Les gouvernements ont découvert la quadrature du cercle : comment s’endetter éternellement… enfin, jusqu’à ce que le prochain choc vienne mettre fin à la belle vie.
La croissance des besoins du capital est inexorable, et elle va s’accélérant. Cette accélération du besoin de créer de la power money, comme nous l’avons vu hier, est ce qui garantit l’explosion des cours de l’or.
Les marchés ont besoin d’être certains que toujours ils seront sauvés ; cette certitude, les banques centrales ne cessent de la confirmer et de la consolider. Elles ne peuvent plus faire autrement.
Il faut qu’elles donnent la garantie que chaque fois que les marchés baisseront, elles créeront de la monnaie de base, elles livreront la power money qui est ainsi réclamée… car vendre du papier boursier, c’est réclamer de la power money.
Les énormes injections d’argent de crédit par la Réserve fédérale et les autres banques centrales pour renflouer les entreprises et les gouvernements suite à la crise du Covid-19 conduiront en temps voulu à un choc financier puissance 10.
La création de crédit ne fait que commencer
A la faveur de la crise, les gouvernements ont repris le contrôle de la planche à billets. Sans rien dire, sans discussion ou débat, en donnant aux banques commerciales des garanties, les gouvernements ont repris le pouvoir monétaire : ils ont trouvé la quadrature du cercle.
Il suffit de donner des garanties aux banques commerciales pour qu’elles accordent les crédits, puisqu’elles sont sûres d’être remboursées.
Le gouvernement qui fait cela réalise un tour de passe-passe : il n’augmente pas son endettement visible, étant donné que les garanties données sont hors bilan !
Personne ne peut prévoir la forme et les circonstances qui provoqueront le prochain choc. Ce n’est pas le moment de s’attarder là-dessus, il est trop tôt. Mais cela pourrait être un choc… inflationniste.
Il ne sera pas comme les chocs anciens, cela dit, car le risque est remonté au niveau de ce que j’appelle le centre, c’est-à-dire le couple banque centrale/gouvernement, ou Etat si on préfère.
Il y a cependant une différence : c’est désormais l’Etat qui achète directement ces « actifs plus ou moins sûrs », plutôt que le système bancaire ou le système bancaire parallèle comme avant.
La taille des achats par les banques centrales d’obligations de sociétés, de dérivés, d’hypothèques, de papiers d’Etat, d’ETF est si énorme que, lorsqu’il y aura une explosion substantielle des faillites, ou simplement une explosion de volatilité, le prêteur de dernier recours (la banque centrale) – devenu le premier acheteur de capital fictif – va enregistrer d’énormes pertes…
… Et ces pertes, qui va les absorber ? Comment ?
Fausse épargne et vrais fonds propres
Je soutiens que le monde est asphyxié par le poids de la fausse épargne et le manque de vrais fonds propres, l’insuffisance de vrai capital à risque.
Il est asphyxié par le poids du papier, le poids du vent qui constitue les contreparties d’engagements qui ne seront jamais honorés.
Ce capital fictif prend l’allure d’épargne, il la concurrence… mais ce n’est que du crédit accumulé. Je soutiens que c’est le poids de cette fausse épargne qui, cherchant sa rentabilité, produit la déflation.
Les zozos, selon moi, produisent la déflation contre laquelle ils prétendent lutter. Ils sont des charlatans et des menteurs. Ils vous envoient à l’abattoir.
– Ils vous disent que le système est solide et ils ne cessent de le sauver !
– Ils vous disent que le système est stable alors qu’il est l’incarnation même de l’instabilité… et ils trafiquent le VIX, la volatilité, pour faire croire à la stabilité et ainsi éviter la destruction du bilan des banques.
– Les ressources des banques sont précaires, on l’a vu en septembre 2019. Avant, les banques comptaient sur les dépôts des clients pour prêter et spéculer. Désormais, la principale source de financement n’est plus les dépôts, mais les accords de mise en pension ou repos, une forme d’emprunt qui doit être adossée à des garanties sous la forme d’actifs « sûrs » tels que des obligations d’Etat.
– Le système financier se disloque mais il va encore plus se disloquer à l’avenir avec la volonté de Trump de tout détruire pour rendre les Etats-Unis plus grands. Il détruit la poule aux œufs d’or : le système de recyclage des excédents des uns pour financer les déficits des autres.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]