Après le verrouillage de l’économie vient le déconfinement… puis la crise. Comment en protéger votre capital ? Voici quelques éléments de réflexion.
Le verrouillage de l’économie – pendant de longues semaines – a certainement été douloureux pour beaucoup. Même dans les meilleures circonstances, les niveaux d’anxiété ont augmenté, la patience s’est affaiblie et les tempéraments ont explosé pour des choses triviales.
Cela en valait-il la peine ?
La réponse est presque certainement non.
Le verrouillage a ralenti la propagation du virus et a sauvé des vies, c’est vrai. Pourtant, les gains ne peuvent être que temporaires alors que les coûts sont considérables.
L’histoire sera sévère avec les gouvernants :
– ils n’ont pas pris la menace au sérieux fin novembre puis à la mi-décembre, alors que toutes les informations étaient disponibles ;
– ils ont choisi de dissimuler et de donner la priorité à l’activité économique ;
– ils ont négligé de préparer les masques, les tests et toutes les ripostes au virus ;
– ensuite ils ont menti et paniqué déclarant un confinement imbécile et moyenâgeux ;
– puis ils ont arrosé l’économie de pognon sous toutes ses formes, sans précision et avec une inefficacité maximum.
Le coût du confinement
« Aplatir la courbe », qui a été le leitmotiv, ne signifie pas réduire le nombre total d’infections et de décès. Cela signifie simplement les étirer sur une plus longue période afin que le système hospitalier ne soit pas submergé.
Il y avait de bien meilleures solutions pour cela ; certains pays les ont mises en œuvre et les résultats ont été probants.
Le plus gros problème avec le confinement a été que tout le monde a compté les avantages mais que personne n’a calculé les coûts.
Beaucoup sont peut-être morts et pourraient encore mourir : suicides, surdoses de drogues, alcoolisme, violence domestique – et autres conditions médicales non traitées comme le cancer et les crises cardiaques parce que les patients ont eu peur d’aller à l’hôpital et d’y attraper le virus.
Le verrouillage finira peut-être par coûter plus de vies qu’il n’en a sauvées.
Des milliers de milliards d’euros ou de dollars de richesse et de production économique sont perdus.
Reprise en « V » et « pousses vertes »
On nous vend la salade d’une reprise en forme de « V » une fois que les verrouillages seront complètement levés. Personne n’en sait rien, c’est un vœu pieux pour inciter les gens à dépenser leur argent et à abandonner les comportements de prudence frileuse.
Vous entendrez beaucoup de choses : ce sont des manipulations. Ne croyez personne, personne ne veut votre bien – vous n’êtes pas une fin, vous êtes un moyen. De la chair à canon économique.
Les autorités ont perdu le respect des citoyens ; la vérité n’est plus une contrainte. Le pragmatisme et l’utilitarisme guident leurs actions, elles n’éclairent plus l’avenir !
Une ministre française a osé affirmer que l’économie était en grande forme avant l’épidémie du virus… alors que depuis plusieurs mois déjà – le dernier trimestre 2019 a été mauvais –, tout se dégradait, obligeant la BCE à reprendre son soutien monétaire !
Vous vous souvenez des « pousses vertes », les « green shoots » de 2009 et 2010 ? Elles ont pourri en quelques semaines ! Les économies n’ont jamais récupéré… et si les marchés boursiers ont atteint de nouveaux sommets, c’est tout simplement parce que les remèdes n’ayant pas fonctionné, il a fallu en rajouter une bonne couche.
Ce fut la reprise la plus faible de l’Histoire, une reprise anémique pour un coût monétaire et budgétaire colossal.
Les choses sont bien pires maintenant
Nous atteindrons le fond du marasme cet été. Une reprise va se dessiner : c’est simplement technique, un effet de rappel de l’élastique.
Le chômage diminuera, mais il devrait rester élevé car les trésoreries des entreprises sont mal en point et les rentabilités sont très obérées – pire encore que lors de la crise de 2008. Les faillites ne font que commencer, en particulier pour les TPE, PME et les exploitations individuelles.
Une longue cohorte d’entreprises de renom se préparent également à faire faillite… et si elles restent debout, elles mettront en place des plans d’économie draconiens, comme le fait déjà l’automobile.
Non seulement nous n’aurons pas de reprise en forme de « V », sauf illusion de courte durée, mais ce sera probablement une reprise en forme de « L ».
La reprise sera encore plus faible que la précédente, tandis que les dettes augmentent plus rapidement que la croissance. Nous aurons soit de la stagflation, soit de l’inflation – tout dépendra de la réaction des autorités face à une croissance anémique.
Mon pari est que l’inflation n’est pas pour demain, mais pour après-demain.
Aucun refuge ?
Il n’y a réellement aucun placement susceptible de constituer une protection, un refuge.
Réfléchissez : quand le monde s’appauvrit, comment pourrait-il y avoir enrichissement réel ? Tout enrichissement est une illusion monétaire ou de type Ponzi.
Je conseille peu de choses, étant donné qu’il n’y a plus de réserve de valeur. Ce qui défendra sa valeur, c’est le travail vivant. Le travail mort accumulé, le capital et ses contrevaleurs-fiduciaires seront amputés – ou pire, détruits.
L’or, l’argent-métal, le cash/espèces sous diverses formes, les emprunts d’état du type TIPS, c’est-à-dire protégés de l’inflation, sont à considérer sérieusement, ils sont sous-évalués.
Je suis également pour des achats immobiliers dans le creux qui va intervenir. Les prix vont chuter un peu car il va y avoir des gens obligés de vendre et des acheteurs qui ne pourront pas solvabiliser leur désir d’acquisition. Si vous saisissez le creux, il y a aura des opportunités en la matière.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]