En cet automne, « les arbres montent au ciel », contrairement à ce que dit le vieux dicton boursier. Les déficits des retraites peuvent-ils troubler la fête des taux bas ?
Les taux bas, nuls, voire négatifs semblent être là pour l’éternité.
L’inflation paraît morte à jamais.
Les arbres des marchés peuvent monter jusqu’au ciel.
Un investisseur institutionnel peut acheter n’importe quoi à n’importe quel prix avec la promesse qu’une banque centrale rachètera s’il en a besoin.
Les grandes entreprises empruntent à 1% ou 2% pour racheter leurs propres actions et pouvoir ainsi distribuer plus de dividendes.
Tout va bien mais pourtant quelque chose ne colle pas…
Non, je ne vais pas encore vous pointer du doigt un système financier qui repose sur une escroquerie. Cette escroquerie est devenue la norme qui est très bien acceptée. Pour mémoire, le créditisme est un système dans lequel :
- Des prêts accordés par des banques qui prêtent de l’argent qui n’existe pas font monter les prix.
- Les réserves fractionnaires autorisent les banques à prêter l’argent des clients tout en leur disant que leur argent est disponible sur simple demande.
- Les crédits sont adossés à des actifs dont les prix sont artificiellement gonflés par le crédit.
- Les tentatives de correction des anomalies sont réprimées par les banques centrales qui luttent contre la « déflation ».
Un système immoral mais légal et accepté
Ce système est évidemment immoral puisque certains privilégiés obtiennent légalement le droit de prêter quelque chose qui ne leur appartient pas ou qui n’existe pas. Ceci conduit à une situation dans laquelle plusieurs personnes ont des droits de propriété sur une même chose. Mais ce n’est pas ce qui cloche. Les lois ne sont pas toujours morales, cela ne date pas d’hier.
Ce qui cloche, ce sont les retraites qui sont des promesses soit du système financier (retraites par capitalisation), soit du système politique (retraite par répartition). Ces promesses ne seront pas tenues.
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Commençons par planter le décor.
Les retraites par capitalisation sont l’apanage des pays anglo-saxons. Dans ce système, les retraités touchent une pension dépendante d’argent mis de côté par le passé.
Avec un taux d’intérêt de 1%, il vous faut un capital de 1,2 M€ pour obtenir une rente de 1 000 € par mois. Avec un taux d’intérêt de 5% (qui est la norme historique), il vous faut 240 000 €.
Supposons que les taux soient à 0%. Il faut que vous viviez en tapant dans votre capital. Si vous voulez avoir 1 000 € par mois durant 30 ans, il vous faut un capital de 360 000 €.
Bien entendu, ces chiffres ne prennent pas en compte les impôts et l’érosion monétaire.
Le rôle des fonds de pension – qui dépendent des assureurs – est de mutualiser l’incertitude sur la durée de vie restant à courir du retraité. Les cotisations sont appelées durant toute la vie professionnelle en fonction de moyennes (de durée de vie, de rendement). Evidemment, les assureurs n’avaient pas prévu des taux nuls et négatifs, ce n’était pas écrit dans les manuels. Du coup, les provisions sont insuffisantes en regard des promesses.
L’écart entre les promesses et la réalité se creuse
Aux Etats-Unis, Moody’s évaluait en avril 2016 l’écart entre le promis et le réalisable à 3 500 Mds$ en se basant sur des taux d’intérêt de 3,7% à 4,1%. Ce chiffre ne concerne que les retraites d’Etat et des collectivités locales. Une autre évaluation de l’American Enterprise Institute se chiffre à 5 200 Mds$ en tablant sur des taux moyens de 2,6%.
Au Royaume-Uni, l’écart serait aujourd’hui de 62 Mds£ pour les 350 sociétés cotées à l’indice Footsie. C’est 70% des bénéfices de ces entreprises.
