Alors que Donald Trump s’apprête à prendre ses fonctions, l’économie américaine et les marchés financiers se trouvent à un carrefour dangereux.
En début de semaine, la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle de 2024 a été officiellement certifiée par les législateurs lors d’une session conjointe du Congrès. Kamala Harris a présidé la cérémonie en tant que présidente du Sénat et a dû faire face à une situation délicate, en certifiant officiellement la victoire de Trump et sa propre défaite.
Les démocrates ont dû faire abstraction de l’opinion de certains membres selon laquelle M. Trump n’était pas éligible à la présidence en raison de l’interdiction faite par la Constitution aux fonctionnaires ayant pris part à une insurrection.
La voix du peuple américain a donc résonné dans les oreilles des législateurs démocrates en raison de la victoire écrasante de M. Trump au sein du collège électoral, de sa victoire dans les sept Etats clés et du fait qu’il a remporté la majorité du vote populaire. Il est le premier républicain à le faire en vingt ans, et seulement le deuxième à le faire en trente-six ans. Cela donne à Trump l’occasion d’instaurer, ou du moins de tenter d’initier un véritable changement.
Toutefois, cette décision de ne pas remettre en cause sa légitimité ne signifie pas que tout va bien pour les Etats-Unis et les marchés financiers.
Wall Street a des défis à relever, comme le montre la fin incertaine de l’année 2024. Le traditionnel rallye de fin d’année ne s’est pas matérialisé, ce qui a surpris de nombreux investisseurs. Depuis le début du mois de décembre, les actions de toutes tailles et de tous secteurs ont connu des difficultés – à l’exception des actions de quelques sociétés de grande capitalisation qui ont dominé le marché.
Avec l’élection de 2024 dans le rétroviseur et l’entrée en fonction de Donald Trump le 20 janvier, un effondrement doit être considéré comme une menace possible pour le marché.
Voici les trois dangers qui pèsent sur les marchés en cette nouvelle année qui débute…
1. Un effondrement du marché
Les marchés ont atteint des sommets historiques ou s’en approchent, selon tous les indicateurs disponibles (ratios PER, ratio CAPE, ratio capitalisation boursière/PIB, risque de concentration, etc.). Cette situation s’accompagne d’une complaisance des investisseurs et d’une euphorie des analystes.
Lorsque de telles conditions ont été réunies dans le passé, elles ont toujours été suivies de krachs boursiers de 50% à 90% s’étalant sur plusieurs années. Cela a été le cas pour le Dow Jones (1929), le Nikkei (1989), le NASDAQ (2000) et le S&P 500 (2008).
Nous sommes aujourd’hui en position de subir un krach historique. La cause précise n’a pas d’importance ; il peut s’agir d’une guerre, d’une catastrophe naturelle, de l’effondrement d’une banque ou d’un fonds spéculatif, ou d’un autre événement inattendu.
Ce qui compte, c’est la super-fragilité du marché lorsque la gâchette est actionnée. C’est la raison pour laquelle Warren Buffett possède plus de 300 milliards de dollars en liquidités et que les banques centrales achètent de l’or.
Préparez-vous dès maintenant. Ne soyez pas le dernier à le faire.
2. La récession américaine est imminente
De nombreux signes indiquent que l’économie se dirige vers une récession (ou qu’elle est peut-être déjà entrée en récession) : hausse du chômage, baisse des taux d’intérêt, aplatissement des courbes de rendement, écarts de swap négatifs, pénurie de garanties sur les marchés des eurodollars, réduction des positions de réserve de la Chine (ce qui n’est pas le signe d’un dumping des bons du Trésor, mais d’une pénurie de dollars et de la nécessité de fournir des liquidités aux banques), baisse des prix du pétrole (malgré les réductions de la production), etc.
La récession naissante entraînera une baisse des marchés boursiers, car les bénéfices seront revus à la baisse, la confiance des consommateurs s’effondrera, les dépenses discrétionnaires des consommateurs se heurteront à un mur et l’épargne de précaution augmentera.
Le monde ne renflouera pas l’économie américaine car la Chine, le Japon, l’Allemagne et le Royaume-Uni ralentissent tous en même temps ou sont déjà en contraction. Cette situation est problématique pour les actions, indépendamment de tout risque de krach.
