Le système actuel organise et régule un colossal transfert de richesse dont les classes moyennes et la démocratie sont les principales victimes.
Il faut saluer et remercier Patrick Artus, de Natixis : il est l’un des rares économistes en France à fournir des données intéressantes – en l’occurrence sur les taux d’intérêts – utilisables même par ceux qui, comme moi, ne partagent pas son cadre analytique. Merci donc.
La faiblesse des intérêts reçus par les ménages, c’est la répression financière. C’est une suppression de ce que l’on appelle la rente – laquelle est en réalité la rémunération de la prévoyance, de l’abstinence et d’une sorte de sacrifice du présent au profit de l’avenir.
La répression financière, c’est la destruction du fondement de nos systèmes fondés sur l’investissement aujourd’hui pour préparer l’avenir de demain. C’est la destruction systémique de ce que l’on appelle les classes moyennes.
L’impossibilité d’accumuler par l’épargne et le travail est une caractéristique de notre régime économique et social. On ne fait plus fortune que par des sortes de coups, comme les Arnault, les Bolloré, les Drahi – des coups qui sont permis/solvabilisés par la mécanique boursière perverse, laquelle gonfle les fortunes par le jeu des multiples.
Une valorisation boursière, c’est un bénéfice prévisionnel multiplié par 20 ou 30 !
Ces valorisations ne tiennent bien sûr que grâce à l’excès de liquidités non rémunérées et au phénomène de jeu. Un jeu truqué, garanti par… la planche à billets.
Un colossal transfert de richesse
Tout ce qui n’est pas gagné par les ménages est une subvention à ceux qui empruntent – c’est-à-dire au gouvernement, aux entreprises, aux ultra-riches qui peuvent faire jouer l’effet de levier.
C’est un transfert, un colossal transfert : on prend dans la poche des ménages et on donne aux autres. C’est socialement du vol, c’est la forêt de Bondy.
Artus dit que cela constitue un impôt qui assure ou donne l’impression d’assurer la solvabilité du budget de l’Etat. J’ajoute que cela incite l’Etat – qui n’est donc pas sanctionné pour sa gabegie –, que cela entretient le penchant à dépenser, à maintenir des déficits.
La manipulation des taux empêche l’émergence des vraies préférences du public et favorise les allocations délirantes des ressources.
La répression est un impôt non-démocratique, il n’est pas voté !
C’est l’impôt des banques centrales, associées des gouvernements – vous savez, ces banques centrales indépendantes… En réalité, banque centrale et gouvernement forment ce que je désigne comme le couple maudit.
Où va l’argent ?
On doit se poser la question ; les services publics sont détruits, les rémunérations, les pensions sont rabotées, l’investissement est médiocre.
S’agissant des intérêts perçus par les banques, cela ne veut rien dire car les banques ont choisi de reporter leur manque à gagner en intérêts sur le prélèvement de commissions discutables… et on ferme les yeux.
Sans oublier qu’on les autorise aussi à tondre les épargnants…
1 commentaire
Entièrement d’accord. Par contre je serai plus nuancé concernant la dimension sociale de ce phénomène, il n’y a pas que les ultra riches qui font dangereusement jouer l’effet de levier.