La hausse de l’inflation, les marchés vacillants et une grande perte qui se profile…
John Hussman gère une société d’investissement au nord de Baltimore. Il est très analytique, mathématique… attaché à l’histoire, et aux statistiques. Il prend ses analyses très au sérieux, et est persuadé que l’on peut apercevoir un morceau du futur dans les échos du passé.
Voici sa dernière analyse :
« En se basant sur une dizaine de mesures, incluant les valorisations, les données internes, et de nombreux indicateurs techniques, fondamentaux et cycliques que nous avons développés au fil du temps, on estime que les conditions actuelles du marché boursier rejoignent les 0,1% des pires circonstances jamais rencontrées dans l’histoire, ressemblant plus aux périodes de grands pics, et s’écartant des périodes des grandes baisses, qu’aux 99,99% de toutes les périodes d’après-guerre. »
Sans vouloir être trop pointilleux, quand un marché est à son apogée, les prix finissent par connaître une baisse. Quand le marché est au plus bas, les prix finissent par remonter. Notre objectif est d’éviter LA Grande Perte. Et les Grandes Pertes arrivent lorsque le marché est haussier. Aux périodes de creux du marché, on peut avoir de Grandes Opportunités.
Donc, Hussman est en train de nous dire que nous avions raison. La menace de Grande Perte aujourd’hui pèse sur le marché des actions… et particulièrement sur les 7 Fantastiques qui dominent le haut des listes de performances.
Quelle est l’ampleur probable de la perte ? Là aussi, Hussman nous aide.
« J’appelle cela un ‘amas de malheurs’ parce que la poignée de circonstances extrêmes et semblables (notamment en 1972, 1987, 1998, 2000, 2018, 2020 et 2022) étaient systématiquement suivies de pertes de marchés brutales, de 10 à 30% au cours des 6 à 10 semaines qui ont suivi (avec une perte moyenne de 12,5%), les pertes se situant dans la partie inférieure de cette fourchette étant souvent suivies d’effets plus importants par la suite. »
L’heure de la bascule
Ce qui est surprenant, pour nous, c’est que les pertes ne sont pas si GRANDES in fine. Tout le malheur… n’est finalement pas si malheureux. Dans ses calculs, on retrouve une perte moyenne de 12,5%. Nos chers lecteurs pourraient se dire :
« Eh bien… c’est tout ? Je pourrais vivre avec. Surtout si j’ai la chance de doubler ou tripler mon argent dans Nvidia. »
La tête du marché boursier est extrêmement lourde. Trois actions, Meta, Microsoft et Nvidia, sont à l’origine de la moitié des gains enregistrés cette année. Nvidia s’échangeait à 8$ l’action lorsque Donald Trump a été élu. Aujourd’hui, elle s’échange à 730$. De quoi faire rêver… imaginez transformer un investissement de 10 000$ en près d’un million de dollars. Rien que cette année, Nvidia a fait un bond de 50 %.
Mais quelles étaient les probabilités de repérer Nvidia il y a 8 ans ? Et quelles sont les probabilités que Nvidia… ainsi que le reste des super technologies… et l’ensemble du marché boursier… basculent d’ici là ?
A en croire Hussman, le risque est de 99,99%
Mais là où on pense que Hussman aurait pu se tromper, ce n’est pas dans ses calculs de probabilité, mais plutôt dans sa mesure des dommages. Il est possible qu’ils soient bien plus conséquents que ce que présagent les calculs de Hussman. Ce à quoi nous faisons probablement face, ce n’est pas seulement un « amas de malheur », mais un « chaos de malheur », avec : la baisse du prix des actifs, une hausse de l’inflation, de la corruption politique et une incompétence jamais vue aux Etats-Unis, ainsi qu’un déclin prononcé de la puissance, de l’influence et de la richesse américaines.
