▪ La Chine a troqué la fuite en avant vers le mirage de la croissance à deux chiffres pour mieux se jeter dans la fuite en avant dans le shadow banking.
Après les injections massives post-crise de 2008/2009, la banque centrale chinoise a tenté de reprendre le contrôle de la situation en 2011, en bridant la capacité de prêt des banques au profit de secteurs non rentables… Mais le shadow banking a pris le relais tandis que le marché interbancaire se grippait : les encours du « crédit alternatif » auraient explosé de 45% en deux ans et demi, pour atteindre entre 2 200 et 2 500 milliards de dollars en 2013 (selon l’estimation de Bank of America).
Malgré la spectaculaire montée en puissance du shadow banking, la Chine a dû se résoudre à injecter des liquidités dans l’urgence le 21 janvier — cela afin d’éviter que son propre système financier se retrouve victime d’un syndrome de la crise grecque.
Nous savons tous que les candidats à la faillite sont le plus souvent des d’entreprises d’Etat, gérées par des dirigeants du Parti ou des membres de leur famille.
Pékin, qui se retrouve juge et partie, ne parvient pas à se sortir de cette contradiction. Quant à la nouvelle équipe au pouvoir, elle ne peut s’offrir le luxe d’entamer sa mandature — placée sous le signe de la réduction des inégalités — en mettant des millions de salariés/fonctionnaires au chômage.
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Les banques centrales comme la Bundesbank demandent à rapatrier leur or des coffres américains et français.
Ce qu’elles ne savent pas, c’est qu’elles risquent fort de ne jamais revoir leurs lingots !
Découvrez pourquoi sans plus attendre : il pourrait y avoir de spectaculaires profits à la clé.
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Lloyd Blankfein, le PDG de Goldman Sachs invité au Forum de Davos, expliquait sur CNBC (le vendredi 25, alors même que les bourses mondiales dévissaient de 2,5%) que la Chine ne dispose pas des mécanismes lui permettant de traiter le problème des créances douteuses.
Soucieux de ne pas froisser de susceptibilités, il s’est abstenu de se montrer trop précis mais chacun comprend bien ce à quoi il fait allusion. Pékin ne peut déclarer en faillite les emprunteurs défaillants : cela supposerait leur restructuration, voire leur liquidation, avec un coût social exorbitant (licenciements massifs). Inenvisageable en cette période de ralentissement économique…
▪ Le gouvernement met la main à la poche
Alors Pékin « remet au pot » et refinance ses banques en attendant de trouver une solution systémique. Cela permet aux groupes déficitaires de survivre tandis que les PME du secteur privé n’ont d’autre choix que de se tourner vers le shadow banking (organismes de cautionnement, prêteurs sur gage).
Les gros emprunteurs ont souvent affaire à des entités hors bilan créées par les banques commerciales — pourtant exsangues. Leur activité de financement occulte attire des capitaux privés à la recherche de rendements pouvant atteindre 10% (quand les dépôts ordinaires sont rémunérés à 3%). Ce sont là les subprime à la chinoise, très prisés des gérants de fortunes… et ils représenteraient plus d’un quart des encours de crédit en circulation.
Même des entreprises industrielles chinoises ont mis le doigt dans l’engrenage, en se servant de leurs stocks (acier, minerais, produits semi-finis) comme caution auprès de banques classiques. Cette activité de refinancement occulte s’avère infiniment plus rentable, vu les taux pratiqués, que l’exploitation d’usines ou de mines obsolètes !
▪ Quand les entreprises s’y mettent aussi
Coopérant étroitement avec les banques, nous trouvons également les « organismes de caution ». Ils seraient près de 20 000 enregistrés sur le sol chinois, dont 5 000 brassant de gros volumes de crédit.
Ces structures, parfaitement légales et réglementées, fournissent des garanties à des prêteurs à risque. Elles leur permettent ainsi d’accéder à des crédits bancaires malgré l’assèchement des liquidités orchestré par Pékin. Ces mêmes organismes prélèvent parfois une partie du montant des crédits pour lesquels ils se sont porté caution, pour octroyer à leur tour des prêts encore plus risqués mais assortis de taux plus élevés.
Enfin, il y a les pawn shops. Bien connus depuis près de deux millénaires, et malgré une éclipse longue de 40 ans correspondant à l’époque Mao (leur interdiction n’a été levée qu’en 1987), ces sociétés de prêts sur gage se sont remises à prospérer dans leur activité à très court terme (prêts de un à trois jours) auprès des particuliers et des PME. Censées disposer d’un capital équivalent à un million de dollar, ces sociétés seraient déjà plus de 4 000 en activité — et leur opacité les met à l’abri de tout contrôle des autorités bancaires… sauf à ordonner leur fermeture manu militari.
Nous mesurons pleinement, à la lumière de l’architecture du système de financement alternatif, à quel point il sera difficile à la banque centrale chinoise — et à Pékin — de reprendre le contrôle de l’offre de crédit. Tout est conçu pour contourner la capacité de réguler le marché des capitaux.
Dans un système capitaliste en théorie gouverné par la « main invisible » qui garantit la meilleure allocation des ressources, nous avons vu surgir la crise des subprime de 2005 à 2008… Alors imaginez ce qui peut survenir dans un ex-pays collectiviste centralisateur où la « main invisible » est tatouée du mot « corruption ».