▪ Une Chronique un peu pensive aujourd’hui. Il est l’heure de la grande réflexion. Nous avons beaucoup à penser. Que se passe-t-il dans le monde, et que pouvons-nous y faire (pour autant que nous y puissions effectivement quelque chose) ?
Commençons un peu avec la Chine, où la Bourse de Shanghai a été bien mise à mal ces derniers temps. Si les actions chinoises sont le moteur de l’économie, nous venons de vivre un krach, et un autre pourrait bien avoir démarré.
Le seul bon côté d’un krach boursier en Chine — et de tout ralentissement de l’économie du pays — c’est que nous parlons alors d’un krach parfaitement traditionnel, et pas d’un échec systémique. D’accord, ça ne semble à première vue pas très positif. Mais ça l’est, malgré tout. En effet, même si la douleur provoquée par un krach en Chine serait assez intense et probablement prolongée, ce ne serait pas la fin du monde. Simplement la fin du monde tel que nous le connaissons.
Et ça non plus, ce ne serait pas un problème. Car au cours des décennies qui viennent, il semblerait que l’équilibre des puissances économiques dans le monde doive être modifié de manière décisive. Le pouvoir passe des Etats-Providence occidentaux, surendettés, aux nations plus économes du monde développé. Il y a quelques années, nous appelions cela la « migration monétaire ». Mais qui aurait pu se douter que tant d’argent papier serait détruit durant ce transit entre le point A et le point B ?
▪ Les marchés européen et américain ont retrouvé leur indifférence coutumière. On dirait presque que les investisseurs ont du mal à croire qu’une jeune devise de réserve (l’euro) puisse vraiment être en train de retirer lentement ses chaussures et ses chaussettes avant de s’allonger, épuisée et rabougrie, sur son lit de mort.
Est-il vraiment certain que l’euro soit condamné ? Il est possible, bien sûr, que les rapports faisant état de l’effondrement de la monnaie unique soient simplement prématurés. C’est ainsi que fonctionnent les média, à l’ère de l’information 24h/24. Tout est toujours une crise, surtout en ce moment. Une grande partie de ce que l’on qualifie d’urgence est en réalité plutôt du domaine de la panique en kit.
Beaucoup de théâtre, certes, mais il y a bien quelque chose de pourri au royaume de l’euro. Le vrai problème, pour cette devise, c’est le risque lié à une union politique qui se délite lentement. Les bureaucrates et les personnes en charge de la planification en Europe ne peuvent sans doute pas s’imaginer à quoi ressemblerait leur paysage économique sans leur monnaie unique. Mais ils feraient bien de s’y mettre… et de commencer à imprimer des deutschemarks.
Je pense que c’est un peu ce que doivent ressentir les gens qui habitent sur les parois d’un volcan endormi. On plante de beaux jardins verdoyants dans le sol fertile, et on s’installe sur les pentes douces, la vie est belle. Et puis un beau jour, en un clin d’oeil, on est rayé de la carte par une coulée de lave bouillante. Game over.
Sauf que, pour poursuivre dans notre métaphore, nous avons toujours craint que le volcan sur lequel nous avons construit notre système financier mondial, basé sur la dette, entre en éruption à tout moment. Il n’a jamais été vraiment endormi. Jeter de jeunes vierges dans le cratère pour apaiser les dieux — comme jeter l’argent de la Fed dans les bilans financiers des banques — n’a jamais été une stratégie de survie réaliste. Les vierges ne peuvent pas éviter les éruptions volcaniques, ni l’argent facile éviter l’insolvabilité.
Mais alors, quelle serait une stratégie de survie réaliste ?
Eh bien, la sagesse populaire — et nous le disons sans vraiment savoir ce que pense « le peuple » — serait probablement de ne pas essayer de jouer avec le temps sur le marché, de conserver un portefeuille diversifié avec une stratégie d’allocation des biens adaptée aux risques que vous êtes prêts à prendre et à vos objectifs financiers, puis de laisser le temps travailler à votre place, avec un rééquilibrage annuel pour vous assurer que vous n’êtes pas surexposé ou sous-exposé à une classe d’actifs en particulier. C’est en tous cas ce que recommandent les manuels…
Pendant la majeure partie des vingt dernières années, cette stratégie a fonctionné. Mais continuera-t-elle d’être efficace dans un monde où des gouvernements souverains pourraient être obligés de facto à faire défaut sur leurs paiements — ou, si l’on parvient à éviter cela, où l’inflation serait massive ? Qu’en pensez-vous ?
1 commentaire
bonjour, et pardon!
je profite pour la première fois de la possibilité de prendre la parole (la première fois ne concerne pas la possibilité, mais le fait que je me lance….)
Je vais commencer par vous dire que je trouve les différents intervenants AGORA très intéressants….voilà çà c’est fait.
J’ai adhéré à deux de vos conseilleurs pour manager un compte titres d’ailleurs.
Heureusement, car le sang froid professé m’est utile, voire thérapeutique (une sorte de PROZAC, quoi!)
Est-que la gestion traditionnelle d’un portefeuille patrimonial est toujours valable aujourd’hui? oui et non;
Oui parce que les conseilleurs sont de bon sens 1/diversification ( :pas tous les oeufs dans le même panier) 2/investissements tangibles et sains(pierre, or) 3/ actions choisies(même si les conseilleurs ne sont pas les payeurs: j’ai les mêmes à la maison?)
Je suis un peu cartésien et un peu studieux, j’ai appris beaucoup de choses avec vous tous, mais j’ai des états d’âme lorsque quelques postulats sont incohérents. Je m’explique.
Le balancier or/ actions est capricieux, et ce n’est pas le seul équilibre qui n’obéit pas aux lois de la physique.: Comment et Qui s’amuse à décaler le pointeau pour que le balancier ne penche pas normalement du bon côté de la balance? Cette volatilité inédite par sa fréquence, son ampleur et sa volte-face profite forcément à quelqu’un. Et quand cela concerne la cotation d’une banque(médiatisée),je ne peux m’empêcher d’y voir une manipulation abusive pour ramasser des gains à bon compte et rapidement pour se renflouer (malhonnêtement?).
Bref, un petit porteur est-il toujours voué à se faire plumer? Vous dites que non, mais combien faut-il engager pour pouvoir vous suivre sans casse en comptant les passages par pertes et profits?
Je prends le pseudonyme de Candide, par provocation, mais j’ai quand même l’impression que toutes les prévisions effroyables sont un peu la réclame des gourous peut-être trop gourmands..
Pardon, et à bientôt .Impatient de vous lire!