Un reconfinement ne serait pas seulement un événement sanitaire majeur ; ce serait surtout un événement économique décisif, car il tordrait le cou au mythe nourri par Bercy et par son ministre Bruno Le Maire, d’un retour rapide à la normale et d’une reprise foudroyante de l’activité. Les épargnants doivent d’ores et déjà préparer le jubilé de la dette qu’une nouvelle interruption de la vie du pays annoncera.
Le reconfinement, peut-être annonciateur de troubles sociaux (puisque de nombreux Français ont déclaré qu’ils ne se reconfineraient pas), est devenu une probabilité quasi-certaine d’ici au mois d’avril.
Contrairement aux prévisions sottes et irréalistes des pouvoirs publics au printemps, qui avaient préparé un budget 2021 sur la base d’une croissance de 6%, de reprise, nous n’en voyons pas et nous ne sommes pas prêts d’en voir, et de sortie de crise, nous n’en n’imaginons pas plus à court terme que de beurre en branche, surtout si des restrictions nouvelles sont apportées à la circulation des biens et des personnes.
Une évidence se fait jour, progressivement : le marasme qui va frapper les finances publiques en 2021 sera au moins égal à celui de 2020, et l’explosion des déficits publics sera beaucoup plus terrible que Bruno Le Maire ne cherche à le faire croire depuis plusieurs mois.
La dette, qui paraissait déjà abyssale à l’été 2020, et qui a nourri la petite musique du « annulez-la », va prendre des proportions inusitées jusqu’ici.
Cela va être spectaculaire…
L’effroi devant une dette devenue folle
On comprend implicitement ce que l’annonce d’un reconfinement à court terme signifie : la part des dépenses publiques va exploser. Selon Les Echos, un confinement devrait coûter au moins 14 Mds€ mensuels supplémentaires qui s’ajouteraient aux six milliards mensuels de la situation actuelle, toutes interventions de l’Etat confondues.
Il faut ajouter à ces sommes le manque à gagner général, en termes de croissance, et donc de recettes fiscales, qu’une nouvelle interruption d’activités créera.
Bruno Le Maire a commencé à le reconnaître : les 6% de croissance de 2021 (après une contraction de 8,3% en 2020) reposent sur du sable que les vagues de la récession vont engloutir dans les semaines qui viennent. Si le ministre s’emploie à croire et à faire croire que l’activité repartira au deuxième semestre, les esprits perspicaces (notamment celui des épargnants) n’y croiront évidemment pas.
D’ailleurs, le FMI, lui-même, a expliqué que la croissance repartirait partout dans le monde en 2021, sauf en Europe. Autant dire qu’un consensus existe aujourd’hui pour considérer que la situation de la France ne tardera pas à être intenable.
Inévitable appel au jubilé de la dette
Très vite, le débat public devrait se nourrir d’appels de plus en plus pressants à l’annulation de la dette contractée durant la pandémie. Nous prenons même ici les paris que le thème du « jubilé de la dette », c’est-à-dire de son annulation, saturera les médias d’ici à l’été.
La mise en œuvre de ce jubilé est d’ores et déjà bien connue : le pouvoir exécutif sera sommé de négocier, sous une forme ou sous une autre, un « cadeau » de la Banque centrale européenne à hauteur de plusieurs centaines de milliards d’euros, correspondant prétendument au gouffre que la pandémie aura créé.
Cette manœuvre d’apprenti sorcier créera forcément une prise de conscience sur la fragilité de l’édifice que la BCE a bâti depuis le lancement de son assouplissement quantitatif. C’est la meilleure façon de briser la confiance des épargnants dans les dettes souveraines.
Quelle stratégie des épargnants face au jubilé ?
On l’a compris, le jubilé de la dette va déstabiliser l’ensemble des dettes souveraines et va ouvrir une grande période de risque pour les épargnants, pour trois raisons majeures.
La première est que tous ceux qui détiennent de la dette souveraine, notamment dans leur portefeuille d’assurance-vie, risquent d’y perdre beaucoup, car rien ne dit que l’appel au jubilé se limitera aux seules dettes contractées durant la pandémie. C’est le principe même du remboursement de la dette publique qui va se trouver mis en risque.
La deuxième tient au risque de crise systémique qui va s’accroître dans les prochains mois, alors même que les marchés financiers n’ont toujours pas ajusté les cours à la réalité des dividendes et des profits.
Alors que le CAC 40 a par exemple vu les dividendes fondre de 40% en 2020, les cours n’ont pas intégré la baisse de profitabilité des entreprises.
La troisième tient à la tentation qui s’emparera forcément du gouvernement, surtout en France, de prélever dans l’épargne des sommes nécessaires pour rembourser ce qui peut encore l’être. On sait déjà ce que cela signifie pour l’assurance-vie et pour les actifs financiers. Il n’est pas impossible que l’immobilier soit aussi concerné.
Sur tous ces points, nous vous conseillons de vous plonger dans notre mémo « stratégique » qui détaille les grands axes d’une stratégie de repli pour votre mix patrimonial.