▪ Les journaux télévisés, écrivions-nous hier, ne parlent plus de la Grèce et encore moins de Chypre. Cette dernière vit un véritable psychodrame politique et économique depuis l’explosion meurtrière, le 12 juillet, d’un stock d’armes iraniennes confisqué sur un bateau se rendant en Syrie en janvier 2009.
Comble de malchance, le dépôt de munitions était situé juste à côté de la principale centrale électrique de l’île… qui se retrouve privée de courant en pleine canicule. Et comme il y a très peu d’eau douce dans l’ile, l’usine de désalinisation qui alimente les principaux sites touristiques ne fonctionne plus qu’à 50% de ses capacités, faute de courant.
De l’autre côté de la Méditerranée, de nouveaux incidents entre forces de l’ordre et manifestants se multiplient en Tunisie. Ils menacent de faire fuir les rares touristes tentés de profiter des super-promotions consenties par les voyagistes et les complexes touristiques locaux.
Les combats qui se poursuivent près de la frontière libyenne (des dizaines de milliers de réfugiés survivent de façon précaire au sud de la Tunisie) ne font rien pour rassurer les vacanciers européens, par ailleurs dissuadés de se rendre en Egypte alors que le centre du Caire est de nouveau en ébullition.
Cela fait beaucoup de pays confrontés à une situation chaotique ayant de forts relents de crise économique. Il faudrait injecter de grandes quantités d’argent pour que les populations retrouvent un peu de sérénité et commencent à se bâtir un nouvel avenir… mais qui va le leur avancer ?
Les caisses des Etats-Unis et de l’Europe sont vides. Quant à la Chine, elle se tient prudemment à l’écart, trop consciente de l’instabilité qui règne dans cette zone et du peu de retour sur investissement qu’elle peut en espérer.
Pékin mise de l’argent là où les ressources naturelles sont abondantes : l’Egypte et la Tunisie ne sont même pas auto-suffisantes sur le plan énergétique et elles ne possèdent aucun gisement de minerais d’importance stratégique.
Reste éventuellement la Libye et son pétrole… mais les Occidentaux ne laisseront pas Pékin placer ses pions sur ce territoire, surtout après y avoir englouti des fortunes en bombardements et fourniture d’armes aux insurgés.
▪ C’est l’été ; il est de tradition dans les médias de ne pas gâcher la bonne humeur des juilletistes et des aoûtiens, mais franchement, cette année, les nuages géopolitiques s’accumulent — et pas seulement au-dessus des campings de la côte landaise ou bretonne.
Lorsqu’il y a un problème, la presse n’en parle pas, ou le moins possible. Rares sont ceux qui ont réservé un séjour à Chypre et sont avertis qu’ils risquent de ne pas pouvoir prendre autant de douches qu’ils le souhaitent et que la climatisation peut s’interrompre à tout moment pour cause de panne de courant.
Non, décidément, c’est un été « pas comme les autres ». La réunion de Bruxelles qui débute ce jeudi revêt une importance cruciale, et ce n’est pas M. Barroso qui nous démentira : il vient d’avertir les sherpas des pays membres de l’Eurozone que la situation est grave et qu’il convient de parvenir dans l’urgence à s’entendre sur les moyens de sauver la Grèce, sinon le risque systémique pourrait s’étendre au-delà des frontières de l’Europe.
Les Etats-Unis de leur côté se remettent soudain à douter de l’imminence d’un accord sur le plafond de la dette. A Wall Street, les investisseurs déchantent au sujet d’un compromis soi-disant conclu mardi soir entre sénateurs démocrates et républicains au sujet d’un programme minimum permettant de sauvegarder un équilibre budgétaire. Ce ne serait que de « la buée sur une vitre », d’après les journalistes politiques qui couvrent les négociations.
L’atmosphère se rafraîchissait nettement à Wall Street à la mi-séance mercredi. Les trois indices de référence évoluaient dans le rouge, aux antipodes des anticipations qui s’imposaient en préouverture : le Dow Jones cédait 0,15%, le S&P était à -0,2% et le Nasdaq à -0,6%. Ce dernier enregistrait une baisse malgré l’impact positif de l’effet Apple — rappelons que le groupe de Steve Jobs a pratiquement multiplié par deux son chiffre d’affaires en un an et affiché un bénéfice 40% supérieur aux prévisions.
Le seul chiffre du jour a jeté une ombre sur le redressement des mises en chantier (+14,5%) annoncé la veille. Les investisseurs ont en effet été déçus par le recul de 0,8% des reventes de logements anciens en juin aux Etats-Unis à 16h00 : elles étaient attendues à 4,94 millions et sont ressorties à 4,77 millions en rythme annualisé, soit -8,8% par rapport à juin 2010.
C’est le genre de statistique à double tranchant : si c’est jugé trop mauvais, il ne faudra pas longtemps pour que quelques opérateurs influents s’avisent que cela incitera la Fed à mettre en oeuvre de nouveaux stimulus monétaires.
Du pain béni pour Wall Street mais du pain sec pour M. Tout-le-Monde : les banques américaines n’ont pas l’intention de se mettre à rééchelonner massivement les dettes des emprunteurs en difficulté, comme les Européens sont sur le point de le proposer à la Grèce.
▪ Après les 1,6% à 2,2% gagnés pas les indices US mardi soir, les places européennes se sont alignées. La journée de mercredi s’est achevée sur un gain de 1,6% à Paris et de 1,8% pour l’Euro-Stoxx 50, à 2 705 points — grâce au rebond de 3% de Milan et Madrid.
Ces deux places, très éprouvées depuis 10 jours par la remontée des taux longs au contact des 6%, ont bénéficié de l’apaisement des tensions procuré par une déclaration encourageante d’Angela Merkel. Elle affirmait hier midi que de « gros progrès » seraient accomplis lors du sommet de Bruxelles (elle accueillait Nicolas Sarkozy ce mercredi à Berlin pour examiner les nouvelle solutions proposées par la France, très proactive sur ce dossier).
Plusieurs scénarios pour le sauvetage de la Grèce sont sur la table, parmi lesquels le projet d’une taxe sur les banques qui alimenterait un fonds de secours. Cela permettrait d’éviter un défaut de paiement — même partiel — qui serait désastreux au niveau du bilan de la BCE.
Les cinq « sages » allemands qui conseillent le gouvernement se sont prononcés contre dès mardi soir. Cependant, il leur faudra peut-être admettre que c’est la « moins pire » des solutions. En ce qui nous concerne, nous aimons beaucoup le terme « solution ». Le problème, c’est l’adjectif « pire » qui va avec…
Lequel pèsera le plus lourd dans la balance ? C’est tout l’enjeu des discussions qui débutent en ce moment même à Bruxelles… et de celles qui se poursuivent, sans vraiment avancer, dans le Bureau ovale du président Obama à Washington.
Tim Geithner affirmait avant-hier que les membres du Congrès ne joueraient pas aux imbéciles avec la date butoir du 2 août… Notre crainte, c’est que le mot « imbécile » soit juste un peu faible.
Comme dirait Michel Audiard, ceux qui sont plus que de « sombres idiots » osent tout… c’est à cela qu’on (phonétiquement, ça sonne pareil) les reconnaît !
1 commentaire
et si nicolas dupont-aignan avait raison sur la faillite du systéme et de l’euro le monde financier et politique devient fou.
merci