** Si vous cherchez des signes d’une crise du crédit, regardez le cours de la valeur BHP Billiton. Les problèmes du subprime font peut-être moins les gros titres en ce moment, mais la hausse des cours des actions du secteur des matières première est directement liée à la série d’événements rendus publics en août dernier.
– Ou, comme l’écrivait Ambrose Evans Pritchard, le credit crunch s’est transformé en dollar crunch. Et dans le crunch en question, les actifs "tangibles" sont à l’achat, tandis que les actifs financiers sont à la vente. C’est en tout cas une manière d’interpréter les propos de Pritchard — mais voyez plutôt, et faites-vous votre propre opinion…
– "Les dominos tombent. Ce qui a commencé comme un credit crunch s’est transformé en dollar crunch. Nous assistons à une fuite hors de la principale devise de réserve de la planète, un événement qui ne se produit qu’une à deux fois par siècle — et jamais avec des conséquences bénignes. Le dollar US a atteint la parité avec le dollar canadien, et chuté à des planchers historiques par rapport à un panier de devises. C’est dangereux. Aucun des blocs économiques ‘mûrs’ ne semblent capables d’assurer la suite — sans parler de restaurer l’ordre".
– Jusqu’à présent, tout va bien. Enfin, pas bien, mais vous voyez l’idée. La crise du dollar est un phénomène historique. Ce n’est pas normal, routinier ou banal.
– Pritchard continue en décrivant la pression gigantesque que la crise du dollar fait peser sur d’autres économies. "La Chine ressemble à un investissement faisant jouer l’effet de levier sur les centres commerciaux américains. Le Japon est déjà en train de plier. Son économie s’est contractée de 0,3% au deuxième trimestre. Les salaires chutent depuis huit mois consécutifs. Le gouvernement Abe est tombé — la première victime du subprime, mais pas la dernière".
– On peut dire que cette dernière phrase est très juste. Dire que la Chine fait jouer l’effet de levier sur les centres commerciaux US est une jolie formule, mais ce n’est peut-être pas entièrement vrai. La théorie des dominos sur les marchés mondiaux implique que ce qui se produit aux Etats-Unis déclenchera nécessairement des conséquences économiques réelles dans d’autres pays — ce qui sera le cas, sans aucun doute. Mais ces conséquences ne seront pas toutes les mêmes, et elles ne seront pas toutes aussi négatives.
** Une des idées en vogue actuellement consiste à dire que la troisième grande révolution industrielle des 200 dernières années, qui se produit en Chine, est un changement structurel fondamental dans l’économie mondiale, et que la Chine est le principal moteur de croissance dans ce nouveau monde. Comment ce changement peut se faire sans produire de traumatismes financiers majeur… voilà qui reste un peu brumeux pour l’instant.
– Cependant, il faut se rappeler que toutes les crises amènent leurs propres opportunités. L’Australie, par exemple, a vraiment de la chance. Même si elle subit elle aussi un boom de l’immobilier nourri par de l’argent fictif, elle est également devenue la réserve de la Chine — où le dragon s’approvisionne pour tous ses besoins en matières premières.
– Les métaux sont devenus fous, la semaine dernière, grimpant significativement de concert. C’est comme si le marché avait décidé de réévaluer les minières, leur attribuant le statut de valeur de croissance… en quelques semaines seulement. C’est à couper le souffle.
– Mais est-ce que ça peut continuer comme ça ? Selon Pritchard, le déclin du dollar a mis l’euro dans un marché haussier insoutenable. "Jusqu’à présent, l’euro a servi ‘d’anti-dollar’ — le choix par défaut des Asiatiques et des puissances pétrolières se méfiant des actifs américains. Cela ne peut pas durer".
– "Un taux de 1,43 $ (il était de 83 cents en 2000) s’associera, après un délai d’un an, à l’effondrement de la bulle immobilière dans les pays de la zone ‘Club Med’ — provoquant une crise en 2008. Il deviendra alors clair que les besoins des pays des zones germaniques et latines sont incompatibles, et qu’une monnaie n’ayant ni Trésor, ni organisme de dette ni politique de soutien ne peut pas remplacer le dollar — si elle réussit à survivre jusque là".
– Oui, l’année s’annonce difficile pour les partisans des devises gouvernementales qui ne sont pas soutenues par des actifs tangibles. Les marchés ne fonctionnent peut-être pas selon les principes de la physique de Newton… mais il y a malgré tout une réaction pour chaque action, même si elle n’est pas égale et opposée. La réaction continue d’être haussière pour l’or et les matières premières. [Et si vous voulez profiter de cette réaction pendant qu’il en est encore temps… cliquez ici]
– Ceci dit, on est en octobre. Octobre est un bon mois pour les choses bizarres. On pourrait dire que c’est le cas encore aujourd’hui, avec un plancher de 30 ans pour le dollar US et des sommets de 30 ans pour les matières premières. S’il s’agissait d’un marché normal, nous nous attendrions à un rebond du dollar. Sauf que ce marché est tout sauf normal.