Un film d’horreur avec la fin la plus prévisible qui soit…
« L’insouciance fiscale dont nous avons été témoins durant cette dernière décennie est comparable à un film d’horreur. »
~ Stanley Druckenmiller
Le plafond de la dette… le plafond de la dette… le plafond de la dette…
Le film d’horreur se poursuit avec la question du relèvement du plafond de la dette, qui se pose pour la 81è fois de l’histoire. On passe d’un film à un autre, puis un autre, puis encore un autre…
Et cette fois, c’est la pauvre Janet Yellen qui joue le rôle principal. CNBC :
« Un défaut de paiement de notre dette serait tellement dévastateur pour l’économie américaine et mondiale que tout le monde devrait considérer ce scénario comme impensable », a-t-elle déclaré à la presse. « Les Etats-Unis ne devraient jamais faire défaut. »
Impensable ? Il ne nous est pourtant pas difficile d’y penser. Et devinez quoi ? Cela pourrait être selon nous un pas dans la bonne direction. De toute évidence, nous sommes une minorité… voire même les seuls à penser cela.
Reuters :
« Le FMI déclare qu’un défaut de paiement des Etats-Unis aurait des ‘répercussions très graves’ sur l’économie mondiale. »
CNBC :
« Il est ‘vital’ que les Etats-Unis trouvent un accord sur le plafond de la dette, selon le président de l’Eurogroupe. »
Benzinga :
« Xi Jinping pourrait ‘exploiter’ la crise du plafond de la dette américaine, prévient le Pentagone : ‘La Chine nous décrit comme une puissance en déclin’. »
Et CNN :
« Si les Etats-Unis ne parviennent pas à rembourser leur dette, la confiance dans la capacité du gouvernement fédéral à payer toutes ses factures à temps s’en trouvera ébranlée, ce qui affectera la cote de crédit du gouvernement et déclenchera des turbulences massives sur les marchés financiers. »
Le bien et le mal
Il n’y a que deux options qui se présentent. La première serait d’emprunter la voie de la raison et du bien : on relèverait le plafond de la dette pour la 81è fois… et le film catastrophe – autrement dit, les dépenses du gouvernement américain – se poursuivrait sans interruption.
Ou bien… ouuuh ! Quelques rabat-joie de l’aile droite du parti républicain… des suprémacistes blancs et des néo-nazis pour la plupart… empêcheraient l’augmentation du plafond. Alors, les portes de l’enfer s’ouvriraient en grand… comme la bouche du diable lui-même, engloutissant l’ensemble de l’économie mondiale.
Mais même les républicains qui prétendent aujourd’hui vouloir bloquer le relèvement du plafond de la dette ne le font que pour obtenir des « concessions ». Personne ne veut d’un défaut de paiement.
Sauf nous.
Comme le disait notre vieil ami Sid Taylor :
« Lorsque vos dépenses dépassent vos revenus, vous maintenir mène à votre perte. »
Mais il y a deux extrémités à cette balançoire à bascule. Les dépenses d’un côté. Les revenus, de l’autre. Tous les commentateurs se concentrent sur la nécessité d’ajouter plus de poids du côté des « revenus ». Sans présenter la moindre preuve, ils affirment que le gouvernement américain n’a pas assez de revenus… et qu’il doit emprunter davantage.
Pas un seul présentateur de journal télévisé ou relayeur d’information – du moins parmi ceux que nous avons vus – n’a regardé l’autre côté de la balançoire… du côté des dépenses. Pourquoi ne pas plutôt alléger celui-ci ?
Lorsqu’une famille ou une entreprise arrive au bout de sa ligne de crédit, elle peut bien sûr appeler sa banque : « Je suis allé au distributeur. Mais ma carte ne fonctionnait pas. J’ai appelé le service clients. Ils m’ont dit que j’avais déjà dépassé ma ligne de crédit. Pourriez-vous me donner quelques dollars de plus ? J’ai des factures à payer. »
La chute d’un empire
Si vous présentez une bonne maîtrise du risque de crédit… la banque pourrait répondre « bien sûr… pas de problème ».
Mais si vous lui avez déjà demandé 80 fois auparavant, qu’en serait-il ? Et si vous n’aviez aucun moyen plausible de rembourser votre dette ? Et si vous aviez déjà dépassé votre véritable plafond d’endettement – le montant que vous pouviez rembourser confortablement et de manière fiable…. – et que vous ne faisiez que creuser un trou encore plus profond ? Et si les taux d’intérêt étaient en train d’augmenter – comme c’est le cas – et qu’il vous serait bientôt impossible de faire face aux paiements des intérêts ?
Et si vous aviez menti à la banque sur votre capacité à respecter vos engagements ?
