** L’or est repassé au-dessus des 900 $. La correction du métal jaune est-elle terminée ? Il le semble bien… La fièvre de l’or va-t-elle bientôt prendre le dessus ?
* Nous nous interrompons pour diffuser un petit extrait d’une chanson des Rolling Stones :
* "Qui veut le journal d’hier ? / Qui veut la fille d’hier ? / Qui veut le journal d’hier ? / Personne au monde."
* Cet interlude musical est dû à une pensée qui nous est venue : les actions américaines sont les nouvelles d’hier. Peut-être que l’économie américaine aussi. Peut-être que les Etats-Unis eux-mêmes sont les nouvelles d’hier.
** Notre Transaction de la Décennie — achetez de l’or, vendez les actions — s’en tire plutôt bien… mais pas aussi bien qu’on l’attendait. L’or a quasiment quadruplé. Les actions US ont baissé… puis remonté. A présent, elles sont de retour là où elles étaient il y a 10 ans de cela, ou à peu près. En termes réels ajustés à l’inflation, cependant, elles ont baissé d’environ 30%.
* Bien entendu, la décennie n’est pas terminée, et nous nous attendons à tirer bien plus de notre transaction avant 2010. Et nous sommes déjà en quête de la Transaction de la Prochaine Décennie… mais avant cela, remettons-nous dans une perspective historique. Quel était le principal thème du XXème siècle ? Les Etats-Unis. Bien sûr… il y a eu des histoires plus effrayantes… des choses avec plus de souffrances et de rebondissements (la Première guerre mondiale a causé l’effondrement des grandes familles d’Europe — les Hohenzollern en Allemagne… les Habsbourg en Autriche-Hongrie… les Romanov en Russie… sans parler de l’empire ottoman, dans la Turquie actuelle. Puis l’Union soviétique perdit 25 millions de personnes durant la Grande guerre patriotique, connue en Occident sous le nom de Deuxième guerre mondiale… Et les Chinois ont vu des dizaines de millions de morts durant les purges et les famines sous Mao). Mais en matières d’histoires finissant bien, aucune n’était plus grande… et plus heureuse… que celle des Etats-Unis d’Amérique.
* A présent, Will Hutton écrit dans The Observer que les Etats-Unis resteront devant la Chine au XXIème siècle parce qu’ils ont plus de connaissances et de matière grise… plus d’universités… et qu’ils s’engagent pour les nouvelles technologies. Peut-être que M. Hutton a raison. Nous avions la même idée, quand nous avions 14 ans. Nous nous rappelons avoir pensé que les USA étaient imbattables… parce qu’ils avaient créé une méritocratie quasi-parfaite, dans laquelle les gens les plus intelligents (parmi lesquels nous nous comptions, avec un parfait manque de modestie — rappelez-vous, nous n’avions que 14 ans) finiraient forcément par occuper les places les plus hautes dans les entreprises et le gouvernement. Ils pouvaient aller dans les meilleures écoles et universités d’état, apprendre toutes les dernières idées et connaissances utiles, puis appliquer ce qu’ils avaient appris durant leurs carrières. Le système s’améliorait sans arrêt.
* Plus tard, nous avons réalisé que les gens les plus intelligents sont capable de faire les plus grandes erreurs, et d’être sujets aux plus grandes folies… et que même les meilleurs systèmes finissent inévitablement par s’embourber, ralentis par les parasites et corrompus par le temps. Comme le disait Aristote, nous sommes "une tribu s’avançant vers la mort". Toutes nos institutions vieillissent… se gangrènent… et meurent.
* Les universités font partie de ce cycle de vie… de la naissance à la décadence. Elles suivent l’argent et le pouvoir, non l’inverse. Les gens s’enrichissent, puis ils construisent les universités pour célébrer et éliminer leur richesse.
* Naturellement, tout cela coûte beaucoup d’argent. Lundi, USA Today nous a donné quelques chiffres. Rien que l’an dernier, estimait le journal, le déficit réel du gouvernement fédéral US a augmenté de 2 500 milliards de dollars. USA Today a fait ce que nous avons fait déjà de nombreuses fois : examiné les finances de l’Etat américain comme s’il s’agissait de celles d’une entreprise. Crayon bien taillé en main, le journal a découvert que le gouvernement a des obligations non financées nettes de 57,3 milliers de milliards de dollars — soit environ un demi-million de dollar par ménage américain. Ajoutez à cela les découverts budgétaires des états et des municipalités, et on obtient 61,7 milliers de milliards de dollars.
* La dernière fois que nous avons regardé, le ménage américain moyen possédait des actifs nets de 70 000 $ environ. Comment va-t-il faire pour verser plus de 500 000 $ afin de remplir les promesses du gouvernement ? Dans les faits, la famille typique est ruinée, avec des pertes bien plus conséquentes que ses actifs.
* Nous ne parlons de cela que pour expliquer comment il est possible qu’un si grand pays — avec tant d’excellentes universités — tombe dans le déclin.
* Et à présent, regardant dans l’avenir, Bloomberg déclare que "la croissance sous la moyenne est la Nouvelle Norme aux Etats-Unis".
* Naturellement.
* Lorsqu’on atteint une certaine maturité, avec tant de fardeaux sur le dos, on ralentit.
* Ici à Londres, Mervyn King, chef de la Bank of England, a remarqué la même chose. Les 10 années d’expansion continue et non-inflationniste sont derrière nous, dit-il.
* A présent, l’inflation est un fait de la vie. Les banques centrales doivent la combattre avec des taux plus élevés — ce qui ralentit la croissance.