La Fed est pressée d’arriver à remonter ses taux pour pouvoir mieux les baisser en cas de récession. Si la récession arrive avant, il faudra en passer par les taux négatifs.
L’heure tourne…
Depuis son premier pas pour sortir du plancher des taux zéro en décembre 2015, la Fed a relevé le taux des fonds fédéraux à un niveau « satisfaisant à ce stade » de 1,25%.
La ligne d’arrivée est à 3,5%.
Pourquoi 3,5% ?
Pour Jim Rickards :
« Historiquement, il faut 300 à 400 points de base de réduction des taux (3% à 4%) pour sortir l’économie américaine de la récession. Aujourd’hui la politique de la Fed peut être comprise comme une course désespérée pour faire arriver le taux des fonds fédéraux à 3,5% avant que ne frappe la prochaine récession. L‘enjeu est toutefois de ne pas provoquer une récession dans la période de hausse. »
Habituellement, la Fed remonte à chaque fois les taux de 0,25%. Cela signifie donc qu’il reste neuf hausses de taux supplémentaires avant d’arriver au résultat visé.
Au rythme actuel, la Fed franchira la ligne d’arrivée de 3,5% d’ici fin 2019.
Mais la récession n’arrivera-t-elle pas avant ?
Dans les circonstances normales, la Fed relève les taux d’intérêt pour éteindre les feux de broussailles inflationnistes. Mais l’inflation n’était que de 0,65% en décembre 2015 lorsque la Fed a entamé son cycle de remontée des taux.
Après avoir atteint 2,80% en février dernier, l’indice des prix à la consommation a de nouveau chuté à 1,73% au dernier relevé (juillet).
Après avoir enregistré un pic à 2,26% en janvier, l’indice de référence – l’IPC moins les composantes plus volatiles de nourriture et d’essence – s’est également effondré, à 1,70%.
Seul un effort suprême d’imagination – probablement celle d’un banquier central – pourrait interpréter cela comme de « l’inflation. »
Eric Basmajian, analyste financier indépendant qui auparavant travaillait chez Morgan Stanley explique :
« La Fed ne cesse de répéter qu’elle cible une inflation à 2% pour augmenter les taux d’intérêt. Cependant, il est clair que l’inflation est non seulement en dessous des 2% pour l’IPC global et l’IPC de référence mais qu’elle évolue nettement dans la mauvaise direction. »
Le marché obligataire n’est pas en accord avec le marché actions
Entre temps, le rendement du baromètre que constitue le bon du Trésor à 10 ans a chuté à 2,13% – son plus bas depuis le 9 novembre.
Le marché obligataire ne voit aucune inflation… et n’en entrevoit aucun signe annonciateur non plus.
Il ne voit pas non plus les bourgeons de la reprise – contrairement au marché boursier, rendu ivre par la Fed.
Jim Rickards encore :
« Le rendement du bon du Trésor à 10 ans est passé de 2,4% à la mi-mai à 2,13% aujourd’hui. Une chute des rendements laisse imaginer un affaiblissement de la croissance ou une possible récession à venir… »
Nous avons donc là un mélange de ralentissement de la croissance et de chute des prix… avec une économie qui risque d’entrer en récession.
Janet Yellen se retrouve donc face à un dilemme.
Resserrer encore plus les taux pourrait facilement provoquer la récession – si le dernier durcissement de la Fed ne l’a pas déjà fait.
Il ne faut pas oublier que 10 des 13 derniers cycles de hausse de taux se sont terminés en récession. L’objectif de 3,5% semble bel et bien utopique.
Mais, en cas de récession, comment la Fed pourra-t-elle appliquer sa classique politique de relance par le crédit et la baisse des taux si elle part de 1,25% ?
L’économie américaine entre dans son 99ème mois consécutif sans récession – la troisième plus longue période de l’histoire.
Comment la fortune peut-elle continuer de sourire ?
La contagion des taux négatifs
Récemment, le militant anti-cash Ken Rogoff a écrit un article pressant les banques centrales de commencer à se préparer dès à présent à la prochaine récession.
Comment ?
