Bill Bonner est arrivé aux Etats-Unis, mais son trajet le long de la côte est, de la Floride à Baltimore, lui prendra quelques jours. En attendant de le retrouver, retour sur la situation de l’Argentine… et ce qu’elle peut nous apprendre pour l’avenir.
Je passe régulièrement du temps dans des économies dysfonctionnelles.
En Argentine, si l’on veut acheter quelque chose, il faut savoir quelle monnaie le vendeur acceptera… et à quel taux.
« Vous voulez le taux blanc, le taux bleu ou le taux noir ? Ou bien vous voulez payer en dollars ? », vous demandera-t-on généralement.
Pour répondre en toute connaissance de cause, il vous faudra entrer dans une « caverne ». Oui, c’est ainsi qu’on appelle les « bureaux de change » officieux en Argentine.
A Salta, la ville la plus proche du ranch, les changeurs sont encore au coin de la grand’place… où ils demandent des dolares au touriste qui passe. Les principaux clients, cela dit, ne sont probablement pas les touristes de passage.
De temps en temps, une camionnette s’arrête. La vitre descend.
« C’est quoi le taux ? », demande le conducteur.
L’agent de change s’approche et fait sa meilleure offre. Si elle convient au conducteur, il sort une liasse de billets.
Les touristes veulent des pesos – à un taux correct, afin d’acheter des choses à Salta. Les autochtones, quant à eux, veulent des dollars – pour pouvoir se protéger contre l’inflation, qui atteint un taux qu’on estime aux environs des 50% par an (je dis « qu’on estime » parce que personne ne le sait vraiment… mais nous y reviendrons).
Qui sait combien de temps cela pourra encore durer ? Il paraît que l’Argentine est en train de se trouver à court de devises internationales.
Complications et illégalité
Parallèlement, l’économie « au noir » – non taxée, non régulée et souvent carrément malhonnête – devient une habitude difficile à perdre.
Dans une économie dysfonctionnelle, toutes les décisions sont compliquées. Les prix des machines d’importation – sans parler des biens du quotidien – tendent à être élevés. La législation protectionniste fait grimper les dépenses. Il faut soudoyer les autorités.
Chacun doit faire tout son possible pour faire baisser ses coûts – en utilisant des moyens légaux, illégaux et souvent entre les deux.
L’incertitude et l’ambiguïté accompagnent chaque transaction. L’incertitude est aggravée par le fait que l’acheteur aussi bien que le vendeur parient sur la valeur réelle actuelle de la devise dans laquelle ils font affaire… aussi bien que sur sa future valeur.
L’une des caractéristiques d’une telle économie, c’est la défiance. On ne sait jamais à quelle monnaie… ou à qui… se fier. On ne sait jamais exactement ce qu’il se passe. Et tout peut changer.
Que pouvons-nous apprendre de l’Argentine ? Peut-elle nous aider à nous préparer – nous et notre famille – à un système plus dysfonctionnel aux Etats-Unis et en Europe ? Peut-être.
Quelque chose doit céder
Depuis près d’un demi-siècle, aux Etats-Unis, la valeur des actifs, le niveau de vie et la croissance du PIB ne dépendent plus de la production réelle ou des revenus réels.
Au lieu de cela, le crédit s’est développé bien au-delà de la production nécessaire pour le soutenir. Depuis le début des années 1980 environ, la dette en est venue à dépasser le PIB sous-jacent – de plus de 35 000 Mds$.
Tôt ou tard, quelque chose doit céder ; la dette ne peut pas éternellement augmenter plus vite que la croissance économique.
Il y a une forte possibilité que lorsque les vannes sauteront, les finances américaines sembleront aussi dysfonctionnelles que celles de l’Argentine.
Alors que pouvons-nous apprendre de l’Argentine qui pourrait nous aider ?
C’est ce que nous verrons demain…