La réforme fiscale des républicains est une imposture. Elle allège les impôts des uns sans réduire les dépenses publiques et diminuer l’emprise de l’Etat.
Nous sommes dans le train de 8h34, qui part de Baltimore et traverse l’une des régions les plus pourries d’Amérique, en direction de la ville de New York. Le Northeast Corridor est une triste relique de l’ère industrielle… qui ressemble désormais à un cimetière, où de vieux réfrigérateurs, des maisons abandonnées et des usines désaffectées sont revenus mourir.
Qu’allons-nous faire à New York ?
Ravi que vous posiez la question.
Nous allons rencontrer notre confrère David Stockman, ex-directeur du budget sous le mandat de Ronald Reagan.
« Que se passe-t-il avec cette réforme fiscale ? », allons-nous lui demander.
En ce moment, partout en Amérique, les gens posent les mêmes questions. Ils font des projets. Nous en faisons partie.
Pour nous assister – moyennant un taux horaire de 800 $ – nous avons reçu trois avocats, au bureau, vendredi dernier. Ce sont des experts en matière de fiscalité, de patrimoine et de trusts.
Lorsque vous atteignez un certain âge, vous n’avez guère le choix. Des voix s’adressent à vous comme si elles venaient d’un crâne : « ce que tu es… je l’ai été », dit le memento mori. « Tu deviendras ce que je suis ».
Vanité en mosaïque de Pompei – Musée de Naples
« Garde ça pour toi », ripostons-nous dans un murmure.
Nous n’aimons pas ce message. Mais nous ne pouvons le contester.
« Vous ne pourrez pas l’emporter avec vous », énoncent les sages et les conseillers financiers.
Cela nous convient plutôt bien : nous n’avons aucune envie d’aller où que ce soit où nous ne pourrions l’emporter. Mais ce n’est pas ainsi que va le monde. Lorsque votre heure est venue… vous disparaissez. Et si vous n’avez pas préparé un plan méticuleux, votre fortune disparaît également.
Ce n’est pas que cela nous pose un problème. Mais nous détestons l’idée que l’Etat se nourrisse de notre carcasse, tels des vautours autour d’un animal écrasé.
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C’est ainsi que trois des plus brillants avocats de Baltimore travaillent sur un plan.
« Nous ne pensons pas que vous devriez compter sur le projet de loi sur la fiscalité des républicains de la Chambre », nous a dit l’un d’eux, vêtu d’un costume bleu. « Ils vont s’apercevoir qu’ils n’en ont pas les moyens ».
« Le plus probable, c’est qu’ils vont accepter la version du Sénat », a dit un autre, également vêtu d’un costume bleu. « Cette version se contente d’augmenter l’exonération, mais elle ne supprime pas les droits de succession ».
« Cela va vous faire économiser de l’argent », a dit le troisième costume bleu. « Mais cela ne changera pas grand-chose pour vous. Vos héritiers devront tout de même payer 40% de droits de succession sur le montant dépassant le plafond d’exonération. Et le Congrès pourrait le relever ».
L’un des mythes entretenu par le gouvernement fédéral américain, c’est qu’il ne se serait pas développé tant que ça puisque, proportionnellement au PIB, la part des dépenses publiques est à peu près la même depuis longtemps.
Mais bien que l’arbre ne soit pas plus haut, comparé à la dimension de l’économie, il projette une ombre bien plus vaste.
Outre les dépenses directes de l’Etat, les ramifications se sont propagées dans toutes les directions. Il existe des lois et réglementations qui donnent à l’Etat des pouvoirs étendus, indirects et difficilement mesurables.
L’Etat ne contrôle pas directement, par exemple, le lieu où vous vivez. Mais les « règles de zonage », les codes de la construction, l’accès au réseau routier, les transports publics et les prix de l’énergie (tels qu’influencés par les subventions et pénalités touchant le secteur de l’énergie) influencent grandement votre décision.