Les retraites par répartition sont, quant à elles, l’apanage des pays latins et des pays ayant connu la faillite. Puisque le capital a été détruit, il faut en passer par le système de répartition selon lequel les jeunes en activité payent pour les aînés. Ce système (au demeurant immoral car reposant sur une solidarité factice) ne tient pas la route dès lors que la démographie n’est pas vigoureuse, que le chômage s’installe, que la durée de vie augmente et que la croissance ralentit. La situation est dramatique dans de nombreux pays d’Europe ayant des systèmes par répartition ou mixtes.
Aucune bonne solution collective
Plus longtemps les taux restent bas, plus la situation s’aggrave du côté du déficit des retraites. Mais si les taux montent, les marchés financiers peuvent s’effondrer provoquant une monstrueuse crise bancaire et monétaire.
Au pied du mur, les gouvernements et les banques centrales feront comme d’habitude : créer encore plus de fausse monnaie et de crédit bidon.
Jusqu’au jour où personne ne voudra plus l’accepter. Les gens voudront échanger quelque chose contre autre chose qui existe vraiment. On pourra toujours donner des billets de Monopoly aux retraités ou de la cryptomonnaie de banque centrale, les boulangers n’en voudront pas.
Il n’y a pas de bonnes solutions — ou en tout cas pas de bonnes solutions collectives pour sortir d’une escroquerie qui dure depuis plus de 45 ans : celle du crédit ou de la monnaie adossée à rien.
9 commentaires
Merci Simone, vous venez de décrire en quelques mots la fin de l’Humanité pour les 2 décennies à venir. Inutile d’approfondir le sujet. il suffit juste d’un certain recul sur la propre connerie des économistes savants égotistes à l’oeuvre actuelle sur le Dow Jones et autres indices. Les scientifiques actuels en dehors de l’économie sont aussi comme les économistes savants obsédés par leurs analyses « analytiques » ou lieu d’être « synthétiques ». Pour les ignorants: Êtres analytique c’est être obsédé toute sa vie sur par exemple « l’effet de l’univers sur la masturbation des mouches » et l’effet synthétique c’est » Ben merde qu’est-ce qu’on est en train de foutre?! Prenons un peu de recul et réfléchissons! ». Mais je doute de l’intelligence de l’espèce dite « supérieure » de l’Humanité…
Bonjour,
Lecteur régulier de ce site, je souhaite apporter un angle différent. En effet, le financement des retraites n’est pas assis sur un capital (du moins en France) mais sur des cotisations. Les cotisations dépendent essentiellement de la capacité de l’économie à dégager de la valeur ajoutée.
Vous voyez où je veux en venir ? L’évolution de la valeur ajoutée ne dépend pas du nombre de cotisants mais de la capacité des entreprises à faire des gains de productivité et des innovations.
En effet, c’est la valeur ajoutée qui va permettre les évolutions salariales sur lesquelles sont assises les cotisations.
En ce sens, les déficits actuels peuvent ne pas être graves et se résorber (donc être financés par de la dette) si l’évolution attendue de la valeur ajoutée est suffisante.
Que disent les chiffres officiels ?Entre 1970 et 2014, la valeur ajoutée a été multipliée par 2… Cela signifie que toute chose étant égale par ailleurs, la capacité de l’économie à financer les retraites a aussi été multipliée par 2 ! Alors regardons du côté des salaires pour voir… Ils ont été multipliés par 2,3…
Bref, si les évolutions technologiques actuelles permettent de reproduire cette évolution constatée depuis 40 ans, le financement du déficit ne sera pas si compliqué que cela… Du moins pour les retraites du privé. Car pour celles du secteur public il en est tout autrement car elles sont payées par nos impôts.
Simone n’est pas tout à fait juste en mettant le système par répartition sur le même pied que le système par capitalisation.
Les jeunes qui financent les vieux, seront un jour des vieux financés par des jeunes. Il y aura toujours quelque chose à partager. Ce qui est injuste est que certains en profitent plus que d’autres. Les cadres supérieurs, par exemple, vivent vieux et plus riches, qu’un ouvrier.
