▪ C’est le début de la gueule de bois. Pas la nôtre, cher lecteur. Il est trop tôt dans la semaine, et même si nous avons bu un verre de bon vin rouge hier soir, nous n’avons pas forcé la dose, de manière à être alerte et frais ce matin. Et que voyons-nous ?
Les marchés baissent un peu partout. Pour certains, ils ont effacé en trois jours ce qu’ils avaient mis trois mois à accumuler, comme le détaillait Philippe Béchade hier. Ouille.
Dans de tels moments, nous nous tournons vers Murray Dawes, rédacteur du service Slipstream Trader et analyste de talent. Voilà ce qu’il disait la semaine dernière, avant le retournement :
« L’état actuel du marché est tel que je n’en avais jamais vu. Quelques hommes puissants tirent littéralement les ficelles des marchés et les font grimper grâce à l’impression monétaire. Les mauvaises nouvelles deviennent de bonnes nouvelles et l’analyse normale est mise sens dessus-dessous ».
« Mais je surveille de près différents indicateurs de l’état des marchés, et ils montrent que des turbulences sont à prévoir ».
Murray n’est ni optimiste, ni pessimiste. C’est un réaliste boursier. Et dans des marchés où l’on est quasiment forcé de spéculer, il ne nuit pas d’avoir à ses côtés un trader expérimenté et qui sait garder son calme.
Le fait que les rendements obligataires espagnols à 10 ans sont de retour aux alentours des 6% est un autre élément négatif dans l’ensemble du tableau. Cela nous rappelle que les investisseurs ne sont pas convaincus que l’Europe ait résolu ses problèmes de dette.
Les investisseurs ont probablement raison.
▪ Sachez détecter les exceptions à la règle
Si vous ne voulez pas vous encombrer l’esprit, il suffit de vous rappeler que nous sommes dans une période qui durera plusieurs années, pendant laquelle les ménages du monde développé remboursent leurs dettes. C’est un changement psychologique et cyclique de la relation à la dette.
Moins les consommateurs dépensent (cela est également dû au fait que leurs revenus n’ont pas augmenté, en termes réels), plus les profits des entreprises doivent baisser. Et si les profits des entreprises sont dans une baisse cyclique, ou ne profitent pas de l’expansion à deux chiffres du crédit, il est difficile de voir comment les actions peuvent s’échanger à des PER élevés, vu que les revenus croissent moins rapidement ou déclinent.
Bien entendu, il y aura des exceptions à la règle. Vous pouvez investir dans des entreprises qui peuvent augmenter leurs revenus sans faire appel à l’effet de levier. Vous pouvez investir dans des entreprises qui font traditionnellement très bon usage des capitaux des actionnaires et récompensent les investisseurs (avec des dividendes élevés). Et si les sociétés financières perdent des parts de marchés, en termes de pourcentage total des profits des entreprises, elles devront être remplacées par un autre secteur, comme l’énergie.
En d’autres termes, vous n’êtes pas impuissant, en tant qu’investisseur. Il y a de bons choix à faire. La clé est de comprendre les changements en cours… de préférence avant tout le monde. C’est bien entendu ce que nous nous proposons de faire quotidiennement à La Chronique Agora… Pressentir les évolutions en analysant les tendances d’un point de vue historique… et en nous laissant libres de penser et de dire des choses qui pourraient embarrasser des personnes plus soucieuses de leur réputation que de leurs rendements.