Républicains et démocrates ont de grandes ambitions pour relancer l’économie américaine suite à la crise du coronavirus – et dans les deux camps, c’est du grand n’importe quoi.
Les républicains se plaignent tout particulièrement du coût exorbitant de la proposition de relance des démocrates, comme nous l’avons vu hier.
Mais où étaient-ils lorsque le Congrès US approuvait des plans de soutien et de relance de l’économie coûtant plusieurs milliers de milliers de dollars face aux répercussions de la pandémie ? Où étaient-ils au cours des dernières années lorsque le gouvernement fédéral accumulait les dettes ?
Chaque fois que le parti républicain commence à s’alarmer au sujet du coût des politiques publiques, il est difficile de les prendre au sérieux.
L’éléphant – le symbole du parti républicain – sait faire de beaux discours lorsqu’il est dans l’opposition… mais une fois qu’il détient les clefs du royaume, le conservatisme fiscal est jeté aux oubliettes et sa carcasse fossilisée n’est ressortie qu’aux moments où ça les arrange.
Bien sûr, je ne suis pas en train de dire que les démocrates font mieux. Ils profitent de l’état d’ivresse avancé dans lequel se trouve l’Oncle Sam pour dépenser sans compter face à la crise sanitaire.
La présidente démocrate de la Chambre des représentants US, Nancy Pelosi, a récemment annoncé à un groupe de journalistes que la priorité était de répondre aux besoins du pays face à cette situation d’urgence et que les mesures de mitigation viendraient dans un second temps. Pour l’instant, d’après Pelosi, il faut « maintenir certains de ces programmes et commencer à travailler sur les mesures de relance ».
Les démocrates préparent le terrain pour mettre en place leur Nouveau pacte écologique au cas où ils parviendraient à remporter les élections présidentielles et législatives au mois de novembre.
Dans l’intervalle, les deux camps devraient parvenir à un compromis qui fragilisera encore davantage la situation des comptes publics et permettra à la gauche de faire passer une grande partie de leur projet fou de Nouveau pacte écologique.
Le mythe de la détérioration des infrastructures
De nombreux experts se sont exprimés sur le besoin pressant d’un plan d’investissement dans les infrastructures, évoquant avec une certaine poésie l’état de délabrement des ponts et des routes. David Stockman, l’ancien directeur du budget sous le président Ronald Reagan, a récemment taclé ce mythe, qui voudrait faire croire que les conducteurs américains risquent de boire la tasse à tout moment en raison de ponts défectueux. Nous sommes de retour en 1982 et les républicains nous rejouent la même chanson.
Il faut l’admettre, il est bien connu que les foyers américains souffrent chaque jour d’empoisonnement en buvant l’eau du robinet et que les automobilistes disparaissent régulièrement sous la croûte terrestre.
La plupart des infrastructures nationales sont sous la responsabilité des Etats et des collectivités locales. Qu’il s’agisse du système de traitement des eaux usées ou des trottoirs, le rôle du gouvernement fédéral n’est pas d’intervenir dans les affaires de New York ou de l’Oklahoma.
C’est le rôle des responsables politiques locaux que de réfléchir aux mécanismes de financement nécessaires pour couvrir le coût d’une restructuration du système hospitalier ou d’une modernisation des réseaux d’approvisionnement en eau.
Comment va-t-on payer la facture ?
A présent, supposons que le gouvernement fédéral puisse se substituer aux Etats et prendre la facture à sa charge. Comment Washington compte-t-il payer cette facture ?
Les deux partis envisagent d’émettre des obligations, mais le département du Trésor US a déjà émis un niveau record de bons du Trésor et d’obligations à moyen terme : existera-t-il une demande suffisante si un volume encore plus important d’emprunts d’Etat est mis sur le marché ?
Le marché actuel est chaotique, donc tout est possible. De plus, en cas de doute, la Réserve fédérale peut toujours intervenir et recommencer à acheter des emprunts d’Etat à hauteur de n’importe quel montant.
L’appel des politiciens à une augmentation des dépenses d’infrastructure ou à la mise en place d’un Nouveau pacte écologique devrait vous donner envie d’aller vivre sous l’un de ces ponts menaçant de s’effondrer, ou dans un vieux van à côté d’une rivière polluée.
La convergence de ces deux idées représente une perspective effrayante, car la première consiste à dépenser de l’argent pour le principe d’en dépenser et la seconde consiste à vouloir planifier la société toute entière afin de la plier aux croyances enseignées dans le livre d’Al Gore.
Hormis une poignée de politiciens qui ont su garder leur indépendance d’esprit, la plupart des élites à Washington réussiront à se mettre d’accord sur une loi pour apaiser le marigot.
Le camp républicain a lu Sur la route de Madison un trop grand nombre de fois, pendant que le camp démocrate a beaucoup trop écouté les sermons de Greta Thunberg. S’il s’agit là des deux seules philosophies opposées qui dirigent le pays de la liberté, le poids des chaînes de la dette et de l’incompétence ne fera que s’alourdir : c’est tout ce que réussira à faire le Nouveau pacte écologique et ce plan de travaux d’infrastructure de 1 000 Mds$.
Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici.