▪ En 2013, les Américains commémoreront un siècle de destruction de richesse aux Etats-Unis — la Réserve fédérale fêtera ses 100 ans.
En 1913, le Federal Reserve Act fut voté, accordant à la Réserve fédérale l’autorité exclusive "d’établir le cours légal de la monnaie". Forte de son nouveau pouvoir et de ses bonnes intentions, la Fed s’est alors embarquée dans un processus de dépréciation de la monnaie qui durera 98 ans. Ce n’est pas ce que la Fed comptait faire mais c’est ce qu’elle a fait.
Au commencement de la Réserve Fédérale, cette autorité monétaire jouissait du soutien d’un étalon or. Rares étaient les Américains qui doutaient que les nouveaux billets de la Fed seraient aussi bon que l’or. C’est ainsi que les pièces d’or et les billets de dollars s’entremêlèrent sans effort dans l’économie américaine pendant les vingt premières années d’existence de la Fed.
Mais alors que les roues du progrès avançaient à toute allure, "l’argent physique" des Etats-Unis disparut, laissant la place à de douces promesses — de douces promesses et beaucoup de palabres à propos de l’argent physique. Or, palabrer à propos de l’argent physique ne protège pas la richesse ni même l’argent physique lui-même.
Le pouvoir d’achat d’un billet d’un dollar s’est effondré de plus de 95% depuis que la Fed a commencé pour la première fois à publier son cours légal en 1914. Même si le déclin épique du dollar a commencé très lentement, il a pris de la vitesse.
La valeur du dollar n’a chuté que de 50% au cours des 33 premières années sous l’intendance de la Fed — c’est-à-dire entre 1913 et 1946. Mais le dollar de 1946 perdra la moitié de sa valeur en 24 ans, alors que le dollar de 1970 perdra la moitié de sa valeur en seulement neuf ans. Le rythme du déclin s’est ralenti un peu au cours des années Volcker : le dollar de 1979 a mis plus de 14 ans à perdre la moitié de sa valeur.
Néanmoins, la progression du dollar vers zéro depuis 1913 semble plus géométrique qu’arithmétique.
En 1914, année à laquelle la Réserve fédérale se mit à créer des dollars, 700 000 nouvelles pièces de 10 $ Indian Head Gold Eagles sortirent des Hôtels de la Monnaie de Philadelphie, de San Francisco et de Denver. Une fois entre les mains d’un ouvrier, chaque pièce de 10 $ achetait pour une valeur de 10 $ de biens et de services. De même, le billet flambant neuf McKinley de 10 $ émis par la Fed achetait aussi pour une valeur de 10 $ de biens et services.
Les 98 années suivantes, tous les présidents qui se succédèrent à la tête de la Réserve Fédérale oeuvrèrent pour "protéger" le pouvoir d’achat des billets McKinley, Washington et Lincoln. Les Gold Eagles devaient se débrouiller tous seuls. Résultat : les Gold Eagles sans protection prospérèrent tandis que les billets Mckinley "protégés" se flétrirent. Basé sur son contenu métal, un Indian Head Gold Eagle de 10 $ de 1914 vaut aujourd’hui 643,45 $. Un billet de 10 $ de 1914 vaut encore aujourd’hui 10 $.
Pour étudier ce contraste d’un point de vue légèrement différent, considérons les chemins divergents de deux billets de 50 $. Le premier billet est un Gold Certificate de 1913 émis directement par le Trésor américain et totalement convertible en or. Le second billet a été émis par la Réserve Fédérale en 1914 et n’est pas convertible. Les deux versions de ce billet de 50 $ ont librement circulé dans le commerce américain.
Tout détenteur du Gold Certificate de 50 $ était détenteur de 2,41896 onces troy d’or — au taux fixe de 20,67 $ par once troy. Ces certificats pouvaient être échangés dans n’importe quelle banque ou par le Trésor américain lui-même n’importe quand… jusqu’en 1933, lorsque Franklin Delano Roosevelt déclara illégale la détention d’or.
Malgré cette petite nuance, supposons deux hommes hypothétiques en 1914. Le premier homme, Caleb, planque un bas de laine de 500 $ sous les lattes de son plancher — un rouleau de 10 billets de Ulysses S. Grant d’une valeur de 50 $ chacun. Le second homme, Josiah, cache également 500 $ sous les lattes de son plancher — il se rend à la banque du coin avec 10 Ulysses S. Grant Gold Certificates de 50 $ chacun et les échange contre de l’or. Puis, Josiah cache cet or sous son plancher.
Les deux hommes ne pensent plus à leur trésor caché. Finalement, disons en 2010, les héritiers respectifs de ces deux hommes décédés depuis longtemps décident simultanément d’entreprendre des travaux de rénovation dans leur maison. Les héritiers de Caleb tombent sur les vieux billets de 50 $. "Comme c’est vieux", pensent-ils. Les héritiers de Josiah trouvent de l’or d’une valeur de 32 172 $ !
Par conséquent, 98 années d’histoire démontrent qu’un singe aveugle aurait pu préserver le pouvoir d’achat du dollar mieux qu’un président de la Fed. Malheureusement, il est difficile de trouver un singe aveugle qui accepterait le poste.