* Le Dow a repris sa baisse. Les commandos de la déflation ont continué leur contre-attaque.
* C’est la guerre. Et la guerre, c’est l’enfer, comme l’a dit le général Sherman avant de réduire Atlanta en cendres.
* Le pétrole est stable. L’or reprend du poil de la bête.
* Ces derniers jours, les combats les plus durs ont eu lieu dans le secteur financier.
* "La Fed considère que les perturbations pourraient se poursuivre l’année prochaine", affirme le New York Times.
* La presse new-yorkaise nous apprend que Steve & Barry’s, qui vend des vêtements au détail dans 200 boutiques, vient de déclarer faillite. Fannie Mae et Freddie Mac sont toujours mis à rude épreuve. Les deux sociétés ont désespérément besoin de fonds. Mais même si elles sont soutenues par le gouvernement américain et clairement "too big to fail", les investisseurs sont bien plus près de leurs sous en ce moment. Fannie a dû payer 74 points de base supplémentaires, par rapport au taux du Trésor US, pour obtenir son argent — bien plus que par le passé. L’action de Freddie a chuté à 10 $. Fannie a atteint les 15 $. Tous deux avaient atteint jusqu’à 60 $, si notre mémoire est bonne.
* Bloomberg nous annonce que la dette de Wall Street est "déclassée par les traders en produits dérivés". Evidemment, ces derniers connaissent mieux que quiconque la dette en question.
** Ce qui est étonnant — pour nous, en tout cas — c’est qu’ils ne déclassent pas la dette gouvernementale. Nous pensons que le cycle du crédit a tourné la page. Après un quart de siècle de baisse, il nous semble que les rendements ont formé un triple plancher majeur. En d’autres termes, les prix des obligations (qui grimpent à mesure que les rendements baissent, rappelez-vous) ont atteint trois sommets successifs, plus ou moins à la même altitude, en 2003, 2005 et une fois encore en 2007.
* Mais si nous sommes sur la pente descendante, elle est douce, jusqu’à présent. La dernière fois que nous avons regardé, mercredi, le bon du Trésor US avait un rendement de 3,88%.
* Nous devons faire une petite pause et reprendre notre souffle. A quoi pensent les acheteurs obligataires ? A la sécurité, sans doute. Ils voient le dernier assaut de déflation — avec des cours boursiers en chute partout dans le monde… Wall Street qui s’effondre… la Fed maintenant nerveusement son taux directeur à 2%… le pétrole qui décline, après avoir peut-être atteint un sommet — et cherchent un trou où se cacher. Et quoi de mieux que les bons du Trésor US… profondément enterrés par la confiance et le crédit du gouvernement américain, et libellés en dollars tout-puissants ?
* Eh bien, euh… c’est précisément là le problème. Le trou est peut-être plus profond qu’ils le pensent.
* La sagesse conventionnelle veut que l’inflation ne soit pas une menace durable. L’expérience du dernier quart de siècle montre que de petites poussées de hausse des prix sont souvent remplacées par une période plus longue de stabilité. Mais on parle là d’un quart de siècle durant lequel les Chinois baissaient les prix des biens manufacturés… les coûts de main d’œuvre étaient maintenus au plancher par l’afflux de millions de personnes dans l’économie moderne… et avant que le cycle des prix des matières premières ne se mette à la hausse.
* C’était également la période où les taux d’intérêt chutaient… et où des quantités quasi-infinies d’argent étaient disponibles pour augmenter les dépenses de consommation et la production. Cette période est terminée.
* Néanmoins, des millions d’investisseurs s’attendent à ce qu’elle continue. Ils pensent qu’une économie mondiale qui ralentit poussera les forces de l’inflation à retourner dans leurs baraquements, et qu’ils peuvent continuer à obtenir des coupons obligataires de 3,88% sans passer pour les dindons de la farce.
* Qui sait ? Peut-être ont-ils raison. Nous pensons tout de même que ce sont des benêts. Même s’ils finissent par avoir raison, la marge de sécurité des T-Bonds est aussi fine qu’une lame de rasoir — ils ne peuvent que se couper.
* La vraie question, pour nous à la Chronique Agora, est de savoir comment le monde finira. Le monde tel que nous le connaissons… Boomland… le monde du crédit en expansion constante et des prix des actifs en hausse permanente… a pris fin, pensons-nous. Se terminera-t-il en fanfare ou en soupirs ? Finira-t-il avec la fanfare de l’inflation ? Ou les soupirs des prix agonisant ?
* "Les deux", continuons-nous de penser.