Le « taux neutre » de la Fed n’a aucun sens – pire, il aggrave la situation. Il est temps d’oublier les modèles pour revenir à la réalité.
La Fed utilise des « simulations de modèles » pour justifier une politique en contradiction avec les marchés. Les marchés disent : on ne manque pas de crédit, au contraire… mais la Fed prétend que ses modèles disent l’inverse !
Les modèles économiques et ceux de la Fed ne valent rien.
Ils sont idéologiques, faux et archi-faux, car ils sont basés sur des hypothèses de travail dont l’inexactitude a été prouvée.
Si la Fed ne peut même pas modéliser correctement l’activité sur laquelle elle se trompe sans cesse… si elle ne peut pas modéliser l’inflation des prix à la consommation… si elle ne peut pas modéliser l’emploi et s’est trompée sur l’interprétation de la courbe de Phillips… comment pourrait-elle être crédible ?
Il faut revoir la science économique
La science économique doit être remise en chantier. Avant tout, elle doit subir une sévère critique épistémologique et revoir sa dépendance aux modèles – cette dépendance qui a remplacé la recherche des causalités et même la simple compréhension du réel.
Et que dire de cette imbécillité créée de toutes pièces pour le raisonnement puis réifiée, le taux neutre, le R* ? On confond l’outil de raisonnement, le scalpel, avec la réalité qu’il s’agit d’examiner !
Et notre John Williams de reprendre :
« Cette recherche a été stimulée par la preuve croissante que le taux d’intérêt neutre a considérablement baissé. J’ai […] consacré une bonne partie de ma carrière universitaire à l’étude de R*, le taux d’intérêt neutre à long terme, et de ses implications pour la politique monétaire. Selon nos estimations actuelles aux Etats-Unis, l’étoile [l’astérisque] correspond à environ un demi pour cent. »
On se guide sur une étoile polaire qui n’est qu’une abstraction de raisonnement, une sorte de « faisons comme si » : on fait comme si elle existait et on prétend qu’elle a baissé !
Qui ne voit que nous sommes dans la masturbation tautologique ?
C’est le mal du siècle, la grande dérive sur la pente de l’abstraction, vers le monde des ombres et la perte de contact avec la réalité. On combine les signes et on finit par oublier qu’ils ne sont que des créations de l’esprit, des outils, et qu’il faut sans cesse les reconfronter à la réalité qu’ils sont censés exprimer et ordonner.
Un nouveau problème qui n’en résout aucun
Nous sommes dans la névrose, dans la bouteille ; les mouches que sont les universitaires et les banquiers centraux se cognent sur les parois, vibrionnent sans aucune connaissance, sans aucune compréhension, sans aucune prise sur ce qui se passe en dehors de cette foutue bouteille. Ces gens ne font que gloser.
Ce « taux naturel » pose problème et n’en résout aucun.
Quelle était l’estimation de R* en novembre dernier quand les rendements des valeurs du Trésor à 10 ans étaient à 3,24% et que les contrats à terme impliquaient un fed funds rate de 2,93% ?
Le R* est une auberge espagnole, on y trouve ce que l’on y met… surtout quand le système a muté et qu’il a remplacé le taux d’intérêt à long terme servi à l’épargne, à la vraie épargne, par le taux qui découle de l’activité de la banque centrale d’une part et du crédit créé à partir de rien d’autre part.
Le taux neutre, le R*, n’est plus « le taux d’intérêt qui aide l’économie au plein emploi et à la production maximale tout en maintenant l’inflation constante ». Ce taux dit neutre, c’est purement et simplement celui qui est nécessaire pour soutenir la bulle financière mondiale et éviter qu’elle n’éclate.
Et ce taux ne peut que continuer à baisser parce que la bulle est de plus en plus grosse, de plus en plus fragile, et parce que pour la soutenir il faut que le crédit coûte de moins en moins cher, qu’il soit gratuit, puis négatif… puis…