Les insanités se poursuivent sur les marchés, avec le retour des banques centrales à des politiques toujours plus accommodantes… et de la monnaie toujours plus fausse.
Nous sommes de retour à Dublin. Alors que l’été bat son plein, la température n’est que la moitié de ce qu’elle était à Dubaï.
Il faisait 43°C sur les rives du Golfe Persique… si chaud que nous ne pouvions sortir plus d’une minute ou deux ; lorsque nous sommes descendu de l’avion au bord de la rivière Liffey à Dublin, le thermomètre n’était qu’à 13°. On se serait cru fin novembre dans le Maryland.
Mais Dublin grouille d’activité. Le soleil brille et fait sortir les foules. Les rues, les boutiques et les bars sont pleins à craquer, les touristes et les locaux cherchant à sentir le soleil sur leur visage au moins une fois avant le retour de l’hiver.
Pendant ce temps…
La Fed n’est plus « patiente »
La semaine dernière, la Fed a déclaré qu’elle était toujours là pour les investisseurs. Il n’y aura pas de hausse des taux, a déclaré Jerome Powell, président de la Réserve fédérale. Le mot « patience » était notablement absent des remarques de Powell. Cela implique que la prochaine étape pourrait être une baisse des taux.
Bloomberg révèle ce qu’il s’est passé ensuite :
« La Fed perd patience et c’est la folie sur presque tout ce que l’on peut trader.
Les actions ont atteint des records, les obligations ont grimpé, le pétrole a bondi de près de 10% et même l’or s’y est mis, les intervenants fêtant le retour de la Réserve fédérale à une politique accommodante. Un calcul approximatif montre qu’on n’avait plus constaté de rebond généralisé aussi vigoureux depuis 2011″.
Et :
« Le bitcoin a dépassé les 11 000 $ pour la première fois en 15 mois, reprenant plus de la moitié de la hausse parabolique qui avait captivé les investisseurs grand public avant l’éclatement de la bulle des cryptomonnaies l’an dernier ».
Que faut-il en déduire ?
Censure et calembredaines
A ce stade, nous faisons une pause et reprenons les journaux de dimanche. Il est utile de nous rappeler que 95% de ce qu’on lit sur la politique publique n’est que lamentables calembredaines. Se pourrait-il que ces tendances en fassent partie ?
En Irlande, le Sunday Independent est allé droit aux idioties.
« Premiers contrôles sur les réseaux sociaux « , pouvait-on lire en première page. Les autorités irlandaises ont mis en place un « organisme de veille » ayant pour objectif de « cibler les contenus nocifs ».
Qu’est-ce que du contenu nocif ? Tout dépend qui est aux commandes.
En Chine, tout ce qui critique le parti communiste, le gouvernement ou ses politiques économiques est non seulement nocif, cela vous conduit tout droit en prison.
A Dubaï, le blasphème, l’outrage aux bonnes moeurs, l’insurrection — mais aussi se travestir, jurer ou danser en public — peuvent vous faire arrêter.
Aux Etats-Unis, au XIXème siècle, l’inspecteur des Postes et activiste anti-vices Anthony Comstock a interdit l’expédition de manuels d’anatomie via le service postal américain, au motif qu’ils étaient obscènes. Durant sa carrière de censeur, il aurait détruit 15 tonnes de livres et quatre millions d’images.
En Irlande, en page six du Sunday Independent, nous voyons les censeurs baver sur le food porn. Selon le Dr Donal O’Shea, ces images de plats alléchants postées sur les réseaux sociaux « normalisent » les compulsions alimentaires.
« Il y a d’énormes implications pour la santé », déclare un larbin du gouvernement, appelant à la chirurgie, à la censure et autres interventions abusives.
Certes, il y a d’importantes implications pour tout le monde, répondons-nous. Mais si vous laissez les autorités censurer vos opinions et vos pensées, vous êtes un crétin. Comment un censeur saurait-il mieux que vous ce que vous devriez voir ou penser ?
Le Sunday Independent ne se donne pas la peine de soulever la question.
Toujours plus de fausse monnaie
Pas plus que les grands médias ne se demandent comment un banquier central pourrait savoir quel taux d’intérêt est bon pour vous.
La semaine dernière, Jay Powell, président de la Réserve fédérale américaine, et Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, ont tous deux affirmé leur volonté de fournir de nouvelles mesures de relance dans les mois qui viennent.
En d’autres termes, les gardiens des mesures de valeur les plus importantes au monde ont déclaré qu’ils prêteraient plus de fausse monnaie à des taux d’intérêt encore plus factices.
Cela a bien entendu causé des palpitations cardiaques sur les marchés. Les investisseurs sont plutôt certains qu’une situation déjà cinglée va le devenir plus encore à l’avenir.
Ils ont probablement raison – mais il n’est pas garanti qu’ils apprécieront.
Comme vous le savez, cher lecteur, à La Chronique, nous essayons simplement de relier les points. Et ce qui prend forme, c’est un tableau vertigineux. Il est presque impossible à croire. Nous nous frottons les yeux de stupéfaction devant une telle folie. Comme est-ce possible ?
Les investisseurs obligataires détiennent 13 000 Mds$ de prêts à taux négatifs… et paient pour ce privilège. Le marché boursier américain a atteint des sommets historiques alors que l’économie ralentit. Et les gens recherchent si désespérément une devise honnête qu’ils se tournent vers le bitcoin… qu’ils ne peuvent ni voir, ni toucher, ni comprendre.
Comment est-ce possible ?
Nous fronçons les sourcils et regardons cela de plus près. Du brouillard émerge une hypothèse… une explication presque aussi étrange que le tableau lui-même : les investisseurs ont laissé les autorités censurer leurs marchés.