Rachat d’actions et d’obligations par la Banque centrale, taux négatifs, le Japon a déjà tout fait depuis 30 ans… et condamné les Japonais au travail à perpétuité.
« Le Japon invite les étrangers à combler sa pénurie de travailleurs », indique Le Figaro. En raison de son déclin démographique, le Japon a besoin de plus de 340 000 personnes (dont 37 000 agents d’entretien, 40 000 ouvriers du bâtiment, 53 000 employés dans la restauration et 60 000 infirmiers ou assistants de vie), détaille le quotidien.
En France, « les régions passent la vitesse supérieure pour la formation des chômeurs », indique de son côté Les Echos.
Les régions s’apprêtent à signer un pacte avec l’État français pour accélérer la formation des personnes les moins qualifiés, notamment à la langue japonaise ; un accord bilatéral sera mis en place pour expatriation volontaire des chômeurs français vers le Japon [NDLR : nous sommes le 1er avril et ce dernier paragraphe respecte la tradition].
Evidemment, cela ne marche pas comme ça dans la vie. Les régions peuvent toujours recevoir des milliards de l’État, ce n’est pas ce qui changera la malédiction française du chômage de longue durée.
Plus sérieusement, jeudi, je posais la question de savoir si le modèle japonais pouvait être adopté dans le monde entier : relances bidons, monstrueuse dette publique, banque centrale rachetant actions et obligations. Au Japon, ces politiques économiques et monétaires durent depuis presque 30 ans. Les Japonais sont donc des cobayes dignes d’observation.
Retour sur la bulle du Japon
Au début des années 1990, le Japon a été victime de l’éclatement d’une bulle spéculative.
L’indice Nikkei s’effondre. Les prix de l’immobilier dans les grandes villes perdent 70% en sept ans.
Environ 1 000 trillions de yens, soit 9 000 Mds$, ou encore deux ans de PNB japonais partent en fumée.
Les prix de l’immobilier ou de la Bourse retombent à leur niveau de 1984-1985. La « bulle » est effacée mais les zombies restent en vie. Les banques accumulent les mauvaises créances et feront faillite deux ans plus tard en 1999.
Le Japon reste cependant la quatrième puissance économique mondiale.
Sur ce graphique, vous voyez l’accélération de l’économie sous l’effet de la formation de la bulle puis la stagnation ou la « croissance molle ».
Sur ce graphique, vous constatez l’infléchissement du PIB par habitant après la crise.
De relance en relance, de grands travaux en bétonnages, en crédit gratuit ou même taux négatifs, la dette du Japon atteint 253% de son économie mais l’inflation y est faible, tout comme le chômage.
L’indice actions Nikkei vit sa vie et a même largement retrouvé son niveau d’après 2008, contrairement aux indices européens, grâce notamment aux achats massif de la Banque du Japon.
Voici ce qui fait tenir cette incroyable pyramide :
- La dette publique du Japon est achetée par les Japonais.
- Le Japon était jusqu’en 2013 un pays exportateur (depuis cinq ans, la balance commerciale est plutôt à l’équilibre).
- Le carry trade: l’argent émis à taux zéro par la Banque du Japon est emprunté au Japon presque gratuitement. Il est ensuite investi ailleurs dans le monde et remboursé avec profit à condition que les taux soient positifs ailleurs et que le yen ne monte pas face aux autres monnaies.
- Avec le vieillissement démographique, l’immobilier n’est plus au Japon l’épargne préférée des ménages et des entreprises.
Bref, les Japonais tiennent en raison de leurs profits à l’étranger et de leur démographie.
Le monde entier ne peut donc pas vivre selon le modèle japonais puisque ce modèle exige :
- de trouver des placements à l’étranger qui rapportent ;
- que la quasi-intégralité de la dette publique qui ne rapporte rien reste entre des mains japonaises.
En outre, les Japonais sont condamnés au travail à perpétuité pour pouvoir financer leur retraite puisque les placements japonais ne rapportent rien.