La Banque centrale européenne va annoncer aujourd’hui ses nouvelles mesures de politique monétaire : au programme, sans le moindre doute, une continuation et une aggravation des erreurs actuelles.
Christine Lagarde annoncera aujourd’hui les dernières décisions de politique monétaire de la Banque centrale européenne.
Le message de celle qui se prétend être une chouette – pas au sens de chouette, jolie mais au sens qui voit loin – délivrera un message de pure colombe. Elle ne craint plus les faux faucons allemands.
Son message se résumera à ceci : endettez-vous, ne vous inquiétez pas de la hausse des ratios d’endettement, l’argent va couler à flots, il sera gratuit pendant longtemps, très longtemps.
Allez-y ! Sforza !
Elle espère ainsi faire baisser un peu l’euro, mais peut-être ira-t-elle un peu plus loin avec une ou deux remarques traîtresses… car à la BCE, on ne craint plus d’être visé par les tweets incendiaires de Trump.
Lagarde et d’autres décideurs politiques de la BCE comme Isabel Schnabel, dont j’ai publié un entretien il y a quelques jours, ont signalé ces dernières semaines qu’ils allaient augmenter les largesses.
Les mesures devraient inclure un élargissement des principaux outils de lutte contre la crise de la BCE : achats de davantage d’obligations pendant une durée encore plus longue, financement des banques à des taux d’intérêt très négatifs pour qu’ils maintiennent ouverts les robinets du crédit.
L’augmentation de la dette est considérée comme indispensable, a expliqué Schnabel, en raison de la rechute des économies et des risques de troisième vague. Par ailleurs, la BCE prévoit que le marasme économique durera plus longtemps que la pandémie. Et puis la situation de l’Italie est très mauvaise, celle de l’Espagne ne vaut pas mieux.
On va imiter la Fed et la Banque du Japon
La BCE, selon toute vraisemblance, va contrôler la courbe des taux ; elle va augmenter la répression des épargnants et des caisses de retraite afin de financer à moindre coût les dettes des gouvernements. Faute de faire du fiscal, on fait du quasi-fiscal.
Les épargnants et leurs caisses financent le gouvernement gratuitement, ce qui évite de poser trop tôt la question de la hausse des impôts.
Comme la BCE est suiviste et n’a aucune idée originale, elle va très probablement s’orienter non plus vers un objectif d’inflation de près de 2%, mais vers une moyenne – ce qui, croit-elle, lui permettra de laisser le dispositif monétaire laxiste en place plus longtemps.
« Les conditions de financement resteront exceptionnellement favorables aussi longtemps que nécessaire », a-t-elle affirmé.
Le programme d’achat d’urgence en cas de pandémie (PEPP) de 1 350 Mds€ d’obligations prévu jusqu’en juin sera augmenté – et bien sûr, il sera prolongé sur une plus longue période.
Une bonne louche de 500 milliards de plus devrait faire l’affaire ! Avec un calendrier jusqu’en 2022, pourquoi pas ? Il reste encore 600 milliards d’euros à dépenser mais à la BCE on a peur de manquer. Pourquoi se priver, avec la monnaie ce sont les autres, tous les autres, qui paient.
Le contrôle des rendements et des spreads devrait suffire à maintenir l’appétit pour le risque/jeu, c’est-à-dire la tendance haussière des Bourses. Cela permettra de dissimuler la situation réelle du bilan des banques.
Les opérations de refinancement des banques à plus long terme (TLTRO) seront probablement prolongées. On parle d’un taux d’un taux hyper avantageux pour les banques qui augmenteraient les prêts aux petites entreprises.
La certitude d’un ralentissement au quatrième trimestre signifie que la BCE va abaisser ses perspectives de croissance pour l’an prochain. En revanche elle pourra jouer sur les perspectives à plus long terme, cela n’engage à rien.
L’incertitude prévaut sur la question de l’inflation. La BCE réduira-t-elle ses prévisions d’inflation ? Ce ne serait pas forcément opportun.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]