Les informations et les « nouvelles » pleuvent… mais ce n’est pas de cela dont nous avons besoin en ce moment. Hélas, les autorités ne l’ont pas compris, et la crise continue donc.
Bien entendu, on peut continuer de bricoler au jour le jour et épouser les oscillations positives et négatives des nouvelles, conformément à ce que prétend la théorie imbécile des nains du cerveau qui ont imposé la notion d’efficacité des marchés… mais cela ne mènera nulle part car ce dont nous avons besoin, c’est non pas d’informations ou de nouvelles mais de compréhension, de sens.
Nous avons besoin de schémas d’intelligibilité.
Il y a une différence considérable entre les nouvelles, l’information et le sens d’une situation.
Les nouvelles ne permettent pas de comprendre, de saisir les articulations d’une situation, ses causes, ses effets. Par conséquent, elles sont non pertinentes pour prendre des décisions.
Faire des oscillations des indices boursiers le sous-produit des délires tweetés de Donald Trump ou des dénégations névrotiques télévisées d’Emmanuel Macron est pure aberration.
Ces gens ne détiennent aucune vérité ; ce sont des bouchons qui flottent, ballottés sur l’écume de situations qu’ils ne maîtrisent et surtout ne comprennent pas.
Panique
Il y a de quoi éclater de rire quand la presse, à la manœuvre pour faire marcher la brosse à reluire, titre : « Macron décrète le couvre-feu pour reprendre le contrôle »…
… Alors que toute son intervention constitue un terrible aveu : il a perdu le contrôle ! Il panique, il pare au plus pressé, sans conviction, sans confiance même en ce qu’il impose.
Le rêve de réduire la vie sociale sans arrêter la vie économique n’est que cela : un rêve. Les deux, vie sociale et vie économique, ne sont dissociées que par l’opération d’un esprit schizophrénique car dans la réalité, elles sont inséparables. La réalité est constituée d’un ensemble : la vie économique, politique et sociale. Couper l’homme en tranches, cela ne marche pas. La vie est un tout.
Les prestations de ces gens sont non pas des causes mais des effets, ce sont des effets d’une situation objective du monde qui passe au travers l’épaisseur d’un crâne humain plus ou moins pervers ou défectueux.
Quand l’efficacité se retourne en son contraire
C’est parce que les marchés ont sombré dans l’imbécilité de la pseudo-efficacité qu’il sont précisément… inefficaces. Ils sont ballotés au gré des flux de nouvelles plus ou moins fausses, plus ou moins truquées, et sont de moins en moins le reflet des situations réelles sous-jacentes.
Les théories des marchés – que ce soit celles de l’efficacité ou celles du comportement – sont des absurdités qui marchent dans le très court terme parce qu’elles s’auto-réalisent d’être crues ; mais dans le moyen et long terme, elles s’auto-ridiculisent.
Je soutiens que les théories modernes, au lieu de constituer un progrès, constituent une régression de l’intelligence – et que ce que l’on appelle improprement les cygnes noirs sont un produit, une conséquence de l’absurdité de ces théories modernes.
En d’autres termes, selon moi, les crises sont toujours, en dernier ressort, des crises de l’intelligence !
Défaillance d’intelligence
Une crise, c’est quand une croyance fausse s’effondre. C’est une confiance qui s’évanouit.
C’est quand la réalité ne s’adapte pas en continu ; quand, à un moment donné, il y a une rupture ; quand le monde cesse d’être dérivable, prévisible – quand il devient ce qu’il n’a jamais cessé d’être : fractal.
Les crises surviennent parce que l’intelligence a été défaillante : elle n’a pas vu venir.
Une crise, c’est la rupture de ce que l’on croyait faussement être une certitude. Ici, la crise – qui est contenue dans la situation et qui en est donc le germe –, ce sera la rupture de la croyance que toujours on pourra résoudre les problèmes par la production de monnaie digitale, de réserves bancaires, de crédit.
En clair, toujours on pourra mentir aux peuples.
La crise sanitaire n’est une crise que parce que les zozos qui croient gouverner n’ont rien vu venir, malgré les avertissements lancés avec clarté et force. Les lanceurs d’alerte n’ont pas été écoutés. Les gouvernements ont été incapables de maintenir les services publics, parce que les firmes de Big Pharma et leurs stipendiés corrompus ne sont intéressés que par le pognon.
Et l’autre crise…
S’agissant de l’autre crise, la financière, ce sera aussi une crise de l’intelligence et du savoir.
A notre époque, il est plus rentable d’étudier l’imaginaire et les délires des apprentis sorciers que sont les banquiers centraux que d’étudier la réalité qui se dissimule derrière le voile monétaire.
La crise, c’est quand le réel revient en force, quand il se réintroduit.
On n’a jamais rien dit de plus vrai que ce que cherche à nous dire Aristote lorsqu’il lance : « chassez le naturel, il revient au galop » !
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]