Par le Mogambo Guru (*)
La chose la plus terrifiante — et la plus facile à prévoir — dans cette histoire, c’est l’incroyable quantité de trucs qui vont s’effondrer sur les contribuables, et, soyons clairs, sur le reste du monde. C’est d’ailleurs raccord avec le dernier témoignage de Bernanke qui, selon le Financial Times, a "élaboré un plan pour aider à revivifier le marché des prêts hypothécaires ‘jumbo’ (de grandes sommes) — [un plan] impliquant Fannie Mae et Freddie Mac, ainsi que des garanties du gouvernement fédéral", et qui permettrait d’"augmenter la taille des prêts individuels éligibles à la titrisation par les entités de financement hypothécaires parrainées par le gouvernement : elle passerait de 417 000 $ à un million de dollars". Bigre !
L’arnaque évidente, ici, c’est que toutes ces choses perdant de l’argent seront refilées aux contribuables, comme on le découvre lorsqu’on nous explique que "Fannie et Freddie pourrait payer des primes d’assurances sur ces prêts au gouvernement fédéral, qui ‘agirait comme garant’ en endossant une part du risque de crédit". Hahahaha ! Parlons plutôt de tout le risque — c’est-à-dire 100%, parce que toutes ces choses ont 100% de chances de faire faillite, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle on les a données à Fannie et Freddie pour commencer ! Hahaha !
Et si vous voulez avoir une petite idée de l’ampleur des pertes qui seront répercutées sur les contribuables et les consommateurs, Bill Bonner nous en donne une petite idée en notant que "l’indice Wilshire est coté en dollars, ce qui est très utile. On peut voir immédiatement combien d’argent les gens perdent. D’un sommet de 15 900 environ la semaine dernière aux 14 600 actuels — c’est une perte de 1 300 milliards de dollars". Ouille !
Bill continue : "ça, c’est en termes de dollars US. Mais le dollar a perdu environ 10% de sa valeur cette année. Si bien que la perte réelle pour les investisseurs représente plus de deux fois cette somme… soit environ 3 000 milliards de dollars".
Je suis en train de faire l’addition, mais Bill me devance : "on ajoute à ça les pertes immobilières — qui atteignent probablement 1 000 milliards de dollars à ce jour. Et il y a les pertes, annoncées ou dissimulées, du secteur des subprime et des produits dérivés, qui pourraient ajouter à cela 500 milliards de dollars supplémentaires environ".
Tout le monde se fige, attendant que je finisse le calcul, mais je pense que j’ai accidentellement appuyé sur la mauvaise touche, alors je me contente de dire : "4,5 milliards de dollars ?"
Bill Bonner déclare : "on parle de véritables sommes, là — une perte combinée de richesse équivalent à 4 500 milliards de dollars… soit près de 10% de la valeur nette totale des Etats-Unis d’Amérique".
J’ai le plaisir d’annoncer que je n’ai pas fait dans mon pantalon suite à cette révélation stupéfiante et parfaitement déconcertante. Enfin, presque pas.
Meilleures salutations,
Le Mogambo Guru
Pour la Chronique Agora
(*) Richard Daughty est associé gérant et directeur d’exploitation pour Smith Consultant Group, qui sert les secteurs financier et médical. Il est également l’auteur de la lettre d’information économique Mogambo Guru, un exercice visant à accumuler les sarcasmes sur ceux qui le méritent largement. Le Mogambo Guru est souvent cité dans le journal Barron’s ou dans le Daily Reckoning, l’équivalent américain de la Chronique Agora.