▪ Le scénario de correction que nous avions anticipé depuis vendredi dernier était le bon. Les stratégies proposées se sont avérées 100% efficaces ; les effets de levier conseillés ont permis de transformer un repli de 5% du CAC 40 en un gain de 10%.
Rétrospectivement, cela a l’air facile : un marché, ça monte et ça baisse… Mais il faut se souvenir qu’après un épisode quasi identique de neuf séances de hausse consécutives (qui avait démarré à la mi-juillet 2009), le CAC 40 avait consolidé à l’horizontale durant 48 heures. Il avait ensuite embrayé pour un nouvel épisode de 12 séances de progression ininterrompue qui s’était prolongé jusqu’à la mi-août. Le gain total avait été de très exactement 20% entre 2 958 et 3 556 points en un mois jour pour jour.
Mais au fait… la clôture d’hier ne s’est-elle pas effectuée très exactement sur ce même palier des 3 556 points ? Peut-il s’agir d’une pure coïncidence ? A moins que certains sherpas des places boursières européennes ne se montrent nostalgiques des sommets conquis un an auparavant… Seriez-vous surpris d’apprendre que l’Euro-Stoxx 50 testait lui aussi la zone des 2 645 points entre le 30 juillet et le 15 août 2009 ?
Ce qui a changé entre temps, c’est la valeur de l’euro. Il se négociait en effet autour de 1,4000/1,4150 $ les 23, 24 et 25 juin 2009, contre 1,23 $ en moyenne cette semaine. Cela représente un écart de 15% pour retrouver une telle parité.
Le niveau actuel du dollar devrait donc constituer un avantage pour les valeurs françaises — mais l’évolution du CAC 40 ne confirme pas cette hypothèse. Les investisseurs ont de bonnes raisons de penser que les marchés sont correctement valorisés. Vous ne trouverez plus que quelques incorrigibles optimistes pour penser que les anticipations de croissance économique formulées au début de l’été 2009 concernant 2010 et 2011 ont encore des chances de se matérialiser.
▪ Il y a pourtant au moins un argument auquel nous ne pouvons rester insensibles : le plan de relance de Barack Obama, d’un montant de 750 milliards de dollars, a été conçu dans le but de produire des effets visibles d’ici les élections de mi-mandat, au mois de novembre.
Alors que 25% seulement des sommes affectées à la relance ont été effectivement dépensées en 2009, les 75% restant devraient l’être au cours des neuf premiers mois de l’année 2010. Si cela ne crée pas des emplois, si les chantiers de travaux publics ne surgissent pas de toutes parts, à la verticale comme à l’horizontale, c’est que ces centaines de milliards de dollars se perdent dans le sable… Ou plutôt elles servent à éviter la faillite à une bonne douzaine d’états dont la situation budgétaire et le niveau d’endettement n’a rien à envier à la Grèce !
S’il fallait mentionner quelqu’un qui n’a pas l’air de croire un instant à l’efficacité du plan de relance de la Maison Blanche, ne le cherchez pas parmi l’équipe de rédaction que vous subissez tous les jours, ni parmi les sceptiques ou annonciateurs de catastrophes patentés que sont Nouriel Roubini, Joseph Stiglitz ou George Soros.
Non, s’il est bien quelqu’un qui n’envisage aucune embellie de l’économie américaine dans un avenir prévisible, c’est Ben Bernanke.
Il suffit pour s’en convaincre de décortique le dernier communiqué de la Fed, publié mercredi soir. La Réserve fédérale américaine y souligne notamment des « poches de faiblesses » dans de nombreuses régions des Etats Unis, une consommation globalement atone, une stagnation de l’offre de crédit et un secteur immobilier déprimé, ce qui affecte négativement le sentiment de richesse des ménages.
▪ Et c’est sans compter avec la contreperformance des marchés due à la récente crise des dettes souveraines européennes ! Cette dernière a d’ailleurs semblé rebondir ce jeudi avec des emprunts grecs à 10 ans dont le rendement déborde allègrement la barre des 10% : il y a le feu !