En creusant les fondations permettant d’instaurer des taux d’intérêt négatifs :
« … Entreprendre des changements institutionnels qui ouvriront la voie d’une politique effective de taux d’intérêt négatifs est sans doute la méthode la plus propre pour restaurer l’efficacité de la politique monétaire des taux nuls…
Permettre une réelle politique de taux d’intérêt négatifs est également bien plus propre et bien plus élégant que la politique du pis-aller consistant à élever les objectifs d’inflation. »
Traduction : les taux d’intérêt négatifs seront la voie royale vers la reprise. Mais leur instauration n’est pas possible tant que les gens ont encore la faculté retirer leur argent des banques.
[NDLR : taux négatifs, disparition du cash… Allez chercher plus-value et rendement dans d’autres horizons, hors des marchés financiers rendus fous par les banques centrales. Découvrez comment rejoindre ces millionnaires avisés ici.]
Il faut donc commencer à retirer le cash de la circulation, du moins les gros billets (dans sa grande mansuétude, Rogoff permet l’usage de petits billets pour faciliter les petits achats).
Déjà 19 pays européens pratiquent les taux d’intérêt négatifs… tout comme le Japon.
Les Etats-Unis seront-ils les prochains sur la liste ?
3 commentaires
L’American way of life (« style de vie américain ») qui désigne un mode de vie fondé sur une société de consommation, symbole de prospérité capitaliste s’est créé entre 1920 et 1960 quand il y avait encore des ressources à dilapider de part le monde avec une masse d’esclaves à la clé. Toute l’économie keynésienne est basée sur ce paradigme. Mais l’expression « rêve américain » a été utilisée pour la première fois par James Truslow Adams dans son livre The Epic of America en 1931. Lauréat également du prix Pulitzer d’histoire en 1922 pour son ouvrage The Founding of New England. Deux livres à lire car chacun comprendra très vite que l’inflation n’arrivera pas dans un monde sans resources à dilapider – surtout quand la fausse monnaie n’est distribuée qu’entre banksters qui se complaisent dans ce système jusqu’à leur mort… – mais plus proche d’une belle récession (dite gentiment actuellement « Stagflation ») et que le vrai rêve du 3,5 – 4% de croissance en 2019 ressemblera plus à un vrai cauchemar. Les banquiers centraux devaient plancher le sujet en 1960, voire dès 1918 (fin du premier conflit mondial et stocks d’armements exorbitants) et pas maintenant. 🙂
Amora : voici un résonnement purement malthusien qui est détruit jour après jour par les découvertes scientifiques et archéologiques.
» Deux livres à lire car chacun comprendra très vite que l’inflation n’arrivera pas dans un monde sans resources à dilapider »
j’imagine que vous voulez dire « croissance », car de toute évidence si votre scénario Malthusien se confirme on aura bien une inflation à partir du prix des matières premières.
» surtout quand la fausse monnaie n’est distribuée qu’entre banksters qui se complaisent dans ce système jusqu’à leur mort… – mais plus proche d’une belle récession (dite gentiment actuellement « Stagflation ») »
voila qui contredit l’affirmation précédente puisque la stagflation ne définie justement comme une situation de forte inflation combinée à une dépression économique…
Sébastien Maurice, non je ne fais partie d’aucune école sinon celle de mes propres idées. Ni Malthusien ni antimalthusien comme Ester Boserup, adepte, comme vous(?) de l’agriculture 4.0. Je n’y crois simplement pas car je cultive depuis longtemps mon « jardin » et en Suisse nous sommes tous terriens avec souvent les pieds sur terre… Prenez une boîte de Pétri, cylindrique partiellement remplie d’un liquide nutritionnel (gélose ou bouillon) permettant le développement d’un micro-organisme à étudier. Elle est toujours transparente. Les germes se développent et finissent par faire des colonies de plus en plus larges et épaisses voire se font la compétition où les plus forts prennent le dessus sur les plus faibles Jusqu’au point où faute de nutriment car la boîte de Pétri est un monde fini(comme la Terre), quoi que vous fassiez, vous démener dans les plus ingénieuses théories économiques à grand renforts d’algorithmes à Haute Fréquence ou autres ingéniosités, ben toutes les colonies meurent. Pas de croissance, pas d’inflation ou superinflation, récession ou Stagflation, mais à la fin appelez ça comme vous voulez, mais vous êtes mort. L’agriculture 4.0 devrait faire réfléchir nos économistes, car les paysans l’ont déjà fait et le résultat est loin d’être probant. Bon appétit? 😉