Dans le système par capitalisation, non seulement les intérêts ne sont pas garantis mais le capital non plus. C’est le casino imposé. Et au casino, il arrive que l’on perde tout.
Daniel, votre commentaire n’amène rien. Êtes-vous actuaire? Non je ne le pense pas. Alors pas de commentaire dans le vent. Je suis d’accord avec vous sur un point: le casino. Le Casino gagne toujours et les cons qui y jouent jamais; sauf par un heureux hasard vraiment en… « hasard ». Et quand on suit la vie des gagnants, tout est est fait pour qu’ils soient des perdants. Las Vegas existe grâce …aux perdants, non aux gagnants. Le loto ou autres jeux fonctionnent de la même manière crapuleuse surtout quand ils ont l’appui de l’état.
Breton, vous parlez de l’effet levier – ce que vous appelez la « valeur ajoutée » – des fonds de pension? Je connais surtout les effets négatifs… 😉
Je rigole toujours bien quand on me parle de « valeur ajoutée ». Car souvent il s’agit de « pas de porte » ou de « goodwill » : Soit, à l’époque de la bulle Internet, une société, A.com, qui en rachète une autre forte, B.com, parce qu’elle présente des perspectives intéressantes. Le bilan de B.com présente, à l’actif peu d’immobilisations (quelques ordinateurs, un serveur) et au passif une perte cumulée (due aux salaires des développeurs et à une campagne de publicité pour lancer le site B.com) et des dettes. L’actif net est clairement négatif mais A.com a déboursé un million d’euros pour acquérir le site, la marque, les employés (le capital humain), autant d’éléments que l’on qualifie d’immatériels ou d’incorporels.
Dans les livres comptables de A.com, cette acquisition (le million d’euros ou de CHF ou de $ déboursé) figure dans les immobilisations financières. Or A.com, qui consolide B.com dans ses comptes, se devrait d’« effacer » ce million et de montrer qu’elle ne possède en tout et pour tout que quelques ordinateurs et des dettes….
C’est pareil pour les actions actuelles et les obligations. Il reste quoi? 😉
@amora
Je parle de la seule valeur ajoutée qui existe = valeur de la production Diminuée des consommations intermédiaires (matières premières par exemple).
Ce calcul est impossible à tromper… comme celui des salaires versés dans une économie.
La VA n’a rien à voir avec le cours de bourse ou le bilan d’une entreprise. La VA se lit dans son compte d’exploitation.
Rien n’empeche les pays de retrouver leur souveraineté nationale,et d’utiliser leur banque centrale pour financer les droits retraite acquis précédemment.Il faudrait aussi un moratoire sur les dettes croisées entre pays,et une nouvelle monnaie reflétant l’économie réelle.Je crois que c’est la seule solution,et qu’on y arrivera au moment de l’effondrement financier.La crise actuelle est seulement due a de mauvais flux financiers,il faudra juste rebatir les économies nationales(De Gaulle ne l’a t il pas réussi après guerre?)
je ne suis pas « économiste » mais je dois économiser pour mes vieux jours en tant que retraité :
-je me suis débancarisé à 50%
-j’ai converti en chf et en or
-je réduis mes dépenses et tant pis pour » l’économie »
mais je suggère à nos dirigents de droite à gauche :
-d’appliquer le principe de Gaël Giraud décrit en détail dans son livre « Le Facteur 12 » (éditions Montparnasse)
-d’appliquer le système de Sécu d’ Alsace-Moselle qui est bénéficiaire depuis des décennies
…mais , si vous croyez en nos élites et que vous avez plus de 18 ans , il est urgent de consulter
« Avenir des Retraites » ?
Ne devait-il pas y avoir une augmentation de 0,8% en ce début d’octobre ? …comme sœur Anne je n’ai rien vu venir ! comme dit la chanson : »merci Macron »