Trump a encore retourné sa veste pour rassurer les marchés… mais ce sursaut d’euphorie masque une réalité plus inquiétante : le président américain sape la crédibilité du dollar.
Wall Street revit : mardi, Trump a encore changé d’avis !
Une volte-face de plus, mais qui va dans le bon sens… ou plutôt qui semble démontrer que l’entourage de Trump a encore du bon sens et sait faire passer les messages d’alerte quand les marchés frôlent la catastrophe.
Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a exprimé sa confiance dans une prochaine désescalade du conflit commercial avec la Chine.
Trump a surenchéri en expliquant que des négociations avec Pékin vont avoir pour effet de faire baisser les droits de douane « considérablement ».
Et plus question de virer, dégager, limoger ce « loser » de Powell, car ce personnage n’est pas si important que cela. Trump a un plan pour se passer de sa coopération (mais il ne va pas nous le révéler dès maintenant, pour nous faire la surprise).
Mais soyons pragmatiques : si mener simultanément une guerre commerciale à la Chine et enclencher une guerre personnelle contre Powell ne manque pas de panache, ça faisait peut-être une guerre de trop ?
Si aucune combinaison d’entreprises titanesques ne semble en dehors des capacités de Trump, Wall Street se la joue petite nature et part se réfugier à la cave, en attendant que la tornade ait fini de tout saccager.
Et comme par miracle, la tornade Trump s’est dissipée au moment où les investisseurs pensaient qu’elle allait arracher les murs et le toit du New York Stock Exchange.
A la déprime de lundi (heureusement, les Bourses européennes étaient fermées, Wall Street a donc fait du boudin dans son coin) a succédé un véritable vent d’euphorie mardi soir, puis ce mercredi 23… durant la première heure de cotation.
Et quand la confiance revient, tout monte : les indices US (+6 à +6,5 % en 7 heures de cotations prise en continu), les T-Bonds (15 points de rendement en moins pour démarrer la journée), le dollar (+2 % en 36 heures face au franc suisse ou au yen).
Soyons clairs, la remontée du billet vert face au yen, c’est peut-être ce qui nous évité la catastrophe : le franchissement des « 140 » pouvait déboucher un scénario de type « 6 août 2024 », c’est-à-dire un « krach du carry-trade« , les vendeurs de yens à découvert étant contraints de se racheter en mode « panique ».
Cela aurait impliqué de liquider, en urgence absolue, tous les actifs libellés en dollar, alors qu’ils ont déjà perdu 15 % de leur valeur depuis le début de l’année (s’agissant des actions) : un véritable cataclysme multifactoriel aurait pu s’enclencher, avec un scénario château de cartes se soldant par une désintégration expresse du billet vert, des liquidations massives de T-Bonds et des taux US qui s’envolent, la bulle immobilière qui explose, etc.
Rien de moins que l’enfer sur Terre, un chaos dantesque faisant passer la crise des « subprime » et la faillite de Lehman de septembre 2008 pour des épiphénomènes purement anecdotiques… et ne croyez pas que j’exagère, cela fait 15 ans que la Fed injecte de la morphine monétaire dès que Wall Street commence à se plaindre d’une « sensation de manque ».
Mais quelque chose s’est mal passé à partir de 2021 : le dernier shoot en mode « no limit » s’est mal passé, et l’inflation a fait son grand retour.
C’était à cause d’un « effet ketchup » de la demande : le phénomène supposé être « provisoire » s’était prolongé de façon inattendue, contraignant la Fed à relever les taux de la manière la plus brutale observée depuis 40 ans.
Combattre ce genre d’inflation par la demande, la Fed sait gérer, et Wall Street a été vite rassuré.
Mais ce qui se profile est bien différent cette fois : il s’agit d’une inflation par perte de valeur du dollar – non pas du fait de l’impression monétaire –, mais parce que la planète entière se détourne du dollar, comme de la livre turque depuis 5 ans ou du peso argentin depuis 25 ans.
Ce que la Fed va devoir gérer est hors de son champ d’action : la perte progressive mais inexorable du statut de monnaie de réserve dominante du dollar.
Donald Trump pense pouvoir enrayer cela en exerçant un chantage aux tarifs douaniers : des taux réduits contre l’obligation d’utiliser (puis de conserver) le dollar pour toute transaction commerciale.
Ce chantage fonctionnera avec les satellites habituels ou alliés des Etats-Unis (Trump en compte 70), mais l’alternative « vous êtes avec nous, ou contre nous » conduira les 130 pays restants à considérer froidement ce qui est le plus avantageux : commercer en devise numérique – basée sur une référence « Or » – avec le principal fournisseur qui est la Chine et ses partenaires des « BRICS élargis »… où acheter du pétrole et du gaz dans une devise « monnaie de singe » et qui expose à des sanctions si l’émetteur – les USA – décide que l’usage fait du dollar ne convient pas à ses plans de domination planétaire, tandis que le président change de stratégie économique et douanière toutes les 48H.
Devinez quel choix cornélien vont faire ceux dont 80 ou 90 % des échanges se font déjà avec les pays reliés par les « routes de la soie » ?
Et fondamentalement, qui a envie de détenir la monnaie d’un pays gouverné par un « instable » qui fait valser les marchés et le dollar chaque fois qu’il veut faire la une de la presse financière mondiale ?
Peu importe que la dernière volte-face de Trump ait euphorisé Wall Street en mode « FOMO » : chaque volte-face est en réalité une volte-face de trop.
1 commentaire
La Stabilité au profit de qui ?
La crise n’est absolument pas due à Tump qui ne gouverne que depuis quatre mois. Elle est due à ses ennemis, qui sont au pouvoir depuis des dizaines d’années. Pour masquer leurs incompétences et surtout protéger leurs profits, ces « élites » dénoncent « Trump l’Idiot ».
Personne ne sait exactement ce que Trump dira ou fera demain. Toute sa politique repose sur l’incertitude qui bouscule les croyances confortables dictées par les élites occidentales. Pour leur Profit. Pas celui des peuples occidentaux qui ne cessent de s’appauvrir depuis trente ans.
Cette politique de l’incertitude a réussi à Trump « l’Idiot », dans ses affaires personnelles. Il fait partie des rares hommes politiques qui se sont enrichis, avant de faire de la politique.
Le seul message important de Trump est celui-ci : l’Occident, USA en tête, ne domine plus l’économie mondiale : il est impératif, vital, d’en tirer les conséquences politiques et économiques.
Trump, « Protectionniste » a compris la mondialisation.
Évidemment Trump tire les conséquences de ce fait, d’abord pour les USA.
Évidemment Trump est « instable », c’est voulu, il changera de politique, s’il l’estime utile.