocratique. Mais la machine économique ne redémarre pas. L’Islande a fait faillite. L’Irlande, l’Espagne, le Portugal, la Grande-Bretagne, la Californie : autant d’états en très grande difficulté. Le commerce mondial est en panne.
La crise actuelle est plus grave que celle de 1929 au vu de la chute de la production industrielle mondiale et des cours de Bourse (qui ne sont que l’anticipation des résultats futurs des entreprises). Le taux de chômage dans les pays de l’OCDE a dépassé 8,3%, niveau comparable à celui de la Grande Dépression si l’on appliquait les mêmes critères de mesure. Tous les signaux pointent non pas vers une amélioration mais vers une aggravation. L’agence de notation Moody’s s’attend à une flambée des taux de défaillance en Europe au quatrième trimestre. Outre-Atlantique, le taux de défaut est passé de 2,4% à 11% en un an et devrait dépasser 12% en fin d’année. En Europe, ce taux est passé de moins de 1% à 5,6% en un an et devrait atteindre 15%.
– L’or est un anti-dollar
Le monde développé réalise avec stupeur que l’endettement ne fait pas la croissance et que la monnaie dans laquelle se nouent les échanges mondiaux, celle qui sert de réserve principale à la plupart des banques centrales, n’est plus adossée qu’à une montagne monstrueuse de dettes.
"A minima, c’est 15 milliards de dollars par jour ouvrable que le gouvernement américain devra trouver sur le marché, et ce jusqu’à la fin de l’année. Qui va financer un tel déficit budgétaire ?" commente Eberhardt Unger. "Depuis 2001, le stock de bons du Trésor détenu par les non-résidents est passé de 1 000 à 3 300 milliards de dollars… Si les investisseurs étrangers font défaut, il ne restera plus que la Fed pour sauver le système et, pour elle, la faiblesse du dollar… n’est pas un problème." Aucune monnaie n’est encore prête à prendre la relève du dollar, ni le yuan, ni l’euro, ni les DTS (droits de tirage spéciaux du FMI).
L’or est une monnaie pour beaucoup de pays qui ne croient pas aux vertus des systèmes fiduciaires. L’étalon monétaire mondial, le dollar, est au bord de la faillite. L’or est un anti-dollar. Donc, l’or monte et continuera à monter. C’est simple, trop simple ? Si vous appréciez les choses simples, pariez donc sur l’or sous toutes ses formes. L’or physique, pour vous protéger, l’or papier pour spéculer, le business de l’or — la mine — pour investir.
Meilleures salutations,
Simone Wapler
Pour la Chronique Agora
(*) Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart’s… Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par et les investissements "tangibles".
Elle analyse chaque mois le secteur aurifère dans la lettre d’investissement Vos Finances – La Lettre du Patrimoine et elle intervient régulièrement dans l’Edito Matières Premières & Devises ou dans différents rapports d’investissements.
Elle est aussi la rédactrice en chef du magazine MoneyWeek.