Quant à la baisse des taux, il faut bien comprendre que les taux bas ne sont pas des « stimulants ». Ils sont associés aux récessions et aux dépressions, et ne sont pas le signe d’une économie florissante. La Fed ne dirige pas le marché des taux. Elle suit le marché à la baisse. Bien sûr, une récession pourrait déclencher un krach boursier. Mais même si ce n’est pas le cas, les récessions sont généralement associées à des baisses de 30% des valorisations boursières sur une période d’un an ou moins.
3. Les guerres de change sont de retour, et des guerres commerciales s’annoncent
La guerre des monnaies est de retour, et une grande guerre commerciale s’annonce.
Le dollar étant aujourd’hui très fort, il est difficile pour les autres pays d’acheter des produits américains. Les droits de douane aggravent la pénurie mondiale de dollars, car les investisseurs étrangers cherchent des dollars pour franchir les barrières tarifaires et investir directement aux Etats-Unis. La force du dollar et les droits de douane américains à venir va pousser les partenaires commerciaux à prendre des mesures de rétorsion, et à ériger leurs propres barrières tarifaires.
Il en résultera une contraction mondiale des échanges qui pourrait ressembler à l’effondrement commercial des années 1930, lors de la Grande Dépression. Les actions américaines ont chuté de 85% entre octobre 1929 et juin 1932 au cours de cet épisode de guerres commerciales. Une telle situation pourrait se répéter.
N’oubliez pas que l’économie suit son propre chemin. Les cycles économiques n’ont pas été effacés. La transition entre Biden et Trump sera douloureuse sur le plan économique, car Trump hérite des gâchis de Joe Biden.
L’économie américaine, contrairement aux économistes, n’accorde pas beaucoup d’attention aux élections ou aux nouvelles administrations. Elle est trop importante et évolue selon son propre rythme complexe. Les investisseurs peuvent applaudir les politiques de Trump et sa réélection, mais la première année de Trump 2.0 sera très mouvementée.
Biden n’en a pas fini
Il ne faut pas non plus sous-estimer ce que l’administration Biden a initié en quittant la Maison-Blanche. Le fait est qu’ils peuvent encore faire beaucoup de dégâts avant le jour de l’investiture. Biden et son équipe tentent de saboter la présidence de Trump en signant des contrats.
Je m’explique…
Vous souvenez-vous de la fameuse loi sur la réduction de l’inflation ? Malgré son nom, cette loi a en fait augmenté l’inflation, en n’étant rien d’autre qu’une nouvelle arnaque verte déguisée. Environ 850 milliards de dollars ont été consacrés à des éoliennes, des modules solaires et des initiatives vertes. Une grande partie de l’argent est allée aux entrepreneurs et aux fabricants de véhicules électriques préférés des démocrates.
La loi a été adoptée en août 2022, mais devinez quoi ?
La majeure partie de l’argent n’a pas encore été dépensée.
Une course effrénée est donc en train d’avoir lieu pour signer un maximum de contrats. Car si on ne peut pas dépenser l’argent aussi rapidement, on peut signer un contrat d’une durée de vie de cinq ans ou de trois ans stipulant que l’on dépensera l’argent sur trois ans. L’idée est de signer le contrat maintenant afin que, même lorsque Trump deviendra président, l’argent n’ait pas encore été dépensé, mais il en sera affecté et contractuellement lié. Il ne pourra rien y faire.
Ces actions pourraient causer des ravages jusqu’à l’entrée en fonction de Trump et bien au-delà, en fonction de l’ampleur des dégâts qu’elles causeront. Le tableau ne sera pas beau à voir pour les marchés, avec tant d’entreprises touchées par ces mesures qui s’ajoutent à une récession.
Le point positif
Après son entrée en fonction, le programme de Donald Trump va encourager des milliards de dollars d’investissements dans l’énergie et les emplois manufacturiers aux Etats-Unis. Il fera du forage et du raffinage du pétrole national une priorité absolue, ce qui assurera l’indépendance énergétique du pays. Cela profitera également aux entreprises du secteur de l’énergie (et créera plus d’emplois).
Mais les marchés devront affronter de nombreux champs de mines au cours de la première année de transition.