Si les marchés et l’industrie financière baignent dans un océan de liquidités, il n’en est pas toujours de même du monde agricole.
Les actions américaines ont terminé la semaine dernière sur une note négative, après la publication des pires chiffres de l’emploi depuis 2017.
Larry Kudlow — directeur du Conseil économique américain du président Trump — s’est hâté de déclarer que ce chiffre n’était qu’un petit couac et que l’économie se portait mieux que jamais.
Il se peut que Kudlow ait raison ; les statistiques mensuelles ne sont jamais qu’un bruit de fond. Mais après quelques mois, on finit tout de même par discerner une mélodie. Les statistiques individuelles n’ont aucun sens mais lorsqu’on les combine comme les notes d’une chanson se révèle souvent une mélodie reconnaissable.
Et ce qui nous parvient aux oreilles, c’est un air familier. L’emploi, les revenus réels et le taux de croissance du PIB sont tous en mauvaise santé… typiques des dernières phases d’une reprise… ni meilleurs ni pires que ceux de M. Obama… et ils continuent de décliner.
Point culminant de la reprise
En attendant, le point culminant de la reprise Obama/Trump doit approcher. L’orchestre entier scie, souffle et tambourine à qui mieux-mieux. Le joueur de cymbales est debout, prêt à donner le coup final.
Les estimations du T1 2019, par exemple, sont très faibles ; la Fed d’Atlanta prévoit un taux de croissance de moins de 0,5%.
A nouveau, les résultats d’un seul trimestre ne signifient pas grand’chose. Nous attendrons d’entendre les accords majeurs. Nous sommes d’avis que les chiffres de croissance du PIB du trimestre précédent seront probablement revus à la baisse eux aussi… et que le final baissier, mourant, sera alors manifeste.
Aucune reprise économique n’a jamais dépassé 119 mois. Celle-ci en est déjà au 116ème mois. L’auditoire commence à s’agiter. Il est temps d’en finir.
(Ceux qui nous subissent de longue date savent que notre timing n’est pas parfait ; nous avons tendance à être un peu hâtif).
Les arnaqueurs du budget
Parallèlement, Donald Trump a sorti sa proposition de budget lundi. Comme prévu, la part dévolue à l’armée a été largement augmentée — tellement d’argent que même les arnaqueurs du Pentagone ne savent plus quoi en faire. Le New York Times :
« Le président a envoyé lundi au Congrès une requête budgétaire record de 4 750 Mds$, proposant une augmentation des dépenses militaires et des réductions significatives pour des programmes comme l’éducation et la protection de l’environnement sur l’année fiscale 2020.
Le budget de M. Trump, le plus gros de l’histoire fédérale, comprend une augmentation de près de 5% des dépenses militaires — plus que ce que le Pentagone avait demandé — et 8,6 Mds$ supplémentaires pour la construction d’un mur à la frontière avec le Mexique ».
Qu’en pensez-vous, cher lecteur ? Quelle est la plus grande menace pour les Etats-Unis ?
Les terroristes ? La Russie ? La Chine ?… Ou leur propre manque de retenue en matière de finances ?
Pendant que vous y réfléchissez… quelques nouvelles de notre voyage à Pampa Grande…
Du bœuf engraissé au sable
Nous nous sommes rendu dans un ranch voisin la semaine dernière, pour voir de quelle manière il était géré. Il se trouve à environ 75km au nord-ouest à vol d’oiseau. Mais les oiseaux ont de la chance.
Pour s’y rendre en voiture, cela prend six heures : il faut d’abord descendre notre vallée, ensuite une autre, en remonter une autre encore, puis franchir une chaîne de montagnes pré-andines pour finalement arriver à une « oasis » dans ce qui est, sinon, une étendue sauvage et désolée. C’est un monde différent… une vaste vallée isolée avec des milliers d’acres de riches terres agricoles et pâturages.
« Les bêtes sont vraiment grasses », avons-nous dit à un Anglais qui séjournait sur place.
Lui-même était éleveur, avec des terres dans l’Exmoor.
« Vous trouvez ? Elles n’ont rien sur les os. On n’en obtiendrait pas grand’chose en Angleterre ».
Nous regardions des vaches issues d’un croisement entre des Brown Swiss et des Hereford. Elles nous semblaient en bonne santé, principalement parce que notre seul point de référence sont les vaches étiques de notre propre ranch, qui ont peu à manger et doivent marcher des kilomètres pour trouver leur subsistance.
« Nous produisons du bœuf nourri au sable », avons-nous expliqué. « Les bêtes broutent l’herbe tellement ras qu’elles avalent beaucoup de sable. Cela leur use les dents. Mais la viande est très maigre. Peu de matières grasses. Cholestérol réduit. Sans gluten ».
« Hé hé hé… Vous les vendez pour leur viande ? Ou en tant qu’animaux de compagnie ? »
Pampa Grande est un endroit magnifique. Un monde à part, avec son propre climat, sa propre économie… et une grandeur difficile à égaler.
Pampa Grande, le ranch voisin
Sur la piste à Pampa Grande
L’endroit abritait autrefois les Indiens Guachipas, qui construisaient leurs maisons en pierre taillée, un peu comme les Incas. Lorsque les Guachipas ont été conquis par les Espagnols, les pierres ont été recyclées en bâtiments agricoles et d’habitation.
La principale différence entre Pampa Grande et notre propriété, c’est l’eau. Ils en ont, nous non. Les nuages semblent rester bloqués dans la vallée, où ils lâchent leur humidité.
Les nuages bas à Pampa Grande
« Par ici », a expliqué un gaucho local, « l’eau, c’est de l’or ».