Le Royaume-Uni pourrait subir une vague de faillites d’entreprises locales et de fuites de celles qui peuvent délocaliser leur production absolument sans précédent. Et si cela constituait une préfiguration de ce qui attend chacun des pays européens ?
Les calamités s’enchaînent pour le Royaume Uni : au moment où l’équipe d’Angleterre se faisait éliminer du « Mondial », le « coût marginal » du mégawatt/h se retrouvait multiplié par 5, de 400£ vers 2.000£ (2.200E), avec un coût moyen de 1.000£, soit un prix 2 fois supérieur au précédent pic historique de fin février.
Si la situation – liée à l’actuelle vague de froid – perdure, l’impact sur les entreprises, le commerce de détail et les ménages va être dévastateur.
Ce tsunami inflationniste déferle alors que la « City » débattait 24H plus tôt sur l’imminence d’une décrue de l’inflation après une culmination survenant fin décembre.
Ce sera peut-être bien le cas : le choc en retour récessionniste (toutes les entreprises, commerçants, artisans se retrouvant contraints de tirer le rideau pour cesser de perdre de l’argent) devrait en effet faire chuter brutalement la demande de gigawatts… et le prix de l’électricité devrait suivre.
Mais ce pourrait être rebelotte à la prochaine vague de froid !
Quelle entreprise, ou quel investisseur peut encore songer dans ces conditions envisager de poursuivre ses opérations dans un pays menacé de black-out énergétique à répétition, avec des coûts énergétiques ingérables ?
Cette question est bien plus grave que l’inflation : le Royaume-Uni pourrait subir une vague de faillites d’entreprises locales et de fuites de celles qui peuvent délocaliser leur production absolument sans précédent.
L’effondrement des recettes fiscales qui en résulterait rendrait les déficits budgétaires incontrôlables : les britanniques découvrent – stupéfaits – que les énergies renouvelables peuvent afficher un rendement proche de zéro : les jours sont courts, souvent gris, les éoliennes tournent au ralenti ou sont à l’arrêt en période anticyclonique (l’air froid est très stable, y compris off-shore).
Le gouvernement de Rishi Sunak va devoir réagir très vite, car la mise à l’arrêt de l’économie via l’explosion des coûts énergétiques pourrait déboucher sur une vague de grogne sociale de grande ampleur jamais revue depuis l’ère Thatcher…
Le gouvernement de Rishi Sunak va devoir réagir très vite, car la mise à l’arrêt de l’économie via l’explosion des coûts énergétiques pourrait déboucher sur une vague de grogne sociale de grande ampleur jamais revue depuis l’ère Thatcher… le Royaume Uni, via l’Ecosse, était alors un gros producteur de pétrole, ce qui amena la Dame de Fer à hâter la fermeture des mines de charbon (situées principalement au Pays de Galle) qui devenaient de moins en moins rentables.
Il faudrait des mois pour les rouvrir et les remettre en production, ce que l’Allemagne et la Pologne n’éprouvent pas trop de difficultés à faire.
C’est en effet l’avantage de ne jamais avoir totalement cessé l’exploitation des mines de charbon à ciel ouvert (lignite) des grandes plaines du Nord malgré la priorité accordée au gaz russe.
L’Angleterre est désormais à court de pétrole, les gisements de mer du Nord sont quasiment épuisés, elle extrait encore un peu de gaz, mais c’est loin de suffire pour alimenter les centrales thermiques de la métropole londonienne, en imaginant l’instauration d’un gigantesque délestage dans le reste de l’île.
Et contrairement à l’Allemagne dont la pénurie d’énergie provient du boycott du gaz russe, l’Angleterre n’a pas cessé d’en importer (l’embargo ne porte que sur le pétrole russe)… car le gaz de Sibérie ne représente que 4% de sa consommation : la Norvège est désormais son principal fournisseur, mais elle est au maximum de ses capacités.
Le problème provient donc de la difficulté d’importer des gigawatts du continent (France, Belgique, Pays-Bas principalement) qui se retrouvent en déficit du fait du mauvais état du parc nucléaire français et de l’arrêt de 75% des réacteurs que possédait l’Allemagne en 2010 (après la fermeture de 3 réacteurs fin 2021, en pleine crise énergétique – avant même la guerre en Ukraine – lesquels délivraient autant de Gigawatts que la totalité du « renouvelable » germanique : éoliennes + photovoltaïque).
L’Angleterre a également élaboré un plan d’urgence énergétique qui prévoit de possibles coupures dans les foyers et les entreprises britanniques entre 16h et 19h en cas de « grands froids » en janvier et février. Mais le gestionnaire du réseau – National Grid – n’aura probablement pas à la faire, car les britanniques couperont d’eux-mêmes leur consommation à 1.000£ le Gigawatt.
Et la grande question pour 2023 est la suivante : combien de ceux qui auront éteint cet hiver ne rallumeront pas le courant au printemps… parce qu’ils auront déposé le bilan ?
Et qui peut affirmer que la question ne se posera pas également pour des milliers de PME, commerçants, artisans en France, Belgique, Allemagne au lendemain du Jour de l’An, quand les nouveaux tarifs EDF entreront en vigueur.
En France, les particuliers seront relativement protégés avec une hausse de la facture limitée à 15%… mais si l’entreprise qui les emploie met la clé sous la porte parce que leur facture EDF est multipliée par 10, ne pas payer leur électricité plein pot deviendra vite un souci secondaire.
Et si ce qui se passe en Angleterre depuis ce 10 décembre constituait une préfiguration de ce qui nous attend au 10 janvier ?
1 commentaire
la production d’électricité est en gigawatt-HEURES et non en gigawatt, qui est une puissance…déjà signalé à philippe béchade