Si l’inflation force les ménages à payer plus cher pour consommer autant, il faut bien que l’argent vienne de quelque part…
Commençons aujourd’hui avec une chanson des années 1940, sur les mineurs de charbon américains :
You load 16 tons, what do you get?
Another day older and deeper in debt…
[NDLR : Vous charriez 16 tonnes, qu’est-ce que vous obtenez ?
Plus vieux d’un jour et encore plus endetté]
Nous avons calculé que l’inflation coûtait environ 300 $ par mois à un ménage moyen, juste pour couvrir ses frais habituels.
D’où vient cet argent ? Selon Business Insider :
« Les Américains se sont servis de leurs cartes de crédit à un rythme record, ces derniers mois, dans un contexte où l’inflation grignote les économies accumulées par les gens pendant la pandémie.
L’endettement total des ménages a atteint 15 800 Mds$ au quatrième trimestre 2021, indique cette semaine la Fed de New York, soit une augmentation de 333 Mds$ par rapport au trimestre précédent. Les soldes des cartes de crédit ont atteint 860 Mds$, à eux seuls, soit une augmentation de 52 Mds$ sur cette même période.
C’est la plus forte augmentation trimestrielle constatée par la Fed depuis 22 ans qu’elle collecte des données, déclarent les analystes, en ajoutant que ce bond de l’endettement a globalement été alimenté par les achats de logements et de voitures. »
Oui, jour après jour, vous vieillissez d’un jour. Et, souvent, vous êtes encore plus endetté.
Un modèle très basique
Il y a des modèles pour tout, dans la vie.
Regardez une feuille d’arbre. Ecoutez une chanson. Regardez une église, ou un funérarium.
Si vous construisez une maison qui ressemble à une église… ou à un abattoir… cela peut tout de même fonctionner. Mais comme un chapeau de cowboy sur la tête d’un banquier suisse, « il y a quelque chose qui cloche ».
Une maison doit ressembler à une maison. Une chanson doit avoir le son d’une chanson. Et vous devez « en avoir pour votre argent ». Si vous cambriolez une banque… ou que vous provoquez une inflation monétaire… ou que vous empruntez trop d’argent… alors, vous n’aurez que ce que vous méritez.
Parfois, les définitions bougent. Il y a toujours de l’innovation… de l’expérimentation : les limites sont repoussées… puis elles reculent.
Les actes entrainent des conséquences. Ces conséquences sont souvent décrites comme du « bon sens » ou nous sont signalées dans des leçons de morale, du folklore, ou des citations de la Bible.
Elles établissent des modèles de vie qui se répètent dans des films, des romans… et même au journal télévisé du soir !
« Qui sème le vent récolte la tempête » en fait partie.
D’autres proverbes américains sont plus concrets :
Par exemple « prenez soin de vos outils et ils prendront soin de vous », « surveillez bien vos pièces d’un cent et celles de cinq cents veilleront sur elles toute seules », ou bien « si vos dépenses dépassent vos recettes, vos frais de subsistance causeront votre perte » [NDLR : traductions littérales].
Des tendances de valeur
Carl Jung affirmait que des « archétypes » étaient profondément enfouis dans le psychisme des humains. Il disait qu’on pouvait les retrouver dans les contes et les mythes.
Peut-être. Nous remarquons que nous avons certaines idées, presque innées, concernant la valeur des choses. Et nous les exprimons dans des modèles de marché.
Par exemple, les actions évoluent à la hausse ou à la baisse, mais il est rare – et seulement temporaire – qu’elles s’éloignent énormément d’un canal normal. Cela donne lieu à ce conseil des anciens : achetez bon marché et vendez cher. Ce conseil serait inutile, sans modèle.
Mais si vous mesurez les tendances du marché actions en dollars, vous êtes facilement désorienté et dupé. Si un charpentier se sert d’un mètre ruban élastique, il a du mal à produire quelque chose de droit.
Le dollar a perdu 96% de sa valeur depuis que la Fed a été créée pour le protéger. Il en perd encore plus chaque jour… actuellement à un rythme de 7,5% (officiellement) par an.
A cet égard, un meilleur indicateur consiste à comparer le cours d’une action aux bénéfices de son entreprise : le ratio cours/bénéfices (PER). Un dollar de bénéfices – qu’il provienne d’un casino ou d’une aciérie – semble avoir une sorte de relation archétypique avec le cours.
Au cours du siècle dernier, les investisseurs déboursaient moins de 5 $ pour une action dont l’entreprise réalisait un bénéfice de 1 $ par action. Ou bien ils déboursaient peut-être 10 $… ou 20 $ pour cette même action avec ces mêmes bénéfices.
Alors un modèle apparait, et il se reflète dans le cycle du marché actions. Dans un contexte de marché haussier, les cours grimpent. Dans un contexte de marché baissier, les cours baissent, et le ratio évolue.
Le modèle se reproduit par vagues prolongées, qui s’étendent souvent sur des décennies.
Sur le marché obligataire, par exemple, la dernière fois que les taux d’intérêt ont augmenté remonte à quarante ans.
Sur le marché actions, les cours ont baissé – corrigés de l’inflation – pendant 16 ans, de 1966 à 1982. A l’exceptions de brèves contre-tendances, ils ont surtout augmenté, depuis, là encore pendant quarante ans.
Combien d’or pour acheter la bulle ?
Les ratios cours/bénéfices varient d’un plus bas de 5 à environ 25, en haut de la fourchette, avec une moyenne de 12, environ. Parfois, ils sont bien plus élevés, bien sûr. Lors de l’imposante bulle de marché de 1999, les ratios cours/bénéfices de l’indice S&P 500 ont atteint 44, soit un plus haut historique.
Il y a beaucoup de « bruit », dans les ratio cours/bénéfices. Certaines actions deviennent dingues, parfois, et leurs cours ne sont plus du tout corrélés à leurs bénéfices. Il peut aussi arriver que les sociétés n’aient aucun bénéfice auquel le mesurer. Ou bien elles sont en perte. Et, sur le marché actuel, énormément « d’actions clownesques » cotent à des niveaux absurdes.
Parfois, également, les ratios cours/bénéfices flambent lorsque les cours chutent brutalement. Lors du sell-off frénétique de 2008-2009, par exemple, les ratios cous/bénéfices de l’indice S&P 500 ont flambé au-dessus de 100.
Mesuré en or, le marché actions dans son ensemble n’a pas bougé, au cours du siècle dernier.
En 1929, on pouvait s’acheter les 30 actions du Dow Jones Industrial Average pour 18 onces d’or. Aujourd’hui, vous pouvez encore vous acheter les actions de ce même indice avec 18 onces d’or.
Alors pourquoi s’embêter ?
Mais même s’il est parfois tentant de quitter à jamais le marché actions, ce serait laisser de l’argent sur la table. Les sociétés, motivées par la réalisation de profits, créent de la richesse réelle. Et les gens qui possèdent des entreprises – les actionnaires – en récupèrent une bonne partie. Les actions versent des dividendes. Si vous aviez simplement réinvesti vos dividendes, depuis 1929, vous auriez multiplié vos investissements de départ par 33, même corrigés de l’inflation.
Bref, il est payant de détenir des actions. Mais pas tout le temps.
A quel moment entrer ? A quel moment sortir ? C’est ce que nous avons essayé de découvrir.
Et nous avons trouvé un système, basé sur une comparaison de l’Indice Dow Jones Industrial Average avec l’or.