Les CDS destinés à couvrir les bons du Trésor émis par Athènes « coûtent » un record de 1 000 points de base. Il faut désormais compter plus d’un euro pour couvrir 10 euros investis. Cela nous rappelle le bon vieux temps où Bear Stearns ou Northern Rock ne parvenaient plus à se refinancer tandis que les épargnants britanniques faisaient la queue dans la rue pour récupérer leurs économies en espèces sonnantes et trébuchantes.
Une telle situation ne peut théoriquement déboucher que sur un désastre ; ce fut effectivement un sentiment largement partagé sur les places de l’Eurozone en fin d’après-midi, lorsque les indices perdaient collectivement 2,5%.
▪ Le CAC 40 avait rapidement enfoncé les 3 630 points jeudi matin. Cela le prédisposait à refermer dans la foulée le gap des 3 570 points du 11 juin dernier, puis à retracer les 3 550.
Il a même dérapé jusque vers 3 543 points, affichant alors 100 points de repli par rapport à mercredi soir — testant ainsi ses niveaux de clôture du vendredi 11 juin (3 555 points) ou du 3 juin (3 557 points). Le repli hebdomadaire s’élevait jeudi soir à 3,6%, contre +3,7% la semaine précédente. Il s’agit d’un véritable retour à la case départ, de l’avis de nombreux chartistes qui considère que le marché parisien vient de retrouver son point d’équilibre. Ce n’est pas faux si l’on fait la moyenne des extrêmes testés successivement depuis le 1er janvier.
Le CAC 40 vient en effet d’effacer en seulement trois séances 50% de sa récente hausse (c’était chose faite à 3 570). Il s’est en outré rapproché d’un retracement de -60% — ce seuil est à 3 530 points.
Si la correction allait au-delà, il faudrait s’inquiéter de voir l’indice phare en repasser par les 3 300 points. Cependant, un faisceau d’éléments glanés tout au long de la séance de jeudi nous invite à parier que ce ne sera pas le cas. Wall Street a montré dès la mi-séance sa détermination à ne pas se laisser entraîner dans la spirale baissière qui a suscité un petit vent de panique sur le Vieux Continent.
▪ La fermeté de l’euro, qui se négocie entre 1,2360 et 1,2380 $, a incontestablement freiné le recul des valeurs américaines à mi-séance. Ce phénomène constitue d’ailleurs un singulier paradoxe : qu’est-ce qui tétanise à ce point les gérants actions mais qui les laisse les cambistes indifférents ?
L’euro s’est très bien tenu jeudi, contrairement à de précédentes situations « chaudes » sur les
emprunts grecs ou espagnols. Il progressait même en direction des 1,24 $ en début de soirée avant de se tasser vers 1,2360 à la mi-séance à New York.
Si l’euro reste bien le baromètre de l’aversion au risque, alors les paroles du CAC 40 ne collent pas avec la musique du Forex. Et le marché des changes, c’est le grand orchestre avec sa grosse caisse, ses trompettes et ses cymbales contre une soprano réputée pour la délicatesse de son timbre : le match des décibels est fortement déséquilibré !
Les gros flux de capitaux se sont échangés sur le Forex, pas sur le CAC40 avec ses pauvres 3,65 milliards d’euros négociés en un peu plus de sept heures — soit 500 millions d’euros par heure, contre 500 millions à la minute sur les divers couples de devises impliquant la monnaie unique.
Suivez l’euro/dollar et vous aurez peu de chances de faire fausse route en ce qui concerne l’orientation des indices boursiers d’ici mercredi prochain.
Cela s’est vérifié en fin de séance à Wall Street, qui s’est longtemps senti rassurée par un euro qui se maintenait au-dessus des 1,2350 $… Cependant, les acheteurs ont « lâché l’affaire » à une heure de la clôture lorsque le dollar s’est rapproché des 1,23/euro.
Les indices américains ont imité leurs homologues européens. Ils ont suivi les banques, pénalisées par l’anticipation de l’instauration d’une taxation des activités financières de part et d’autre de l’Atlantique (pour participer au remboursement des sommes colossales mobilisées pour sauver le système bancaire).
Passé ce mouvement d’humeur, nous verrons si les indices boursiers retrouvent leur sérénité ou si de nouveaux nuages commencent à poindre à l’horizon. Cela plus précisément du côté du soleil levant… avec un Japon archi-surendetté et une Chine en surchauffe immobilière et en sur-stockage spéculatif de matières premières.