L’Etat ne contrôle pas directement la nourriture que vous mangez ou les médicaments que vous prenez, non plus. Mais les secteurs de la santé, pharmaceutiques et alimentaires sont si lourdement réglementés, et s’accompagnent de lobbies si puissants à Washington, que le choix qu’il vous reste au bout du compte est largement biaisé par les autorités.
Bénéficiaire ingrat de la fausse générosité de l’Etat
Depuis les années 1960, les apparatchiks qui font les lois et les réglementations – et qui entrent et sortent de la fonction publique – sont devenus plus audacieux et prolifiques.
Bien qu’il soit impossible d’évaluer de façon précise à quel point ces règles contrôlent l’économie américaine et la vie privée, il suffit de regarder les pages du code fiscal fédéral pour en avoir au moins une idée.
Le code fiscal est en quelque sorte un système dissimulé de la carotte et du bâton. Si nous avions le choix, nous préfèrerions ne pas passer deux heures avec des avocats, à travailler sur un plan patrimonial. Mais l’Etat a l’intention de nous matraquer… même mort.
Après la Deuxième guerre mondiale, un citoyen était confronté à un « code fiscal » de moins de 10 000 pages. A présent, il compte plus de 73 000 pages de réglementations, lois et interprétations.
Cela permet à l’Etat d’orienter l’argent, le temps et les ressources ici et là, bien au-delà du véritable budget fédéral ou de la fonction publique.
Une activité est plus lourdement taxée qu’une autre. La différence tient à une pénalité ou à une subvention, selon quels lobbyistes de quel secteur ont réussi leur coup. On vous octroie un crédit/une carotte d’un côté pour avoir fait quelque chose ; on vous donne un coup de bâton de l’autre pour en avoir fait une autre.
Chaque secteur est touché. Chaque entreprise guette le moindre changement. Chaque comptable doit suivre le rythme, à moins de rater une déduction.
L’argent nécessaire au fonctionnement de l’Etat, pour récompenser les compères et soutenir ses zombies, doit bien venir de quelque part. Comme toujours, ce que gagne l’un, l’autre le perd.
Si la version du projet de loi de la Chambre passe (nous ne le pensons pas), nous serons les bénéficiaires ingrats de la générosité de l’Etat.
Nous y gagnerons énormément. Merci beaucoup.
C’est bien beau de nous lâcher un peu. Mais sans réduction des dépenses publiques, notre gain se fera au détriment de quelqu’un d’autre.
Elle est là, la grande imposture de la « relance ». Elle stimule l’un… mais affaiblit l’autre.
C’est la véritable signification de la réforme fiscale des républicains. Elle élague une branche ici et là… pour que des groupes privilégiés puissent profiter un peu plus de la lumière. Elle secoue les feuilles… mais l’ombre du Deep State est plus sombre que jamais.
Et nous, toujours aussi altruiste, nous pensons à nos pauvres enfants qui pleureront notre mort, lorsque nous ne serons plus là pour leur dire comment s’habiller.
« Papa est mort… snif. Nous allons le regretter… snif. Et maintenant, il faut faire un gigantesque chèque à l’Etat… SNIF !
« Mais comment a-t-il pu laisser faire ça ? »
2 commentaires
L’impôt sur la mort est le plus stupide de tous, il cause des dégâts économiques considérables en terme de destructions du capital et d’incitation des entrepreneurs à investir sur un horizon long et de continuer à développer leurs opérations, pourtant il ne génère que quelques milliards de recettes directes.
Sa suppression ne va donc pas couter de l’argent au gouvernement mais au contraire lui en rapporter énormément…la perte sur cet impôt sera largement récupéré sur l’augmentation des recettes de tous les autres impôts en raison de l’amélioration de la croissance économique.
Merci à Bill Bonner : ce qu’il annonce est rarement réjouissant mais c’est bien décortiqué et dit avec du talent et tellement d’humour que je le lis avec beaucoup de plaisir