Au lieu d’accords réels, ce sont les faux-semblants qui dominent… et la violence qui progresse.
« Nous pouvons facilement parvenir à un accord entre l’Iran et Israël et mettre fin à ce conflit sanglant. » – Donald J. Trump, 15 juin 2025
L’un des aspects les plus étonnants du régime de Trump, c’est le peu d’accords réellement conclus par ce prétendu maître-négociateur. Aucun accord n’a été signé dans les terres gelées du Groenland ou du Canada, ni sous les tropiques du canal de Panama. Mais qui s’attendait à autre chose ? Rien ne devait se produire, et rien ne s’est produit.
Et peut-être que les politiques publiques ne se résument pas simplement à tenter d’obtenir un meilleur deal.
Prenons les guerres, par exemple – celles parrainées et financées par les Etats-Unis, en Ukraine et à Gaza. Il serait facile pour les Etats-Unis d’en faire cesser les massacres. Il suffirait de couper le flux d’argent et d’armes vers les belligérants. Cela ne nécessiterait pas de négociateur, mais un véritable acte de rupture : s’opposer au complexe militaro-industriel, aux grands donateurs… défier les néoconservateurs et les sionistes. Donc, aucun accord ; la violence continue.
Il n’y a pas eu d’accord non plus concernant la DOGE. Musk a mis au jour des gaspillages chiffrés en milliards. Le Congrès et la Maison-Blanche auraient pu réagir, en réduisant durablement certains programmes et budgets. Aucun accord n’était requis. Pourtant, rien ne s’est passé. Et il n’y a pas eu de grandes révélations non plus : les politiciens savent pertinemment combien le Trésor peut espérer encaisser en recettes fiscales. Il leur suffirait d’un peu de courage pour maintenir les dépenses en deçà de ce seuil.
Mais le Congrès, qui théoriquement contrôle le budget, n’a aucune intention de restreindre les dépenses. Le président non plus. La DOGE n’était qu’un spectacle.
Il y avait aussi les tarifs douaniers. L’équipe Trump avait promis des tarifs « réciproques » censés rééquilibrer le commerce mondial et relocaliser l’industrie manufacturière aux Etats-Unis. Mais après un repli du marché boursier, Trump a reculé et s’est remis à conclure des accords. Des accords jamais finalisés, car les véritables accords sont passés entre acheteurs et vendeurs – non entre bureaucrates.
L’administration aurait pu se retirer et laisser les opérateurs commerciaux s’entendre. Au lieu de cela, les droits de douane ont été imposés, suspendus, modifiés, renégociés… jusqu’à créer un méli-mélo de taxes commerciales rendant presque impossible toute activité normale pour les vrais négociants.
Le Daily Mail rapporte :
« Les entreprises mettent en garde contre l’agitation et la confusion générées par les guerres commerciales de Trump, qui freinent la relance industrielle américaine. »
‘Le dernier rapport sur l’emploi a montré une perte de 8 000 emplois manufacturiers le mois dernier – la plus forte baisse depuis le début de l’année.’ »
L’inquiétude est vive dans le Midwest, qui concentre toujours la majorité des emplois industriels américains, malgré les dizaines de milliers de suppressions liées aux délocalisations du début des années 2000.
Gus Faucher, économiste en chef chez PNC Financial Services Group à Pittsburgh, déclarait à Bloomberg : « Dans l’ensemble, cela va peser sur l’économie américaine. »
Les fausses « négociations » encouragent également les autres pays à conclure leurs propres accords en dehors de Washington. Le New York Times :
« Trump éloigne ses alliés… et les rapproche les uns des autres.
Les alliés traditionnels des Etats-Unis se tournent de plus en plus les uns vers les autres pour défendre leurs intérêts, renforçant leurs liens alors que l’administration Trump les malmène avec des tarifs douaniers et d’autres mesures perturbant commerce, diplomatie et défense.
Inquiets de l’évolution des priorités américaines depuis l’investiture de Trump, certains partenaires historiques se sont concentrés ces derniers mois sur le renforcement de leurs relations bilatérales, sur l’affirmation de leur diplomatie… et sur la mise à l’écart des Etats-Unis. »
Mais « l’accord » le plus fondamental – la réduction des déficits et la discipline budgétaire – n’a jamais été mis sur la table. Ce n’est pas un problème de compétence en négociation. Le budget pourrait être équilibré. Mais cela supposerait d’accepter une douleur à court terme pour un bénéfice à long terme. Ce n’est ni le mode de fonctionnement de la politique… ni celui de Donald J. Trump. Résultat : les déficits continuent de se creuser.
Et maintenant, une nouvelle guerre, une nouvelle occasion de mettre en scène de faux accords ! Cette guerre, nous dit-on, est une opération « d’hygiène géopolitique », menée par les Etats-Unis et Israël, censée empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire. Mais tout le monde sait que l’Iran ne constitue pas une véritable menace atomique.
Tulsi Gabbard, ancienne membre du Congrès :
« Nous continuons de penser que l’Iran ne construit pas d’armes nucléaires, et que le Guide suprême Khamenei n’a pas réactivé le programme militaire suspendu en 2003. »
Même si l’Iran possédait une bombe nucléaire (ce qui n’est pas le cas), que pourrait-il en faire ? En s’en servant, il signerait sa propre destruction. Israël, qui dispose de centaines de têtes nucléaires, l’anéantirait.
Voilà pourquoi l’Iran a accepté de renoncer à ce programme et de se soumettre à des inspections régulières. Non parce que ses dirigeants sont vertueux, mais parce que les armes nucléaires ne leur seraient d’aucune utilité.
C’était un véritable accord. L’Iran a abandonné un programme inutile ; Israël a cessé de s’en inquiéter.
Aujourd’hui, les Etats-Unis pourraient, s’ils le voulaient, mettre fin aux tueries et à la destruction. Il leur suffirait d’arrêter de les soutenir. Mais comme souvent, cette guerre repose sur des fondements mensongers. Et ce n’est pas avec des simulacres d’accords qu’on y mettra fin.
Le monde, lui, penche un peu plus chaque jour vers la violence.
1 commentaire
Madame Gabbard et vous pensez que l’ex-locataire de Neauphle n’étai pas un fou furieux ; sans doute pas plus que le monstre de Corée ? Tous deux sont capables de « suicider » leurs peuples respectifs.