A ne pas refaire
Commençons avec la période que Hussman décrit comme un « amas de malheurs ». C’était une période unique dans l’histoire du marché. Elle a débuté en 1972, un an seulement après que les Etats-Unis aient introduit leur nouveau système monétaire. Après cela, tous les actifs financiers (actions, obligations, biens immobiliers et cartes de baseball) se sont envolés, comme aux enchères.
Pourquoi ? Parce que la nouvelle monnaie était basée sur les crédits, pas sur les actifs. Chaque nouveau dollar équivalait à une reconnaissance de dette envers la Trésorerie américaine, et entrait dans le système financier par l’intermédiaire des banques… emprunté par les consommateurs, les entreprises ou le gouvernement fédéral lui-même.
Partant de 1972, des choses merveilleuses se sont produites. Tout d’abord, le budget fédéral n’a jamais été rééquilibré depuis (à l’exception des trois années au cours desquelles les recettes fiscales ont dépassé les dépenses… sans compter les « contributions » à la sécurité sociale). 1975 était aussi la dernière année où les Etats-Unis ont enregistré un solde commercial positif. Après cela, les 49 années qui ont suivi ont connu des déficits… avec un record en 2022 de déficit encore jamais enregistré, de 951 000$.
La fausse nouvelle monnaie a bafoué tout ce qu’elle a touché. Les salaires horaires réels ont atteint leur maximum en 1972. Le prix de la soupe Campbell [ndlr : marque de soupe très populaire aux États-Unis, vendue en boîte de conserve] a été multiplié par 10. Le ratio dette/PIB des Etats-Unis a été, quant à lui, multiplié par trois.
Oui, c’était une période étrange. La Chine, l’Indonésie, le Vietnam, le Mexique, l’Inde et plusieurs autres nations « en développement » ont tenté d’améliorer leur sort en exportant des produits bon marché, à la fois des matières premières et des produits finis, ce qui aide à maintenir les prix à la baisse en Occident.
Et la chose la plus étrange de cette époque, c’était l’argent lui-même. A la fin des années 1970, Paul Volcker, alors au poste de gouverneur de la banque centrale, a mis fin à l’inflation et a inauguré le plus grand boom boursier de tous les temps. C’est sur cette période que se base Hussman. Et c’est une époque à laquelle les prix des actions étaient considérablement déformés par la fausse monnaie et par la Fed. Dans les années 1990, à chaque fois que le marché boursier a tenté de se redresser, la Fed a baissé les taux d’intérêts, pour encourager plus d’emprunts, plus de liquidité, et des prix d’actions plus élevés.
Mais cette période est révolue. La Fed ne pourra pas refaire le même coup. C’est du moins ce que l’on croit.
Ici pour durer
Aujourd’hui nous faisons face à l’inflation : persistante, enracinée, qui n’a aucune intention de partir.
Le Breitbart rapporte :
« Le mois de janvier n’est ni une aberration, ni un hasard, ni un détour d’une tendance désinflationniste. C’était le troisième mois consécutif de hausse de l’indice des prix à la consommation (IPC).
C’est un phénomène plus rare qu’il n’y paraît. Nous avons remonté les chiffres jusqu’en 1947 et avons constaté qu’il n’y a eu que 36 périodes où l’inflation a augmenté continuellement sur une durée de trois mois. Le schéma typique, même en période de forte inflation, est celui d’une montée brusque et d’une bousculade, d’une hausse et d’une descente. Depuis le mois de novembre, l’inflation n’a fait que monter. »
Ce que cela indique, c’est que la Fed ne peut plus donner de l’oxygène à l’économie et à la Bourse, sans risquer une inflation encore plus haute. Des prix plus élevés réduiront les ventes et les bénéfices et, en fin de compte, affaibliront le marché boursier lui-même.
Pendant ce temps, l’empire glisse vers le désespoir, la presse et les universités sont devenues des armes de propagande pour les élites, l’immigration est hors de contrôle, les Alaskains et les Texans sont prêts à faire sécession, et la dette américaine se rapproche à vive allure de la plus grande crise de la dette que le monde ait connue.