** Le lent effondrement du secteur financier nous rappelle que certains actifs (tangibles) sont plus faciles à évaluer que d’autres (financiers). Les actionnaires de Cape Lambert Iron Ore se sont retirés de la vente par l’entreprise de son projet de minerai de fer, d’un montant de 400 millions de dollars, au China Metallurgical Group Corp. Le groupe Russe Ervaz, qui possède déjà 19% de Cape Lambert, se retrouve donc dans la situation d’un prisonnier qui aurait une vue imprenable sur l’extérieur.
– Nous voulons dire par là qu’Ervaz reste un actionnaire de Cape Lambert — et accessoirement un bénéficiaire de l’opération — mais qu’il ne peut rien contre le fait que les Chinois vont devenir propriétaires du projet de minerai de fer, qui constituait l’un des actifs les plus précieux de Cape Lambert. Mais il se peut que les Chinois et les Russes veuillent des choses différentes de la part de l’Australie. Les fabricants de métal chinois veulent le minerai de fer australien. Les investisseurs russes semblent vouloir des parts dans les sociétés australiennes.
– Prenons par exemple le milliardaire russe Alisher Usmanov : il vient tout juste d’offrir 100 millions de dollars en échange d’une part de Strike Resources. Strike a une énorme exploitation de minerai de fer… au Pérou. Ce n’est pas la première fois qu’Usmanov s’intéresse à une mine de minerai de fer australienne. Il a essayé de vendre sa part de 19,7% dans le minerai de fer du Mont Gibson au Chinois Shougang, mais la transaction a été bloquée par le panel australien de réglementation des rachats boursiers.
– Voyez-vous ce qui se passe ?
– L’industrie du minerai de fer en particulier, et les actions de matières premières australiennes en général, sont devenus une sorte de devise — appelons ça l’argent de fer — manipulée en fonction des intérêts russes et chinois. Ces intérêts sont légèrement différents, comme nous l’avons expliqué plus haut. Les Russes sont parfaitement conscients de ce qui va arriver, et savent que les Chinois veulent du minerai. Il vaut mieux se positionner sur la hausse des exploitations sidérurgiques plutôt que de se contenter de les observer.
– Mais les investisseurs chinois et russes ont un objectif en commun : se débarrasser du dollar américain le plus vite possible. La Chine possède près de 1 000 milliards de dollars en devises de réserve. La Russie et le Japon en possèdent eux aussi de grandes quantités.
** Le geste du Trésor US pour soutenir la dette de Fannie et Freddie n’a fait que confirmer aux détenteurs de dollars que le billet vert était bel et bien engagé sur la pente d’un déclin à long terme. Alors que faire ? Et bien, acheter des projets de ressources ou des actions dans les entreprises de ressources australiennes serait un moyen de se débarrasser d’un dollar qui commence à sentir mauvais.
– D’ailleurs, il est évident que la plus grosse bulle n’a pas disparu — je veux parler de la dette gouvernementale des Etats-Unis. C’est le revenu fixe le plus sûr du monde depuis cinquante ans.
– Sauf que le gouvernement américain accumule un déficit budgétaire annuel de presque un demi-millier de milliard de dollars. Les risques à long terme pour le pays sont énormes. Et le prochain président devra faire de son mieux pour se sortir des innombrables problèmes économiques auxquels il devra faire face (y compris la monétisation de la dette de Fannie Mae et Freddie Mac). Rien de tout ça n’est bon pour le billet vert…