Stanley Druckenmiller :
« C’est ce qui m’agace le plus, c’est que personne n’en parle… Savez-vous que les 32 000 Mds$ [de la dette publique] supposent que le gouvernement fédéral n’effectuera plus jamais de paiement au titre de la sécurité sociale ou de l’assurance-maladie ? [Ces énormes obligations ne sont pas incluses dans le « passif » de la dette nationale]. Seule la comptabilité publique peut penser que le gouvernement n’effectuera plus jamais de paiement, pas un seul. Ni à moi… ni à vous lorsque vous serez plus âgés.
Si l’on tenait réellement compte de ces (grands) programmes gouvernementaux […], des estimations crédibles évaluent la valeur de cette dette [le passif fédéral total] à 200 000 Mds$. »
Et si, lorsque vous demandiez un prêt à la banque, vous oubliiez de mentionner vos dépenses liées à votre pension alimentaire, votre prêt hypothécaire ou votre assurance maladie ? Que dirait la banque ?
« Eh bien, nous étions en train de fermer votre compte. Vos anciens prêts seront transmis au service de recouvrement. Nous avons envoyé quelqu’un pour saisir votre voiture. Et votre carte de crédit a été désactivée. »
Que feriez-vous ? Vous pourriez essayer de trouver un autre banquier… et peut-être de l’amadouer autour d’un déjeuner en sirotant quelques martinis. Mais l’époque de ce type de déjeuner est révolue…
Que vous le vouliez ou non, vous devrez réduire vos dépenses.
Des imbéciles et des reliques
Ce n’est pas quelque chose d’inédit… mais le gouvernement fédéral reçoit beaucoup d’argent. Il emprunte parce qu’il le souhaite, et non parce qu’il en a besoin. Cette année, les recettes fiscales seront à peu près équivalentes aux dépenses totales du gouvernement en 2019. Qu’est-ce qui nous manque ? L’année 2019 a-t-elle été si horrible ? Nous ne nous souvenons d’aucune catastrophe qui aurait pu marquer cette année-là. Serait-ce si terrible, si les autorités fédérales ne pouvaient pas gaspiller plus en 2023 qu’elles ne l’ont fait en 2019 ?
Et supposons que les autorités fédérales fassent défaut. Il leur serait alors plus difficile d’emprunter. En effet, elles auraient un vrai plafond de dette, et non un faux. Elles seraient contraintes de dépenser l’argent qu’elles ont… et pas plus.
Nous avons suivi le discours de Mme Yellen lors de la réunion du G7. Nous avons eu l’impression de voir quelqu’un qui n’est plus vraiment au sommet de sa forme, et qui ne dit pas grand-chose. Elle a par exemple expliqué qu’« il n’y a pas de bonne alternative [à emprunter plus d’argent] qui nous sauvera de la catastrophe. »
C’était un triste spectacle. Nous supposons qu’à une époque, elle donnait l’impression de savoir de quoi elle parlait. Il est peut-être temps pour elle d’arrêter de parler. Mme Yellen a perçu quelque 7 M$ pour des discours de bla-bla, prononcés à Wall Street entre la fin de son mandat de présidente de la Fed et son poste au Trésor.
Les fonctionnaires du gouvernement américain sont presque tous des reliques. Ces vieux briscards – Yellen a 76 ans – auraient dû prendre leur retraite depuis longtemps. Leur temps est révolu. Leur époque est révolue. Leurs astuces ne fonctionnent plus.
Dépenser, emprunter, imprimer… et relever le plafond de la dette ! On ne pouvait s’en tirer qu’aussi longtemps que l’inflation restait stable. Mais maintenant que l’IPC augmente de 5% c’est une toute autre affaire.
Et Mme Yellen mérite certainement mieux. Elle devrait s’inspirer de la performance gracieuse de Lou Gehrig en 1939. Gehrig souffrait alors de la SLA, connue aujourd’hui sous le nom de « maladie de Lou Gehrig ». Alors qu’il allait bientôt mourir de cette maladie, il a déclaré aux fans rassemblés dans le Yankee Stadium qu’il était « l’homme le plus chanceux de la planète » et s’est retiré de la scène publique.
L’âge, la décrépitude et l’inaptitude de la pauvre Mme Yellen sont toujours visibles. Il est peut-être temps pour elle… ainsi que pour Joe Biden, Donald Trump, le plafond de la dette, les dépenses de « relance », les déficits de 1 000 Mds$ et la longue liste de reliques supplémentaires… de prendre le même chemin que les déjeuners arrosés aux martinis.
1 commentaire
Je lis les analyses de Bill Bonner avec beaucoup d’intérêt, de gratitude, d’amusement – et avec un soulagement vraiment bienfaisant provoqué par sa rare et délectable liberté de parole.
je tiens à le remercier vivement aussi pour la justesse de ton avec laquelle, lorsqu’il se trouve confronté aux idioties littéralement abyssales de certains « experts » en tous genres, il convoque les deux seules attitudes fondamentalement pertinentes et salvatrices : l’humour et l’ironie.
Merci d’aider vos lecteurs à conserver le sourire, y compris dans ces très pénibles circonstances.
Always merry & bright !