▪ Jusqu’en août dernier, les perspectives pour le marché de l’uranium étaient sombres. L’Edito Matières Premières avait pourtant dès le mois de mars prévenu que les perspectives de l’uranium restaient fondamentalement positives. Pour des raisons de mix énergétique évidentes. L’électricité est stratégique. Aujourd’hui, il semble que les choses bougent. Le marché est-il en train de se retourner ?
Petit tour d’horizon…
▪ Fin de l’hiver nucléaire ?
L’Allemagne, l’Italie puis la Suisse sont venues donner un coup de massue à leurs industriels en signant purement et simplement la fin du nucléaire dans leur pays (ce qui ne les empêchera pas d’acheter des électrons nucléaires à la France, mais ne compliquons pas les choses). Une sorte d’anticyclone s’est ainsi abattu sur les pays européens, pour figer ces programmes nucléaires.
En revanche, l’Angleterre vient de voter une loi tout ce qu’il y a de plus pro-nucléaire.
Frémissements…
Pourtant, cette vigueur anti-nucléaire n’a touché QUE l’Europe. Ailleurs dans le monde, les projets foisonnent, les mines relèvent la tête, et les turbines turbinent. Le marché commence tout juste à se relever, mais ce n’est donc plus en Europe que nous trouverons les meilleures opportunités.
▪ Retour des fusions-acquisitions ?
Cet été, le premier producteur d’uranium au monde, le Canadien Cameco, a tenté de racheter Hathor Exploration. La proposition de Cameco était nettement sous-évaluée, ce qui a poussé les actionnaires à repousser l’offre.
Casser les prix était tentant, alors que le cours de l’uranium oscille autour des 50 $ la livre. Si la stratégie a été menée maladroitement, elle doit nous apprendre une chose : les investissements dans les capacités de production ont repris dans le secteur !
▪ Retournement en cours. Affaire à suivre de près
On comprend l’offre de Cameco sur un de ses concurrents : demande d’uranium en baisse, cours tombés au plus bas. Les petits producteurs souffrent, leurs marges sont sous pression. Les grosses minières, elles, sont « pleines de cash » et peuvent absorber le choc. Et elles savent que la baisse des cours n’est que ponctuelle.
Après la catastrophe de Fukushima, le Japon a procédé à la revue de ses 54 réacteurs. Aujourd’hui, seulement un tiers de ses centrales sont en fonctionnement, d’où la baisse de la demande. Mais cela ne change rien aux perspectives long terme du marché. Et les cours sont déjà remontés au-dessus des 50 $ la livre, enregistrant trois semaines de hausses consécutives en septembre.
Est-ce le retournement attendu ?
▪ La Chine rafle les producteurs d’uranium
Les cours restent haussiers envers et contre tout pour 2012.
En revanche, pour assister au décollage des cours, ne perdez pas votre temps à scruter l’éventuel redémarrage d’un 19e réacteur japonais, ou le maintien en fonction d’une dernière centrale allemande. Ce ne sont pas les pays développés qui feront le renouveau du nucléaire, mais les émergents.
Spécialiste des stratégies à contre-courant, la Chine vient de lancer plusieurs offensives sur des producteurs d’uranium.
– Sichuan Hanlong a récemment fait une proposition sur Bannerman Resources, impliqué sur le projet d’Etango en Namibie.
– De même Kalahari Minerals est rentré en discussion avec China Guangdong Nuclear Power Group, un des deux acteurs majeurs du nucléaire en Chine.
Soyons clairs, ce n’est pas en Chine que j’investirais pour monter dans le train du retour du nucléaire. Plutôt, je choisirais de regarder en amont, ce qui fait les bénéfices des acteurs du nucléaire : la production d’uranium.
▪ Mettez la saisonnalité de votre côté
Les tentatives d’investissements de Cameco et des groupes chinois n’ont pas été le fruit du hasard. L’été correspond traditionnellement à la saison creuse du marché de l’uranium. Avec l’arrivée de l’hiver, les centrales vont à nouveau tourner à plein régime. Ainsi les prix pourraient atteindre les 60 $ la livre en 2012. De quoi remplir les poches des minières…
▪ Investir ?
Investir sur une minière uranium apparaît assez risqué, compte tenu du fait que les gisements sont de plus en plus situés dans des pays difficiles d’accès ou instables. C’est le cas avec le Kazakhstan ou la Namibie.
Cependant, d’autres compagnies restent intéressantes, comme Uranium Energy ou Strathmore Minerals, car elles sont situées à proximité du paisible marché américain.
Mais la plus rassurante et la plus prometteuse des minières demeure Cameco. Le Canadien va bientôt sortir de son cauchemar de la mine de Cigar Lake, inondée il y a quelques années. Du fait de ce « boulet » que la compagnie traîne, son cours est encore sous-évalué.
Alors que le marché de l’uranium reprend, Cameco pourrait s’imposer définitivement comme la valeur de fond de portefeuille du secteur.
Première parution dans l’Edito Matières Premières & Devises du 22/09/2011.