Politiques et marchés financiers : une incompréhension qui date (1/2)
Les politiques n’acceptent jamais la sanction des marchés.
Les politiques n’acceptent jamais la sanction des marchés.
La reprise en « V » ne se matérialise pas, les vulnérabilités se multiplient, le système bancaire et financier mondial reste extrêmement fragile : la crise couve… et peut se réveiller du jour au lendemain.
▪ Une journée de trève sur les marchés hier — de celles où il n’y a rien à dire, où pas grand-chose n’est publié, où les investisseurs reprennent leur souffle. Ils font bien, car la séance d’aujourd’hui s’annonce agitée, avec la publication de statistiques américaines très attendues (emploi et activité principalement).
▪ Le CAC 40 est revenu de 3 775 points à 4 000 points en l’espace d’une petite semaine. Soit un gain hebdomadaire de 6%. Cela faisait longtemps qu’on avait connu un rebond d’une telle ampleur.
Depuis le 17 août dernier, quatre grandes puissances occidentales sont dans le collimateur de Moody’s. La France, les Etats-Unis, l’Allemagne et la Grande-Bretagne pourraient se voir privés de leur sacro-saint triple A. Pour l’agence, ces pays n’ont jamais été si proches d’une future dégradation — elle estime notamment que "les défis liés aux ajustements budgétaires impliquent que le chemin à parcourir avant un abaissement de la note s’est encore réduit". Pour l’heure, rien n’est encore joué. La dégradation n’est pas encore à l’ordre du jour… mais la question pourrait se poser à plus ou moins long terme
Wall Street a peut-être tort de se réjouir : la Chine possède elle aussi une agence de notation dénommée "Dagong Global Credit Rating" (DGCR)… et tient à ce que cela se sache. Pas question de publier une première enquête globale sur la dette souveraine des 50 premières économies mondiales qui ressemble à un bol d’eau tiède. DGCR frappe très fort pour son premier rapport. Elle a dégradé simultanément les notations "AAA" des Etats-Unis (à "AA") et de l’Allemagne (à "AA+"), ainsi que de la Grande-Bretagne et de la France (à "AA-"). L’Espagne, la Belgique et l’Italie se sont vues sanctionnées d’un peu rassurant "A-". Le buzz était garanti de la City à Manhattan en passant par Tokyo et Singapour
Pour ce que ça vaut, les chiffres officiels du Trésor US annonçaient 12 989 095 409 531,09 $ le 26 mai au matin. Ce chiffre est apparemment mis à jour une seule fois par jour. En revanche, le site USDebtClock.org annonce le montant de la dette en temps réel. Selon ce site, le gouvernement doit déjà un milliard de plus que les 13 000 milliards de dollars annoncés
Le jeune Fabrice Tourre a fréquenté toutes les bonnes écoles parisiennes. Il devait être bon en maths, parce qu’il a été admis à Stanford. Ensuite, il est allé de l’avant, et vers le haut… Il a un décroché un emploi chez Goldman Sachs. Ses jolis produits dérivés ont perdu 85% de leur valeur en cinq mois seulement, ses clients l’ont mal pris, et voilà qu’il se retrouve avec une meute de sénateurs à ses trousses
Vous entendez ce grondement ? C’est le bruit des organisations financières surendettées qui commencent à s’effondrer. C’est l’agence de notation Fitch qui a déclenché le grondement quand elle a abaissé à AA la note de la dette souveraine du Portugal et qu’elle a commencé à avoir un point de vue plutôt négatif sur la nation lusophone. L’analyste Douglas Renwick a écrit : "un choc budgétaire considérable avec pour toile de fond une faiblesse structurelle et macro-économique a réduit la solvabilité du Portugal… Même si le Portugal n’a pas été affecté de manière disproportionnée par le renversement mondial, les perspectives d’une reprise économique y sont plus faibles que pour 15 de ses pairs de l’Union européenne, et cela va forcément exercer une pression sur ses finances publiques à moyen terme"
J’ai assisté mercredi dernier à un déjeuner dont l’invité d’honneur était Eric Woerth. Je n’ai pas pu laisser passer l’occasion de l’interroger sur les mesures gouvernementales visant à rassurer les agences de notation. Vous connaissez pourtant tout le bien que je pense de ces dernières et mon malaise à la seule évocation de l’obligation de jouer les bons élèves à leurs yeux… un comble lorsque l’on dresse la liste de leurs erreurs de l’époque Enron, Worldcom ou Vivendi puis vis-à-vis des subprime et autres MBS de 2005 à 2007
La monétisation par la Banque centrale américaine a atteint ses limites physiques. C’est d’autant plus vrai que les banques chinoises doivent maintenant réduire la voilure et envisager de liquider quelques actifs pour respecter leurs ratios de solvabilité. Les T-Bonds US apparaissent tout désignés pour leur fournir un bon ballon d’oxygène dans une atmosphère de crédit raréfié
Vous avez entendu parler des "BRIC". Ce sont ces économies qui se développent à un rythme galopant : le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine. Nous avons désormais les "PIIGS" : Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne (Spain, en anglais). Ce sont les pays européens dont les finances nationales sont le plus en détresse. Les trois agences de notation, Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch, n’y sont pas allées de main morte sur les PIIGS cette année
Nous étions convaincu que la lutte des bulls contre les bears était sur le point de trouver son épilogue… et le moment pouvait difficilement être mieux choisi que le vendredi 20 juin, avec l’expiration des options et contrats sur indices et options (mensuelles, trimestrielles et même semestrielles). Dès jeudi soir, nous étions effectivement parvenus à un tournant.
La grande question qui nous taraude aujourd’hui est donc la suivante : J.C. Trichet vient-il de pousser un nouveau pion de manière particulièrement offensive, confirmant ainsi une stratégie de longue haleine visant à renforcer la suprématie de l’euro sur le dollar
Plusieurs générations d’investisseurs ont fait confiance à l’infaillibilité de Moody’s. Une génération de vendeurs à découvert a préféré mépriser cette notion. Les marchés financiers ont mis un terme au débat : Moody’s est faillible. Au cours de l’histoire illustre — 99 ans — de Moody’s Investor Service, la très respectée agence de notation a joui d’une réputation quasi-papale d’infaillibilité. Moody’s a distribué ses notes comme autant de bulles pontificales, établissant ainsi un canon sacré pour des générations d’investisseurs
Selon Greenspan, cité dans La Tribune, il est trop tôt pour dire si le pire de la crise financière est passé. L’ex-président de la Fed a expliqué que "cela dépendra de la tenue du marché immobilier. Selon lui, les prix des logements vont perdre encore 10% par rapport à leurs niveaux de février, soit un déclin de 25% depuis que le recul s’est amorcé sur fond de crise des crédits à risque, les fameux subprime"
De nombreuses études prouvent aussi l’attrait de l’or en tant que refuge sur la base de sa "non-corrélation" avec des actifs titrisés comme les actions et les obligations. Les prix de l’or évoluent indépendamment des marchés financiers plus larges — ni avec eux, ni contre eux. Cette absence de corrélation fait de l’or un composant essentiel de tout portefeuille diversifié